Pierre Lemaitre : Sacrifices
03/05/2019
Pierre Lemaitre, né en 1951 à Paris, est un écrivain et scénariste français. Psychologue de formation et autodidacte en littérature, il effectue une grande partie de sa carrière dans la formation professionnelle des adultes, leur enseignant la communication, la culture générale ou animant des cycles d'enseignement de la littérature à destination de bibliothécaires. A partir de 2006 il se consacre à l'écriture en tant que romancier et scénariste, et obtient la consécration en 2013 quand il reçoit le prix Goncourt pour Au revoir là-haut (suivi d’un César en 2018 pour son adaptation au cinéma).
L’écrivain est aussi auteur de polars/thrillers avec sa tétralogie « Verhoeven », incluant : Travail soigné, Alex (en 2011), Rosy & John et ce Sacrifices qui date de 2012.
Anne Forestier, récente nouvelle compagne du commandant Camille Verhoeven, méchamment tabassée et presque morte est l’unique témoin du braquage d’une bijouterie des Champs-Elysées. Fou de douleur et de rage Verhoeven mène l’enquête en dehors de toutes les procédures, cachant à ses collègues et supérieurs ses liens avec Anne… laquelle va réserver des surprises à son petit bonhomme et au lecteur !
Pour vous remettre en mémoire, ou vous l’apprendre, Camille Verhoeven, c’est ce flic qui ne mesure qu’un mètre quarante cinq ! Mais comme le talent ne doit rien à la taille, le gars mène ses enquêtes avec brio. Le roman faisant partie d’une série, on y retrouve ses collègues comme le brave Louis ou des rappels à son passé, sa chère Irène morte tragiquement il y a quatre ans.
Ce polar est très correct et fréquentable mais, personnellement, je l’ai trouvé moins bien qu’Alex. Rien n’y est mauvais, le scénario est intrigant, du moins pendant un certain temps celui où le personnage d’Anne devient mystérieux ; tous les ingrédients du genre sont présents et ça se lit vraiment très bien. Mais une fois la dernière page tournée, comme beaucoup de polars il faut aussi le reconnaitre, on passe à autre chose et basta !
Par contre et à son actif, c’est bien écrit malgré les contraintes de ce genre littéraire. Par exemple, le plus notable, le choix de l’écrivain, de décrire ce que font Camille et Anne, alors que le troisième personnage - mais néanmoins central – du braqueur qui s’échine en vain à vouloir tuer Anne, lui s’exprime à la première personne, et j’avoue que l’effet angoissant est réussi. Un thriller qui joue sur l’angoisse comme prévu mais ne s’interdit pas l’humour, soit par des tournures de phrases peu banales, soit par une logique de raisonnement pas ordinaire, ce qui nous donne par exemple : « je lui plante le couteau de chasse dans ce qui reste de la cheville, la lame traverse tout, et à l’autre bout se fiche dans le plancher. A tous les coups, un trou dans le plancher, ça lui sera retiré de la caution quand il rendra l’appartement… »
PS : Si vous décidez de lire ce bouquin, ne vous agacez pas comme moi des incohérences apparentes du début (ce tueur qui rate sans arrêt sa cible), elles seront expliquées logiquement plus tard…
« Camille étreint le bord de la table, il a immédiatement envie de pleurer parce que Anne est face à l’objectif de la caméra, tourné à peu près dans sa direction, comme pour lui parler, pour lui demander du secours, c’est tout de suite ce qu’il imagine et c’est très nocif, ce genre d’attitude. Imaginez un de vos proches, parmi ceux qui comptent sur votre protection, imaginez-le en train de souffrir, en train de mourir, vous allez ressentir des sueurs froides, mais élargissez la perspective et imaginez-le en train de vous appeler à l’instant où sa terreur est insurmontable, vous allez avoir envie de mourir. (…) C’est insupportable, proprement insupportable. »
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