Aki Shimazaki : Hamaguri
12/07/2019
Aki Shimazaki est une écrivaine québécoise, née en 1954 à Gifu au Japon. Immigrée au Canada en 1981 elle vit à Montréal depuis 1991. Elle a d'abord travaillé au Japon pendant cinq ans comme enseignante d'une école maternelle et a également donné des leçons de grammaire anglaise dans une école du soir. A partir de 1991, elle s'installe à Montréal où, en plus de son activité littéraire, elle enseigne le japonais. Ce n'est qu'en 1995, à l'âge de 40 ans, qu'elle commence à apprendre le français tant par elle-même que dans une école de langue.
Une quinzaine de romans à son actif à ce jour, Hamaguri paru en 2000, est le second volet (sur cinq) du cycle Au cœur du Yamato, mais peut se lire indépendamment.
Yukio, le narrateur, a quatre ans quand débute le roman. Il vit avec sa mère célibataire. Il n’a qu’un ami, en fait une amie, ELLE (nous n’en saurons pas plus) et les deux petits enfants promettent de s’épouser plus tard quand ils seront grands. Serment concrétisé par un billet à leurs deux noms placé dans une palourde (Hamaguri). Ils seront séparés par la vie et l’Histoire, la guerre et le bombardement de Nagasaki en 1945. Bien, bien plus tard, après de nombreuses épreuves, à la retraite, Yukio marié et père de grands enfants vivant leur vie, loge sa vieille mère qui aux derniers instants de sa vie va lui révéler un terrible secret concernant son amour de jeunesse inoublié…
Voilà typiquement le genre de roman dont on ne peut dire grand-chose d’autre que magnifique !
Une centaine de page pour raconter une vie entière, Aki Shimazaki marie le lent et le rapide. La lenteur, par le rythme et l’écriture mais aussi la vitesse, puisque la chronologie fait défiler cinquante années en si peu de pages. Tout le livre joue sur les sentiments, amours enfantines, adolescentes mais aussi sur la quête d’identité, père biologique inconnu et demi-sœur dont Yukio cherchera toute sa vie à en savoir plus. Les déceptions sociales, dans le Japon d’alors on n’épouse pas qui l’on aime, la notion de rang social doit être respecté, vos parents vous le font savoir.
La littérature est un fleuve dans lequel, parfois, on recueille de la poussière d’or.
« Je me demande : « Où est ma petite sœur ? Où est mon vrai père ? Sont-ils encore vivants ? » Ces questions me reviennent, sans cesse. Je ne me rappelle plus leur visage. Je ne sais toujours pas leur nom. Ma mère est la seule personne qui puisse répondre à mes questions. Pourtant, elle garde le silence même maintenant que mon père adoptif est mort depuis treize ans. (…) Mon regard se perd dans le miroir. Ma conscience s’éloigne. »
Les commentaires sont fermés.