Benjamin Whitmer : Les Dynamiteurs
20/09/2021
Benjamin Whitmer est né en 1972 et a grandi dans le sud de l'Ohio et au nord de l'Etat de New York. Il a publié des articles et des récits dans divers magazines et anthologies avant que ne soit publié en 2012 son premier roman, Pike. Il vit aujourd’hui avec sa femme et ses deux enfants dans le Colorado, où il passe la plus grande partie de son temps libre en quête d'histoires locales, à hanter les librairies, les bureaux de tabac et les stands de tir des mauvais quartiers de Denver. Les Dynamiteurs, roman datant de 2020, vient d’être réédité en poche.
Denver, Colorado, en 1895. Cora, adolescente, veille sur une bande d’orphelins, réfugiés dans une usine désaffectée, secondée par Sam son amoureux transi. Un microcosme vivant à l’écart et se protégeant des attaques des Crânes de de Nœud, clochards prêts à tout pour obtenir cette chair fraiche mais aussi des adultes en général une engeance infréquentable où la misère dicte ses lois. Quand Goodnight, un géant muet au visage scarifié vient s’écrouler chez eux, blessé, Cora le soigne et Sam s’imagine que cette force de la nature va pouvoir les sauver…
Roman western que cette citation - dont je ne vous ferai pas l’injure de citer la source – résume parfaitement : « Moi, quand on m’en fait trop j'correctionne plus, j'dynamite, j'disperse, et j'ventile." Et sûr, ça va dépoter.
Goodnight s’avère en fait l’homme de main de Cole, un caïd local défendant son business entre tables de jeu, saloons louches et bordels crapoteux, face à la concurrence et des forces de l’ordre qui y trouvent aussi leur intérêt. Une guerre s’engage, les colts parlent et les talents de Goodnight expert en explosifs participent au feu d’artifice qui trouve son apothéose avec l’explosion du QG de l’agence de détectives Pinkerton signant le début de la fin…
Le roman est franchement violent mais sans trop de détails et décrit sur un ton assez neutre qui en atténue la réception immédiate. Le début du livre avec Cora et ses orphelins évoque vaguement Charles Dickens quant à l’écriture, utilisant les ellipses et raccourcis abruptes, elle peut légèrement dérouter le lecteur novice.
Roman initiatique, traitant des choix que l’on fait dans notre vie, chacun entrainant l’autre qui au final nous rend prisonnier d’une vie qu’on n’aurait peut-être pas voulue au départ. Sam se refusait à entrer dans le monde des adultes, par amour pour Cora dont la mission était de sauver les orphelins, il accepte un petit job pour Cole mais de fil en aiguille se verra entrainer dans des actions de plus en plus violentes et une cavale pour fuir les Pinkerton… ce qui par le fait, l’éloigne de plus en plus de celle qu’il aime !
Etonnement, j’ai mis un peu de temps à entrer dans ce roman qui s’est avéré excellent finalement.
« Je croyais Cole parce que j’avais envie de le croire. Vous avez envie de croire qu’ils savent ce qu’ils font. Qu’ils ont un peu de maîtrise sur les choses. Cole et Goodnight paradaient dans le Monde des Crânes de Nœud comme s’ils l’avaient construit eux-mêmes. Comme s’il n’y avait pas un seul morceau de ce monde qu’ils ne pourraient pas s’approprier. Et vous avez envie de croire que c’est possible. Parce que ça voudrait dire qu’il existe un moyen pour grandir et entrer dans le Monde des Crânes de Nœud sans devenir un Crâne de Nœud soi-même. Mais il n’en existe pas. »
Benjamin Whitmer Les Dynamiteurs Gallmeister Totem - 370 pages –
Traduit de l’américain par Jacques Mailhos
3 commentaires
Je compte découvrir cet auteur avec "Evasion", qui est déjà sur mes étagères... mais je retiens que celui-ci vaut aussi le détour.
Puisque tu as « Evasion » lis-le, mais si tu lis ma chronique tu verras que j’ai émis une légère réserve. Tout cela pour dire, qu’avec cet écrivain il faut lire au moins deux romans pour avoir un avis définitif…
Du coup, je lirai ta chronique une fois ma lecture terminée, pour voir si j'émets le même bémol...
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