Antonio Moresco : La Petite lumière
07/08/2020
Antonio Moresco, né en 1947 à Mantoue, est un écrivain italien. Il passe une partie de son enfance comme séminariste dans un collège religieux, puis entame une longue période d’activisme politique sans pour autant entrer dans la lutte armée. Il exerce différents métiers comme portier de nuit, ouvrier ou éboueur, et se consacre en même temps à l’écriture, à partir de 1977. Pendant quinze ans, ses textes sont refusés par de nombreux éditeurs, ce qu'après coup il juge bon, car cela lui a permis d'être plus proche de lui-même, son premier livre ne sortant qu’en 1993. Il est traduit pour la première fois en français en 2014 avec La Petite Lumière.
Le narrateur vit seul dans un hameau abandonné à flanc de montagne. Il occupe ses journées banalement jusqu’à ce qu’il constate que toutes les nuits, de l’autre côté de la vallée, au milieu de la forêt, s’allume une petite lumière. Au petit village voisin où il fait ses courses personne n’a connaissance d’une maison à cet endroit. Sa curiosité éveillée, l’homme part en exploration et découvre qu’un gamin y vit seul lui aussi…
Nous avons tous dans un coin de nos bibliothèques ou de notre mémoire, un livre guère épais, presque inconnu de tous ou n’ayant pas fait l’objet de tapage dans les médias mais qui nous a offert énormément de plaisir à lire. Un de ces livres dont on ne sait s’il faut crier au monde notre engouement ou le garder pour soi et quelques intimes, comme un objet précieux et secret. La Petite lumière est de ceux-là.
Que dire de ce roman où il ne se passe pas grand-chose mais qui est bien mystérieux quand même. Le narrateur, dont on ne saura jamais le nom, vaque à ses occupations, il parle aux hirondelles et aux lucioles et s’imagine qu’elles lui répondent. La nature est omniprésente, les saisons passent, la neige tombe. La lumière faiblarde là-bas, le turlupine, il enquête vaguement, consulte un fermier qui croit aux extraterrestres (« Vous savez les aliènes ne sont pas comme on les montre dans les films ! Ils peuvent prendre un aspect totalement humain. »). Lors d’une promenade il est suivi par un gros chien à l’aspect redoutable autant qu’étrange. Bizarre, vous avez dit bizarre. Enfin il trouve la maisonnette lumineuse et le petit gamin qui y vit. Et l’étrange devient plus étrange encore.
Je ne peux pas vous en dire plus. Si ce n’est que lorsque le narrateur découvrira le « secret » du gamin, bien que ce soit ahurissant, il n’en sera pas plus troublé pour autant ! Dans le genre mec cool, il se pose là. L’épilogue, pas très clair avec une sorte de mise en abyme restera certainement hermétique à beaucoup mais il ouvre aussi la porte à de multiples interrogations et c’est un des charmes les plus précieux de ce roman.
Un livre extrêmement délicat dans son écriture, très « doux » à lire avec une ambiance énigmatique qui en fait tout le sel. Ne le répétez à personne, c’est un très bon petit roman.
« « Qu’est-ce que ça peut bien être, cette petite lumière ? Qui peut bien l’allumer ? » je me demande tout en marchand dans les rues empierrées de ce petit hameau où personne n’est resté. « Est-ce que c’est une lumière qui filtre d’une petite maison solitaire dans les bois ? Est-ce que c’est la lumière d’un réverbère resté là-haut, dans un autre hameau inhabité comme celui-ci, mais de toute évidence encore relié au réseau électrique, qu’une simple impulsion allume toujours à la même heure ? »
Antonio Moresco La Petite lumière Verdier – 124 pages –
Traduit de l’italien par Laurent Lombard
6 commentaires
Oui, un très joli texte, subtilement envoûtant, que j'avais découvert complètement par hasard, il me semble qu'on me l'avait offert...
Envoûtant, exactement. Quant à moi je l’ai découvert et noté en lisant l’interview d’un écrivain… dont je ne me souviens plus le nom !
En bibli, mais jusque là pas trop attirée, ça peut changer
Je ne vois pas qui pourrait ne pas aimer ce livre ? Il s’adresse à tous, quelle que soit sa sensibilité, par ailleurs il offre plusieurs angles de vue, soit un récit légèrement fantastique, soit une réflexion plus profonde sur les fondamentaux de la vie…. Et puis, comme je le répète à chaque fois dans ce cas-là, le roman est très court donc la perte de temps éventuelle est très mince !
Ca m'intrigue fort.
Vas-y ! Il est aussi bon qu’il est court, donc aucun risque !
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