Claudio Morandini : Le Chien, la neige, un pied
17/07/2017
Né en 1960 à Aoste en Italie, Claudio Morandini, écrivain et enseignant en lettres modernes, est auteur de pièces de théâtre et radiophoniques, de contes et de romans. Sixième roman de l’écrivain mais premier traduit en français, Le Chien, la neige, un pied vient de paraître.
Adelmo Farandola vit en ermite dans un chalet isolé planqué dans la montagne. Il ne se lave plus depuis longtemps, fuit le monde, n’a de contacts avec personne, si ce n’est quand il descend à l’épicerie du village faire quelques courses de temps en temps. Un jour un chien errant s’accroche à ses basques et s’invite chez lui contre son gré, bientôt l’animal et l’homme vont avoir des conversations ; il faut dire qu’Adelmo perd un peu les pédales, c’est « le grand désordre de sa tête » qui lui cause des hallucinations. Retranchés dans le chalet enfoui dans la neige, l’homme et le chien attendent la fin de l’hiver et quand débute le dégel, émerge d’une avalanche le pied d’un homme…
Roman rural et éthéré, un poil mystérieux puisqu’on ne sait jamais très bien s’il faut prendre au pied de la lettre ce que l’on lit, ou bien si ce ne sont que les délires d’un pauvre homme retranché dans sa solitude. Petit à petit l’écrivain nous permet de reconstituer une partie du puzzle qu’est la vie passée d’Adelmo. Puis arrive ce pied, à qui appartient-il ? Me croyant malin j’avais élaboré une hypothèse qui s’avèrera fausse – et c’est tant mieux car le roman eut été niais.
Un texte court, joliment écrit et assez intrigant pour ne pas le lâcher avant la fin. Seule critique – mais qui peut se discuter – le dernier chapitre, où l’écrivain explique l’origine de l’idée donnant naissance à ce roman, elle ramène le récit achevé au réel, ce qui lui ôte toute sa part d’onirisme. J’ai trouvé cela bien dommage… Un atterrissage forcé pour le monde flottant dans lequel l’auteur nous avait joliment embarqués.
« A sa manière, c’est un chien sage, ou peut-être est-il seulement vieux, et son attitude désabusée n’est-elle due qu’à ses forces qui l’abandonnent. Des fois, pour le récompenser de cette résignation, Adelmo Farandola le laisse entrer dans la maison, où le chien renifle tout, avidement. L’homme ne sent plus rien depuis un moment. Depuis qu’il a arrêté de se laver il est anesthésié à ses propres odeurs, et les pets qu’il lance la nuit sous les couvertures ne sont que de chaudes caresses, qu’il cultive avec une alimentation adéquate. »
Claudio Morandini Le Chien, la neige, un pied Anacharsis – 141 pages –
Traduit de l’italien par Laura Brignon
Les commentaires sont fermés.