Rudyard Kipling : Le « Rickshaw » fantôme
12/04/2019
Rudyard Kipling (1865-1936) est un écrivain britannique, né à Bombay et décédé à Londres. Auteur de livres pour la jeunesse dont le succès ne s’est jamais démenti, on lui doit Le Livre de la jungle (1894), Le Second Livre de la jungle (1895), mais aussi Kim (1901) ou L'Homme qui voulait être Roi (1888) et des poèmes. En 1907, il est le premier auteur de langue anglaise à recevoir le prix Nobel de littérature, et le plus jeune à l'avoir reçu (42 ans). Par la suite, il refusera d'être anobli. Kipling fut au sommet de sa gloire dans la première décennie du XXe siècle.
Le « Rickshaw » fantôme est l’une des quatorze nouvelles de jeunesse de l’écrivain composant le recueil Wee Willie Winkie et autres récits, paru en 1888.
Aux Indes en 1885. Jack Pansay vient de mourir de surmenage selon son médecin, « Le surmenage a déclenché et entretenu sa maladie, et il a tué le pauvre diable. » Ce n’est pas l’avis du narrateur qui l’a veillé et à qui Pansay avait remis un manuscrit dans lequel il avait consigné son incroyable histoire, « voici sa version des faits, datée de 1885, exactement telle qu’il l’a rédigée. »
Une entame bien dans le style de l’époque pour ces romans ou nouvelles mêlant l’exotisme à l’étrange ou au surnaturel. Et le jeune écrivain en herbe de développer son récit. Pansay était l’amant d’Agnès Wessington mariée à un officier britannique mais lassé de cette aventure, il l’a sèchement arrêtée, remplaçant la dame par la jeune Kitty Mannering avec laquelle il va même se fiancer, ce qui déclenche le décès de l’abandonnée. Le couple se promettait un bel avenir mais c’était sans compter sur le pouvoir des morts sur les vivants. Désormais, chaque jour quand il sort, Pansay croise l’attelage d’Agnès Wessington avec ses quatre serviteurs, tous morts et invisibles pour chacun sauf pour lui, et la dame de s’adresser tendrement à son amant dans ces termes rituels « Je suis sûre que ce n’est qu’un malentendu… un horrible malentendu. Un jour, Jack, nous serons tout aussi bons amis qu’avant. » Un truc à vous rendre dingue à en mourir, non ?
Un petit conte fantastique baignant dans l’ambiance mystérieuse et parfumée d’encens qu’on associe facilement à l’Inde, typique du style de Kipling à l’époque où il faisait ses classes d’écrivain en devenir.
« Dans ma chambre, je m’assis et j’essayai d’examiner calmement l’affaire. Voilà que moi, Theobald Jack Pansay, fonctionnaire instruit de l’administration du Bengale en l’an de grâce 1885, vraisemblablement sain d’esprit, assurément sain de corps, j’avais été amené à fausser compagnie à ma bien-aimée sous l’effet de la terreur, à cause de l’apparition d’une femme morte et enterrée depuis huit mois. C’étaient là des faits sur lesquels je ne pouvais fermer les yeux. (…) Il faisait grand jour. La rue était pleine de passants ; et pourtant voilà que, notez-le bien, au défi de toutes les lois de la probabilité, au mépris flagrant de toutes les ordonnances de la nature, m’était apparu un visage sorti de la tombe. »
Rudyard Kipling Le « Rickshaw » fantôme La Pléiade Œuvres Tome 1 – 25 pages –
Texte traduit par Sylvère Monod
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