Jean-Louis Fournier : Poète et paysan
28/10/2017
Jean-Louis Fournier est un écrivain, humoriste et réalisateur de télévision né en 1938. Il a été le complice de Pierre Desproges en réalisant les épisodes de La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède ainsi que les captations de ses spectacles au Théâtre Grévin (1984) et au Théâtre Fontaine (1986). Auteur de nombreux ouvrages et romans, Poète et paysan date de 2010.
Début des années 60. Le narrateur, étudiant en cinéma à Paris, tombe amoureux d'une jeune fille étudiante en psychologie. Tellement amoureux qu’il en abandonne ses études et part s'installer en pleine campagne, dans le Nord de la France, pour reprendre la ferme du futur beau-père.
Je ne sais pas dans quelle proportion ce roman est autobiographique mais il est quasi certain que l’écrivain l’a puisé dans sa propre expérience. Si le narrateur n’est jamais nommé, le lecteur l’appellera Jean-Louis. Comme souvent chez l’auteur, à la lecture de ses romans, le lecteur est partagé entre le sentiment de se trouver devant un bouquin particulièrement léger – dans tous les sens du terme – et en même temps, beaucoup plus profond qu’il ne le laisse paraître.
Des phrases courtes, de minuscules chapitres, des raccourcis, Jean-Louis Fournier ne s’étale pas et ne cherche pas à en faire des tonnes. Il y aurait matière pour un autre écrivain car notre héros va en voir de toutes les couleurs. Lui qui ne sait rien de la campagne va devoir trainer ses godasses dans la gadoue, torcher le cul des vaches et ramasser les betteraves ; pour un qui se voyait réalisateur de film… Pendant qu’il trime comme un malheureux sous l’œil sceptique du beau-père, la promise étudie à Paris et ne revient que le week-end retrouver son prince charmant tout crotté. Ambiance. Séparation, réconciliation, mariage, divorce. La vie continuera.
Jean-Louis Fournier est très fort pour nous pondre de petits romans comme celui-ci, apaisants et souriants, délicats et drôles (« Les intellectuels barbus partent dans le Larzac élever des chèvres et faire des fromages immangeables. Les chèvres en meurent de honte. »), charmants, aériens. Comme si de rien n’était, il croque le portrait d’un doux rêveur un peu trop romantique et nous ramène dans la France des sixties, celle où la télé était en Noir et Blanc avec Catherine Langeais dans le poste.
« Vingt ans plus tard, est-ce que le cultivateur a encore de l’émotion devant le grand mystère de la nature ? Elle a de moins en moins de mystère pour lui, la nature. Et puis, il faut dire qu’elle lui fait pas mal de vacheries. Avec ses caprices et ses orages, elle lui en fait voir de toutes les couleurs. Des bleues, des vertes et des pas mûres. Est-il toujours ému quand il regarde la tige du haricot monter, le cultivateur ? Il est peut-être plus ému quand il voit monter le cours du haricot ? »
2 commentaires
J'aime tous ses livres et celui-là aussi!
Des livres qui se lisent très facilement par un écrivain qui s’adresse à tous les publics !
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