Mikhaïl Tarkovski : Le Temps gelé
28/03/2018
Mikhaïl Tarkovski est né en 1958 à Moscou. Il est le petit-fils du poète Arseni Tarkovski et le neveu du célèbre cinéaste Andreï Tarkovski. Après des études de géographie et de biologie, il part en expédition avec des zoologues dans la région de Krasnoïarsk, où il décide de s’installer définitivement. En 1986, il suit les cours par correspondance de la faculté de littérature Gorki. Il commence par écrire de la poésie, puis des récits en prose et se consacre aujourd’hui à la littérature.
Le Temps gelé, qui vient de paraître, est un recueil de récits se déroulant en Sibérie dans le village de Bakhta, situé au bord de la Bakhta, un affluent de l’Ienisseï, le plus grand fleuve russe. C’est ici, dans la région de Krasnoïarsk, que l’écrivain s’est installé depuis une trentaine d’années. Il y connait donc bien la région et ses occupants.
En huit petits textes, Mikhaïl Tarkovski nous plonge dans cet univers clos mais fait de grands espaces où la rudesse du climat (l’hiver les températures font des chutes abyssales sous le zéro) est contrebalancée par la chaleur et l’humanité de ses habitants. Des personnages sympathiques comme tiota Nadia la mémé qui zézaie ou Nicolaï qui ne peut plus chasser et « sentait de tout son cœur usé qu’il perdait quelque chose d’essentiel, de vital. » Ici, être chasseur c’est être trappeur en quête de peaux d’écureuils ou de zibelines revendues au comptoir.
Les animaux, la chasse et la pêche, la neige et la glace, et ce fleuve, commun à tous, colonne vertébrale et repère puissant, symbole de liberté. Une liberté chèrement acquise car peu de femmes supportent cette solitude et cet éloignement de la civilisation. Tant pis, on boira un bon coup avec les copains et la vie reprendra son cours, car « Tout le monde il boit, tout le monde il est content. C’est pas le bonheur, ça ? » Mikhaïl Tarkovski est attaché à sa cabane, « j’aime ma cabane, et tout ce que j’y ai vécu, tout ce que j’y ai pensé », ainsi qu’à la taïga, « ce monde que l’on peut encore ordonner de ses propres mains. »
Les récits sont complétés en fin d’ouvrage par une postface (biographique et hommage à sa grand-mère), un glossaire des termes locaux et de cartes.
Pour conclure on peut dire que c’est surtout bien écrit et que le lecteur passe un moment agréable et rafraichissant (sic !)… mais sans plus.
« Par la porte entrebâillée Vaska voyait son partenaire assis devant le feu, son visage rouge aux joues tombantes, son chien Sery, qui était allongé à côté de lui, auquel Nikolaï disait quelque chose en grattant à travers sa fourrure le petit pli qu’il avait sur le front. Vaska savait que Nikolaï ne lui en voulait pas le moins du monde de sa jeunesse, et qu’il n’y avait pas de mots pour dire le flot de confiance et d’affection qui circulait de l’un à l’autre par l’entremise du chien qui somnolait. »
Mikhaïl Tarkovski Le Temps gelé Verdier – 143 pages –
Traduit du russe par Catherine Perrel
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