Anna Maria Ortese : L’Iguane
10/07/2020
Anna Maria Ortese (1914-1998) est une romancière, essayiste, journaliste, nouvelliste et poétesse italienne. Elle mena dès l’enfance une vie vagabonde, d’abord en compagnie de sa famille, puis, adulte, en raison de grandes difficultés économiques. Son travail d’écrivaine évolua d’un réalisme magique dans ses premières nouvelles, vers l’invention fantastique de type surréaliste et l’observation documentaire néo-réaliste dans ses romans de l’après-guerre, jusqu’à la thématique morale et philosophique de ses dernières œuvres. Dans la dernière partie de sa vie elle dénonça dans ses écrits et dans des interventions publiques, les crimes de l’Homme « contre la Terre », sa « culture d’arrogance » et son attitude de tortionnaire vis-à-vis des « Peuples faibles » de la Terre, en particulier les animaux. L’Iguane, roman de 1965, vient d’être réédité.
Le comte Aleardo Daddo de l’aristocratie milanaise part en expédition à la recherche d’un lieu idéal pour y faire construire des résidences de luxe pour ses compatriotes fortunés. Parti de Gênes son navire fait halte sur l’île d’Ocana, un minuscule caillou au large du Portugal. Une île mêlée à de sombres légendes mais en conséquence pense-t-il « le prix en était probablement bas. » A peine débarqué, les surprises ne vont pas manquer quand après avoir été accueilli par trois frères d’une noblesse désargentée, dont le marquis don Ilario, il fera connaissance avec leur jeune servante, Estrellita, une Iguane, « habillée en femme, avec un jupon foncé, un corset blanc visiblement déchiré et suranné (…), sur la tête, pour cacher l’ingénu museau blanc-vert, cette servante portait un fichu. » La suite verra naître l’amour entre Daddo et l’Iguane, l’arrivée des Hopins venue d'Amérique pour un mariage et un projet d’investissement ainsi que d’un archevêque sud-américain…
J’aime autant vous dire immédiatement que ce roman n’est pas pour tout le monde ! Anna Maria Ortese manie une langue maniérée avec virtuosité pour nous servir une sorte de conte auquel j’avoue ne pas avoir compris grand-chose. Peut-être doit-on y voir traité le pouvoir de l’argent, à moins que ce ne soit les amours improbables ? Outre l’écriture déjà complexe à déchiffrée, on baigne dans l’onirisme, la poésie hermétique et toutes ces choses aptes à faire perdre pied aux plus expérimentés lecteurs. Un roman pour les lecteurs raffinés et d’un haut niveau.
Je résume, je me suis copieusement ennuyé (pour être poli) !
« Me voici en pleine nuit, dans la déserte Ocana, qui m’approche d’un poulailler pour demander à une petite iguane persécutée si elle voudrait se marier avec moi en Europe. Outre que, étant donné son jeune âge, cela ne peut l’intéresser, j’ai négligé ce détail : je m’étais promis de lui servir plutôt de père. D’époux, il y a pléthore, sur la terre, et de père, à ce que j’en sais, point. Pourtant, même en ce cas, l’obstacle demeure : en effet, un esprit immortel peut-il se faire entendre par l’irrationnelle Nature ? Et qu’est-ce donc, cette nature ? Bien ou mal ? Qu’attend-elle ? Elle souffre, c’est clair… il faut l’aider. Est-ce possible, sans mourir devant l’Eternel ? »
Anna Maria Ortese L’Iguane Gallimard L’Imaginaire – 203 pages –
Traduit de l’italien par Jean-Noël Schifano
2 commentaires
Une très belle découverte chez vous, d'autant plus que je voulais me consacrer cet été aux romans italiens.
Je ne saisis pas très bien le sens de votre commentaire…. Mais vous semblez ravie et c’est le principal !
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