Magda Szabo : Abigaël
05/01/2018
Magda Szabo (1917-2007) est une écrivaine, auteure de livres pour enfants et poétesse hongroise. Née dans une famille cultivée de la grande bourgeoisie protestante, elle finit ses études de hongrois et de latin à l'université de Debrecen en 1940 et commence à enseigner dans sa ville natale. A partir de 1945, elle est employée par le ministère de la Religion et de l'Education jusqu'à son licenciement en 1949. En 1947, elle se marie avec l'écrivain Tibor Szobotka (1913-1982). Elle écrit ses premiers recueils de poèmes et ses premiers livres paraissent peu après la Seconde Guerre mondiale. Puis s'ensuit, pour des raisons politiques, dans la dernière période du stalinisme, un long silence littéraire, rompu seulement vers la fin des années 1950, où elle connaît alors un grand succès. Abigaël (1970) a été réédité en 2017 à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de son auteure.
En Hongrie durant la Seconde Guerre Mondiale. Gina, quatorze ans, orpheline de mère et fille d’un général très aimant est subitement envoyée en pension, dans le plus grand secret et sans aucune explication. L’institut Matula, loin de Budapest, proche de la frontière, est une école religieuse réputée pour son enseignement mais régie par des règles très strictes. A peine arrivée, Gina trahit sa classe par orgueil et se voit mettre en quarantaine par ses camarades. Dotée d’un caractère rebelle et n’acceptant pas sa situation de recluse, elle tente de s’évader mais échoue piteusement. Qui pourrait l’aider, si ce n’est peut-être, Abigaël : une statue dans le jardin qui selon une croyance répandue chez les élèves, porterait secours aux âmes en peine… ?
Voilà un bien gentil roman qui devrait satisfaire tous les publics – du moins pas trop exigeants. Certainement écrit pour les adolescents, comme son héroïne, le livre est plein de bons sentiments et de leçons de vie, où les mots honneur, solidarité et amitié se taillent la part belle. Je vais peut-être vous faire ricaner (pourtant ce n’est pas cela qui va me faire reculer) mais tout en lisant ce roman, je ne pouvais m’interdire de penser à Harry Potter. Et ce n’est pas une moquerie, car je tiens la série de J.K. Rowling en très haute estime : Nous avons là un internat-forteresse, un jeune personnage principal qui doit se battre contre un ennemi intérieur puis, et plus grave encore, contre le Mal qui à l’extérieur cherchera à s’emparer d’elle, une aide mystérieuse lui arrivant par messages écrits venus d’on ne sait où, et ce titre de chapitre « Le résistant d’Arkod » ne sonne-t-il pas très pottérien ?
Gentil roman donc, mais habilement construit. Si l’intrigue est simple (J’ai vite démasqué Abigaël), Magda Szabo distille lentement les repères temporels ou les faits graves se déroulant à l’extérieur, à savoir la guerre, le sort de la Hongrie face à l’Allemagne, la résistance qui s’organise… Une histoire d’ado pour les ados mais inscrite dans un contexte historique dur sans être trop prégnant. Comme de plus ça se lit avec beaucoup de facilité, j’ai même fait semblant de ne pas voir que c’était un peu long quand même !
« Abigaël, toi qui fait des miracles, toi qui vient toujours à notre secours, qui dénoues nos misérables petits soucis, comment n’ai-je pas tout de suite découvert ton secret ? Pourquoi, en méprisant la crédulité des autres, en les traitant de stupides gamines, ai-je pensé qu’à ta figure de pierre se rattachait un conte, une légende, un jeu insensé de plus, comme il y en a tant à l’institution Matula ? Pourquoi n’ai-je pas compris que dans cette sombre jungle de lois, de règles et d’interdits, quelqu’un, non une figure de pierre, mais un être véritable se dissimule derrière ta statue Empire et vient en aide à qui en a vraiment besoin ? »
Magda Szabo Abigaël Viviane Hamy – 418 pages –
Traduit du hongrois par Chantal Philippe
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