Tom Robbins : Tarte aux pêches tibétaine
10/07/2018
Thomas Eugene Robbins, né en 1932 en Caroline du Nord, est un écrivain américain. Tom Robbins a étudié le journalisme en 1954 à l'Université de Lexington en Virginie, mais n'a pas obtenu de diplôme. Engagé dans l'armée de l'air, il a servi pendant la guerre de Corée durant cinq ans et à son retour à la vie civile, il étudie l'art au Richmond Professional Institute de Richmond, Virginie. Après avoir obtenu son diplôme, il déménage sur la côte ouest, où il devient journaliste pour le Seattle Times. Il habite depuis de nombreuses années dans l'Etat de Washington.
Tarte aux pêches tibétaine qui vient de paraître, est une autobiographie romancée de l’écrivain, se présentant sous la forme de très nombreux chapitres ou récits plus ou moins disparates. Première impression, même s’il est évident qu’on lit du Tom Robbins, nous sommes loin de l’extravagance verbale chère à l’auteur et qui rebute ses détracteurs, mais on y retrouve ses aphorismes (« La médiocrité est la règle plutôt que l’exception chez les artistes en activité »), ses jolies formules (« Juin s’amusait à fouetter Manhattan avec une limande morte ; l’air était lourd, chargé de chaleur, d’humidité, d’hydrocarbures et d’effluves quasi pestilentiels de détritus en train de pourrir. » ) ou ses comparaisons douteuses (« Le monde serait différent si Mme Curie avait découvert une nouvelle façon de faire la fondue au fromage au lieu d’une recette pour la radioactivité ».
Pour résumer son parcours : Il est le petit-fils de prédicateurs baptistes et très jeune il s’est amouraché du cirque pour toujours ; plus tard il s’engagera dans l’Armée de l’Air lors de la guerre en Corée et se retrouvera météorologiste. Il commence à tâter de la plume pour des journaux universitaires puis en tant que critique d’art pour un canard de Seattle avant d’écrire son premier roman, Une bien étrange attraction en 1971.
On y lira aussi son amour pour les tomates, son antiracisme, sa découverte de la vie bohème et du jazz à son retour de Corée, ses expériences (mesurées et calculées) avec les drogues, sa passion pour les voyages (Asie, Afrique) et ce qu’on peut y manger mais aussi les philosophies orientales et le Japon. Bien qu’il ne s’y attarde pas sciemment, nous croiserons avec lui quelques célébrités comme Tom Wolfe, Allen Ginsberg (« le seul homme qui ait jamais réussi à m’embrasser sur la bouche »), Timothy Leary, Neil Young à qui il vole la vedette ou Al Pacino (où il se met minable)… De même il reste relativement discret sur les nombreuses femmes de sa vie.
Comme à chaque fois, je me suis particulièrement intéressé aux passages, dispersés tout du long de l’ouvrage, sur ce que l’auteur dit de son écriture ou de la genèse de ses romans. Par exemple, il n’a jamais écrit une seule ligne sous l’emprise de quelque substance, ni drogues, ni café, ni cigarettes ! Il écrit, aujourd’hui encore, tous ses livres à la main sur un bloc-notes jaune avec un stylo à bille. Il accorde une place prépondérante au rythme de ses phrases et sa motivation principale est « suscitée par une imagination débordante et l’amour des mots, plutôt que par un banal désir de devenir riche ou célèbre. »
Un bouquin maigre en exagérations et si on y trouve des digressions, elles sont courtes ; pour ses lecteurs habituels, c’est un peu comme un de ses romans après une cure d’amaigrissement (7 jours gratuits !). Alors qu’en retenir ? Tom Robbins est moins excentrique que prévu, d’où cette réflexion – connue mais qu’il faut répéter – les romans en tant qu’œuvres de fiction ne sont pas obligatoirement le reflet de leur auteur.
A 86 ans, Tom Robbins semble encore bien jeune dans sa tête, ce qui explique qu’il puisse toujours réaliser son souhait d’écrivain : « mélanger, entremêler – voire même fusionner – dans mes romans le tragique et le comique, le laid et le beau, le romantisme et le réalisme cru, la fantaisie et la réalité… »
« Par exemple, peu après la publication de mon troisième roman, je reçu une lettre d’une jeune femme, une inconnue, qui disait, entre autres choses : « Vos livres me font rire, ils me font réfléchir, ils m’émoustillent, et ils me font prendre conscience de toutes les sources d’émerveillement que renferme le monde. » Je n’ai jamais oublié ce témoignage parce que cette personne a mis en plein dans le mille : même si ce n’est pas présent à mon esprit pendant l’acte d’écriture, ce sont là précisément les réactions que je souhaite provoquer par l’intermédiaire de mes livres. »
Tom Robbins Tarte aux pêches tibétaine Le récit véridique d’une vie de fantaisie et d’imagination Gallmeister – 472 pages –
Traduit de l’américain par François Happe
« Précisément, il y avait le jazz, depuis longtemps la bande sonore de tout ce qui constitue la bohème en Amérique, à l’exception des années 1962-1980, où le rock and roll régna en maître. ‘Round Midnight, de Thelonius Monk est l’hymne national de la bohème moderne. » [p.185]
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