Cormac McCarthy : De si jolis chevaux
11/06/2018
Cormac McCarthy est un écrivain américain né en 1933 à Providence (Rhode Island). Après ses études, il rejoint en 1953 l'armée de l'air américaine pour quatre ans, dont deux passés en Alaska, où il anime une émission de radio. En 1957, il reprend ses études à l'université, se marie avec la première de ses deux femmes en 1961 et a un fils. Il quitte l'université sans aller jusqu'au diplôme, et s'installe avec sa famille à Chicago, où il écrit son premier roman. Aujourd’hui Cormac McCarthy vit au nord de Santa Fe (Nouveau-Mexique) dans une relative discrétion et accorde très rarement des interviews.
Auteur d’une dizaine de romans dont La Route (2006), De si jolis chevaux (1992) est le premier volet d'une trilogie informelle nommée La Trilogie de la frontière, avec Le Grand Passage (1994) et Des villes dans la plaine (1998).
En 1949 au Texas. Le ranch familial étant mis en vente, John Grady et son copain Lacey Rawlins, deux jeunes cow-boys dans l’âme, partent pour le Mexique pour démarrer une nouvelle vie. Bien vite ils sont rejoins, contre leur volonté, par un gamin plus jeune encore, Jimmy Blevins, qui monte un trop beau cheval pour lui et possède un révolver. Guigne ou malchance, leur mystérieux compagnon va leur attirer des ennuis quand il voudra récupérer son cheval perdu par une nuit d’orage, tuant un homme et déclenchant une poursuite impitoyable entre Mexicains et Américains…
Ce n’est qu’un petit bout de l’intrigue globale, car beaucoup plus conséquente en vérité, ne serait-ce que par la liaison amoureuse, autant que risquée, vécue par John Grady et Alejandra, la fille d’un riche propriétaire Mexicain qui a engagé les deux hommes dans son estancia. Une jeune femme fortunée de son rang ne pouvant fréquenter un bouseux, les convenances sociales et les traditions locales vont s’unir pour nuire à leur bonheur.
John Grady, le héros, est un jeune homme plein de ressources, indépendant mais pourtant pris dans le tourbillon de la vie : d’un côté il y a le monde qui change (« La dernière chose que dit son père c’est que le pays ne serait plus jamais le même »), de l’autre il y a ses sentiments (pour Alejandra), son honnêteté totale et son honneur qu’il devra confronter aux forces malfaisantes se dressant sur sa route (la famille d’Alejandra, la police mexicaine corrompue le considérant comme complice de Blevins). Au terme de son odyssée, John Grady ne pourra pas tout sauver mais il s’en sortira.
Les pages superbes se succèdent, autant sur les chevaux que sur la nature mais aussi sur la psychologie des acteurs et les liens sans espoir entre les tourtereaux.
Les habitués du romancier retrouveront ici son style très personnel : une écriture puissante, riche d’images saisissantes, faite de dialogues sans tirets donnant un texte tout d’un bloc, très dense de détails pointus, ne lésinant pas sur les ellipses. Une écriture magnifique donc, sur un rythme presque lent mais qui emporte tout inexorablement, l’intérêt du lecteur comme le destin de son héros.
Un excellent roman au titre d’une ironie tragique.
« Ils sortirent du fleuve à cheval entre les saules en prenant par les bas-fonds et ils continuèrent toujours en file vers l’amont et ils arrivèrent sur une longue plage de gravier où ils enlevèrent leurs chapeaux et se retournèrent et regardèrent derrière eux le pays qu’ils quittaient. Aucun ne parlait. Puis ils lancèrent brusquement leurs chevaux au galop le long de la plage et voltèrent et revinrent, s’éventant avec leurs chapeaux et riant aux éclats et tirant sur les rênes et flattant l’épaule des chevaux. Bon Dieu, dit Rawlins. Tu sais où on est maintenant ? »
Cormac McCarthy De si jolis chevaux Actes Sud – 366 pages –
Traduit de l’américain par François Hirsch et Patricia Schaeffer
4 commentaires
Je n'ai lu que La route que j'avais beaucoup aimé, il faudrait que je découvre d'autres romans de cet auteur.
Ne ratez pas cet écrivain ! A mon avis « La route » n’est pas le plus représentatif de ses romans…
Je n'ai lu que la route, restant un peu sur le bord (de la route);les cowboys, ça peut aller mieux comme thème, mais je crains l'écriture. Bref, faut essayer, quoi
Comme je viens de le dire à Krol, à mon avis « La route » n’est pas le plus représentatif de ses romans… Retentez votre chance, je ne peux pas croire que cet écrivain vous déçoive.
Les commentaires sont fermés.