Stéphane Héaume : La Nuit de Fort-Haggar
08/06/2018
Stéphane Héaume, né à Paris en 1971, est un romancier français. Il écrit également des textes pour des compositeurs de musique classique. Après plusieurs années passées en Afrique et à New York, il vit aujourd'hui entre Paris et Trouville-sur-Mer. Troisième de ses huit romans, La Nuit de Fort-Haggar date de 2009.
Julia Schlick, photographe de presse et en mal d’enfant, part à la recherche de son compagnon Clifton Cliff, un reporter engagé, disparu dans des circonstances mystérieuses. Des indices laissent croire qu'il aurait épousé la cause d'une étrange tribu de femmes guerrières, sortes d'amazones africaines de l'Aïr, réfugiées en plein désert saharien dans le fortin de Fort-Haggar.
Agréablement surpris par ma récente découverte de cet écrivain (voir mon billet sur son premier roman, Le Clos Lothar) je me suis hâté d’en lire un second pour confirmer ou non cette impression.
Le roman commence plutôt bien, tout en mystères et ramifications diverses avec une part d’onirisme : Clifton volatilisé depuis trois ans, Julia elle-même enlevée par un vieil avocat se proposant de l’aider à retrouver son amant grâce à un réseau secret nommé le Cercle Iago ; un trafic d’enfants mené par une certaine Zeynab-Reine et sa troupe d’Amazones ; des personnages liés les uns aux autres par des liens multiples et possibilité d’usurpation d’identité… Le tout dans un décor propice à alimenter les imaginations, le désert du Sahara. Comme je partais avec un a priori favorable pour l’auteur, je fis comme si de rien, devant cette avalanche de trucs et de machins dans un si court roman.
Si l’amour est aveugle, il y a des limites. Après que les décors aient été plantés et que Julia, dans une caravane militaire subventionnée par l’avocat se soit lancée dans une expédition vers Fort-Haggar, patatras, tout n’a fait qu’aller de mal en pis : le début sympa est devenu enlisement catastrophique dans le sable saharien.
Même l’écriture s’est mise à renâcler devant tant d’âneries. Sentimentalité nunuche (Julia et un colonel de la troupe), passages grandiloquents et apothéose ridicule dans la mort mélodramatiquement outrée du fameux colonel…. Au secours !
J’arrête là mon billet et me voilà mal avec cet écrivain, un roman que j’ai beaucoup aimé et un second que je déteste royalement. Un troisième set s’impose pour dégager une vérité. A suivre ?
« Un grand froissement monta de la place : les amazones amorçaient leur départ. Les survivantes – une cinquantaine – s’étaient regroupées devant l’ancienne mosquée. Elles se comptèrent, firent exécuter un demi-tour à leur bête dont les yeux jaunes brillaient encore de tout leur feu, puis elles s’éloignèrent dans les ruelles, sans hâte, exténuées, dans un monstrueux silence qui recouvrait tout, avant de disparaître dans le grand désert luisant d’où Julia espéra qu’elles ne surgiraient plus, ni dans cette vie, ni dans ses cauchemars. »
Les commentaires sont fermés.