Marcel Proust : Sur la lecture
12/08/2019
Marcel Proust (1871-1922), écrivain français auteur de traductions, d’essais et de récits, il domine l’histoire du roman français au XXe siècle avec A la recherche du temps perdu. Le présent ouvrage, Sur la lecture, a paru en préface à la traduction par Proust du livre de John Ruskin « Sésame et les lys » en 1906.
Grosso modo, le texte est en deux parties. Dans la première, Proust se souvient de ses moments de lecture quand il était enfant, l’agacement quand il fallait interrompre ce plaisir le temps du repas ou à l’heure du coucher. De même que cette tristesse quand un roman s’achève et qu’on abandonne ses acteurs, « Ces êtres à qui on avait donné plus de son attention et de sa tendresse qu’aux gens de la vie… » Pour l’écrivain, les lectures de l’enfance n’ont pas de prix et leur « souvenir doit rester pour chacun de nous une bénédiction. » On retrouve ici ce qui fera plus tard La Recherche du temps perdu, ce style proustien fait de phrases alambiquées mais ciselées à la perfection, l’introspection de l’auteur, bref cet art délicieux qui comble les admirateurs du maître.
Dans la seconde partie, il expose son désaccord avec les théories de Ruskin, « J’ai essayé de montrer (…) que la lecture ne saurait être ainsi assimilée à une conversation, fût-ce avec le plus sa des hommes ; (…) Si Ruskin avait tiré les conséquences d’autres vérités qu’il a énoncées quelques pages plus loin, il est probable qu’il aurait rencontré une conclusion analogue à la mienne. Mais évidemment il n’a pas cherché à aller au cœur même de l’idée de lecture. (…) La lecture est au bord du seuil de la vie spirituelle ; elle peut nous y introduire : elle ne la constitue pas. » Chacun se fera son opinion…
Un livre que tous les amoureux de Proust liront quant aux autres…. Ils feront comme bon leur plaira.
« J’ai essayé de montrer dans les notes dont j’ai accompagné ce volume que la lecture ne saurait être ainsi assimilée à une conversation, fût-ce avec le plus sage des hommes ; que ce qui diffère essentiellement entre un livre et un ami, ce n’est pas leur plus ou moins grande sagesse, mais la manière dont on communique avec eux, la lecture, au rebours de la conversation, consistant pour chacun de nous à recevoir communication d’une autre pensée, mais tout en restant seul, c’est-à-dire en continuant à jouir de la puissance intellectuelle qu’on a dans la solitude et que la conversation dissipe immédiatement, en continuant à pouvoir être inspiré, à rester en plein travail fécond de l’esprit sur lui-même. »
Marcel Proust Sur la lecture Librio – 70 pages -
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