Erri De Luca : Le Plus et le moins
21/05/2018
Erri De Luca, né Henry De Luca en 1950 à Naples, est un écrivain, poète et traducteur italien. Venu à la littérature « par accident » et un premier roman à la fin des années 80, son œuvre aujourd’hui quantitativement importante est faite de romans, essais, nouvelles, poésie, théâtre. Il a obtenu en 2002 le prix Femina étranger pour son livre Montedidio et le Prix européen de littérature en 2013 ainsi que le Prix Ulysse pour l'ensemble de son œuvre. Le Plus et le moins qui vient d’être réédité en poche, date de 2016. Il s’agit d’un recueil de 37 textes autobiographiques.
Que dire de ce court ouvrage fait de petits textes sans rapport les uns avec les autres, si ce n’est qu’ils correspondent au parcours de l’écrivain ? Un bouquin comme des antipasti dans lesquels on piochera avec gourmandise, sans obligatoirement suivre l’ordre de leur présentation, des chapitres qu’on relira avec plaisir, d’autres qu’on oubliera…
Les sujets abordés sont nombreux, les uns graves et les autres plus légers, de l’enfance à l’âge d’homme. Pêle-mêle, il y a Naples dont le nom seul évoque l’Italie et les Italiens mais c’est aussi la ville meurtrie par la Seconde guerre mondiale ; l’enfance de l’écrivain dont les meilleurs souvenirs sont liés à la nourriture « A table, devant le ragu accompagné de grosses pâtes, j’étais assis bien sagement, mais intérieurement j’étais à genoux devant mon assiette » ou bien « L’ail n’encourageait pas les baisers, mais ce n’était pas lui qui m’avait privé de noces. »
Erri De Luca c’est aussi une conscience politique forte, elle transparaît de ses années de travail de maçon sur les chantiers, dans son pays comme en France où il prend sa carte à la CGT, la fraternité entre travailleurs d’origines diverses ou quand il évoque la mort de journalistes assassinés « au cours d’un automne de ces maudites années quatre-vingt ».
Mais ce sont aussi des pages sur la littérature et les écrivains comme Giacomo Leopardi mort à Naples en 1837. On s’étonne aussi de ses lectures de la Bible, lui qui se dit non croyant sans pour autant être athée. Je pourrais citer des dizaines d’autres points tous aussi divers les uns que les autres.
C’est fort bien écrit, les chapitres extrêmement courts, bref sans être mémorable voici une lecture bien agréable quand même.
« S’ils avaient été des armes accrochées au mur, je serais devenu un chasseur, mais c’étaient des livres, empilés jusqu’au plafond. Ils étaient autour de moi et tout contre moi. J’ai été un enfant, puis un jeune garçon à l’intérieur d’une chambre en papier. Mon père les achetait par kilos, ils étaient son ailleurs, la distance entre lui et les tomates et les fruits au sirop, produits de son travail. Il rentrait le soir, se mettait dans un fauteuil, étendu sous un livre. Ainsi, il se trouvait en plein air. Ce geste quotidien, notre silence à nous ses enfants pour le laisser à la meilleure partie de son temps, les fenêtres fermées même en été, pour ne rien écouter d’autre que les pages : ce geste-là m’a mis sur la route. »
Erri De Luca Le Plus et le moins Folio – 189 pages –
Traduit de l’italien par Danièle Valin
4 commentaires
Je note ce titre. Cela m'intéresse. Merci et bonne journée.
Bonne lecture et n’hésitez pas à revenir pour donner votre avis sur ce livre …
j'aime beaucoup cet auteur !!
Comme c’est le premier bouquin de cet écrivain que je lis et qu’il s’agit d’un récit autobiographique, un genre particulier, je ne peux pas vraiment juger. Mais a priori, je n’ai rien contre, donc je renouvellerai l’expérience plus tard avec un roman…
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