Renaud Nattiez : Brassens et Tintin deux mondes parallèles
24/07/2020
Renaud Nattiez, ancien élève de l’ENA, ex-diplomate, docteur en économie, est aujourd’hui haut fonctionnaire au Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Son essai Brassens et Tintin Deux mondes parallèles vient de paraître.
S’il est une chose qu’on ne peut nier c’est que l’auteur de cet essai connaît aussi bien les albums du petit blond à toupet que les chansons du brun moustachu, c'est-à-dire les 24 livres de l’un et les 300 titres de l’autre. Fort de ses connaissances l’auteur va tenter de démontrer avec des exemples précis tirés de ces œuvres que ces deux figures qui à priori n’ont aucun rapport entre elles ne sont pas si éloignées qu’on pourrait le croire, « deux mondes parallèles, au double sens du mot : ils ne se confondent pas, ils ne se rejoignent pas, mais ils évoluent dans la même direction » …. mais paradoxe, Renaud Nattiez aligne les points de convergence entre ces deux lignes qui ne sont donc plus parallèles ?
Citons quelques uns de ces points : Georges Brassens (1921-1981) et Hergé (1907-1983) sont contemporains et leurs œuvres se recoupent sur un point essentiel, elles sont « imperméables aux modes en se tenant à l’écart de l’actualité » ce qui les place hors du temps. Brassens comme Tintin, sont individualistes et jamais moralisateurs ou donneurs de leçons. Tous deux s’adressent autant aux élites (voir tous les bouquins déjà écrits sur leurs œuvres) qu’à la culture populaire. Le chanteur et le maître de Milou sont détachés des choses matérielles, de l’argent…. Je ne vais pas reprendre le contenu de l’essai, je vous laisse le découvrir.
Je n’ai pas d’avis précis sur cet ouvrage car il ne m’a pas ouvert les yeux sur des révélations imprévues (Oups ! Pardon ! Sur la première case de la dernière page de Tintin au Tibet, ce minuscule détail sur le toit de la lamaserie…) ; l’auteur tire un peu à la ligne et ce ne sont pas les citations de philosophes ou écrivains venus à la rescousse qui apportent grand-chose de plus. Ce n’est pas inintéressant mais ça n’a pas un intérêt particulier non plus.
Personnellement, j’adoreTintin et j’aime beaucoup les chansons de Brassens que j’écoutais à la TSF (oui, j’ai cet âge) quand j’étais gosse, alors discourir sur le premier me fait toujours plaisir et pour une fois qu’on reparle du second n’est pas pour me déplaire ; je vais donc remettre le nez dans un album des aventures de Tintin tout en écoutant un CD de l’autre. « Georges Brassens et Georges Rémi sont morts, mais les chansons et les albums dessinés demeurent, que nous pouvons écouter et lire encore, nous replongeant ainsi dans la magie d’émotions ressenties, pour beaucoup d’entre nous, dès l’enfance ou l’adolescence. » Et là je suis en parfait accord avec Renaud Nattiez !
« Comme dans Guignol, où chaque spectacle raconte une histoire, chaque chanson de Brassens est un récit simple et sobre, mais précis. A chaque couplet correspond une situation précise. Pas plus d’une idée par chanson, conseillait Brassens à Guy Béart, sinon il faut écrire deux chansons. Le philosophe Clément Rosset ne disait pas autre chose à propos de Tintin : « […] Il faut avoir le moins d’idées possible et, avec celles-ci, créer le monde le plus riche et le plus varié possible. Ca, c’est la magistrale leçon d’Hergé, son tour de force incontestable. » »
Renaud Nattiez Brassens et Tintin Deux mondes parallèles Les Impressions Nouvelles – 179 pages –
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