Keith McCafferty : La Vénus de Botticelli Creek
13/07/2020
Né en 1953, Keith McCafferty a grandi dans les Appalaches mais c’est la pêche à la truite qui l’emmena dans le Montana, dans les Rocheuses, où il devint le rédacteur du magazine de vie au grand air Field & Stream. Depuis à peine dix ans désormais, il se consacre à l’écriture et au roman. La Vénus de Botticelli Creek, son troisième roman traduit chez nous vient de paraître.
Vallée de la Madison dans le Montana. Nanika Martinelli, une guide de pêche pour un ranch-hôtel, a disparu. Le shérif Martha Ettinger la recherche dans la montagne enneigée quand elle tombe sur le corps d’un homme empalé sur les bois d’une carcasse de cerf. Scène de crime ou d’accident ? Et ce mort est-il lié à la disparition de la jeune femme ? Une enquête pour Martha et son ami Sean Stranahan…
J’avais vraiment beaucoup aimé le premier roman de l’écrivain, Les Morts de Beer Creek, fait l’impasse sur le second mais je tenais à lire celui-ci pour vérifier si la qualité était confirmée.
J’ai retrouvé les personnages récurrents des polars de l’auteur, Martha Ettinger en shérif, Sean Stranahan converti en privé mais peintre et guide de pêche à ses heures, Harold Little Feather un ex-amant de Martha etc. tous avec leurs problèmes de cœur, incapables de gérer leurs relations affectives comme Martha et Sean qui continuent à se tourner autour… C’est charmant.
Pour en revenir à l’intrigue, Nanika la disparue surnommée la Vénus, était une splendide rousse affolant tous ceux qui la croisaient et à cette heure tout le monde pense qu’elle a été dévorée par les loups, d’ailleurs on a retrouvé ses cheveux dans des excréments de Canis lupus mais tant qu’on n’a pas le corps, tous les espoirs sont permis. C’est ce que pense Asena, sa jolie sœur qui vient d’arriver et engage Sean Stranahan pour la retrouver, persuadée que Nanika a été enlevée. Je laisse le reste à votre bon vouloir pour les détails.
Il sera beaucoup question de loups avec la problématique bien connue – comme partout - liée à la réintroduction de ces bêtes dans le parc de Yellowstone. Ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, avec en plus ici, un illuminé gavé aux légendes touchant ces animaux. Les personnages secondaires sont très nombreux et assez bien campés, le roman est dense, instructif sur les mœurs des loups mais un peu long pour ceux qui connaissent le sujet. Sans vouloir faire mon vantard, j’avais anticipé depuis un bon moment le coup de théâtre de l’épilogue (s’appuyant sur un ressort psychanalytique) mais je n’en tiendrai pas rigueur à Keith McCafferty car son bouquin est bien écrit (en particulier les chapitres 27 et 31) même si je n’ai pas retrouvé (du moins dans mon souvenir) son style déployé dans le premier de ses livres. Enfin, il se termine sur une touche sentimentale qui saura en séduire certain(e)s.
Un polar pépère, sans excès de quoi que ce soit, ni sexe ni violence, rythme tranquille, mais qui se dévore allégrement – la marque de fabrique de cet écrivain.
« - Alors tu penses qu’il s’est tué dans la chute ? – C’est ce que j’ai tout d’abord cru, mais je ne sais pas, Jase. Il a un bois de cerf qui dépasse de son ventre. – Raconte-moi tout. – Je vais tout te raconter, mais là, il faut que je vomisse. Elle réussit à atteindre la lisière du bois avant de s’agenouiller. Elle attrapa une poignée de neige pour se rincer la bouche, se rendit compte que ses mains tremblaient et s’assit sur un tronc. Un vrai. Elle se sentait vide, mais le mauvais goût avait disparu, remplacé par quelque chose d’autre, pas vraiment une saveur, plutôt une odeur qui s’échappait de son corps. Celle de la peur. »
Keith McCafferty La Vénus de Botticelli Creek Gallmeister – 425 pages –
Traduit de l’américain par Janique Jouin-de Laurens
2 commentaires
"Pépère et sans excès" ? Je passe ...
Sûr que le plat n’est pas très épicé et les amateurs de Tabasco devront aller voir ailleurs, pourtant il n’est pas désagréable à déguster.
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