Hervé Gagnon : Crossroads
19/11/2021
Hervé Gagnon, né en 1963 à Chicoutimi au Québec, est un historien et romancier québécois. Crossroads, son nouvel ouvrage, vient de paraître. Sous-titré, La dernière chanson de Robert Johnson, le ton en était donné et avait tout pour me plaire.
Donald Kane, historien et grand amateur de blues, reçoit une lettre d’une vieille femme prétendant détenir une petite boite contenant des objets personnels ayant appartenu à Robert Johnson le fameux bluesman. Elle se propose de la lui confier, s’il vient avec Virginia Craft, anthropologue. Tous deux acceptent avec empressement car la vie du musicien est pleine de mystères et ces objets pourraient en éclairer certains et faire le sujet d’une nouvelle biographie inédite. Mais quand la boite est ouverte, comme celle de Pandore, les ennuis s’en échappent…
Pour ceux qui ne sont pas familiers du blues, Robert Leroy Johnson (1911-1938) est une légende, un grand maître historique du genre, adulé et repris par tous les musiciens de rock. Il n’aura enregistré que vingt-neuf titres, mais tous devenus des classiques incontournables. Voilà pour les faits. Mais ce qui en fait une figure mythique, ce sont les à-côtés : une légende tenace voudrait que son succès soit la conséquence d’un pacte passé avec le Diable, signé à un carrefour de routes dans le Sud des Etats-Unis ; par ailleurs, sa mort par empoisonnement, laisse beaucoup d’inconnues, mari jaloux… ? Enfin, et c’est le sujet de ce roman, certains prétendent, qu’il aurait composé mais pas enregistré, une trentième chanson, le Graal pour tous les fans et historiens musicologues.
Kane et Craft, en ouvrant la boite, découvrent entre autres, un doigt momifié, un talisman maléfique et un carnet à l’écriture codifiée, révélant ce titre inédit. Mais dès lors, les forces des ténèbres se déchainent et des évènements improbables surviennent : des bluesmen de rues meurent, égorgés, les doigts de la main gauche tranchés, Kane est agressé, un flic très étrange s’occupe de ces meurtres, etc.
Le roman baigne dans une ambiance très Sud profond, genre Angel Heart, le film d’Alan Pakula (1987) avec Mickey Rourke et Robert de Niro, non pas à la Nouvelle Orleans mais à Memphis dans le Tennessee. Le thriller nous entraine dans une aventure fantastique faite de sorcellerie locale, talismans maléfiques, vieilles personnes possédant des pouvoirs secrets les liant avec l’au-delà…
Tous les faits historiques liés au blues et à Johnson sont exacts (à ma connaissance), l’auteur connait le répertoire de l’artiste sur le bout des doigts, disséquant les textes des chansons comme un égyptologue les hiéroglyphes égyptiens pour construire son assez réussi scénario qui s’achève sur une jolie pirouette finale.
Tout serait presque parfait mais hélas, l’écriture est assez faiblarde, maladroite, flirtant parfois avec le nunuche (Kane et sa vie personnelle ratée qui croise Craft, la séduisante anthropologue…). Et puis, est-ce la nationalité de l’écrivain mais certaines tournures de phrases m’ont paru étranges, et cette manie trop ostentatoire de forcer sur les américanismes, même s’il en fallait évidemment pour créer l’ambiance (juke joint, pawn shop etc.).
Bref, une bonne intrigue mais pas très bien vendue. En tout cas ça m’a permis de réécouter en boucle les titres du bluesman tout en lisant ce roman….
« Hagard, Kane était sonné comme ce boxeur qui avait reçu un coup de trop. Ce qu’il venait d’énoncer contredisait fondamentalement tout ce en quoi il croyait. Il venait d’écarter la raison au profit du mythe, le réel au profit de la superstition. Il venait de régresser à l’état de croyant terrifié. Mais il devait admettre l’évidence : le surnaturel et la magie s’infiltraient dans la réalité et l’influençaient, qu’il l’accepte ou pas. »
Hervé Gagnon Crossroads Hugo Romans - 530 pages -
8 commentaires
Cher monsieur,
Merci pour ce commentaire. Je reçois avec humilité les critiques, même les moins bonnes.
Permettez-moi toutefois de vous faire remarquer que des termes gratuits comme "nunuche" sont indignes de la fonction de critique, que vous semblez vouloir adopter. Un vrai critique n'a pas à descendre à ce niveau pour exprimer ses réserves, pas plus qu'il n'a à évoquer ma "nationalité" pour justifier ses commentaires négatifs. Cette attitude, qui présuppose que le "colon" ne peut écrire correctement, est infiniment triste.
Bien à vous.
Hervé Gagnon
Je suis très étonné par vos remarques.
Le terme « nunuche » n’a rien de réellement désobligeant, il signifie (pour moi en tout cas) que les rapports psychologiques entre les personnages sont un peu simplistes à mon goût ; j’aurais pu dire naïf, si vous préférez.
Quant à votre nationalité, là encore vous ne m’avez pas compris ou y mettez de la mauvaise foi : tous les écrivains francophones écrivent en français par définition, par contre chaque nationalité à ses formulations particulières et c’est aussi ce qui en fait le charme ; j’ai noté deux ou trois phrases qui semblaient être de cette nature (« semblaient » car je ne fréquente pas de Canadiens pour juger précisément) et je l’ai indiqué pour d’éventuels lecteurs de votre ouvrage.
Je ne vois rien d’outrageant dans mes propos mais je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire.
Nunuche: Qui est un peu niais (Larousse). Vous me permettrez de demeurer sur mes positions. Un critique n'a pas à être insultant, même s'il a utilisé un mot en toute bonne foi, en s'imaginant en connaître le sens.
Si vous voulez jouer au plus malin, allons-y !
Vous me dites Larousse, je vous réponds Grand Robert : « Naïf, niais, simplet, cucul, neuneu ». Si vous permettez, si j’étais vous j’en resterais là sinon le nunuche on ne va pas avoir de mal à le trouver !
Vous venez, cher monsieur, de prouver mon point
1. en confirmant, grâce au Grand Robert, que a) soit votre compréhension du terme "nunuche" était mauvaise, b) soit vous souhaitiez vraiment être insultant mais avec eu recours à un subterfuge douteux (simpliste) pour ne pas l'assumer. une fois confronté.
2. en recourant à une répartie infantile et indigne du métier que vous prétendez exercer plutôt que de débattre avec maturité.
Bonne continuation. Et bonne chance dans votre métier de critique littéraire. J'espère que cette discussion vous aura été utile. Elle l'a été pour moi et je vous en remercie.
Des années que je lis ce blog, ce qui n'est pas le cas de vous, monsieur qui vous "prétendez" écrivain.
Contrairement à ce "critique" qui lui ne prétend pas l'être mais qui le fait si bien, et qui n'en fait sûrement pas "son métier", le second degré n'est visiblement pas votre fort, cher monsieur Gagnon...
Dans son dernier message "Le Bouquineur" vous répond qu'il est préférable de ne pas se fier à la définition d'un dictionnaire dans ce cas bien concret.
A aucun moment, il ne vous insulte ou cherche à vous insulter.
Pour résumer, "flirtant parfois avec le nunuche" veut bien dire, et j'en suis convaincue que parfois votre écriture est un peu naïve.
Par ailleurs, je trouve, monsieur "l'écrivain" vos propos insupportables : "un vrai critique n'a pas à descendre à ce niveau pour exprimer ses réserves, pas plus qu'il n'a à évoquer ma "nationalité" pour justifier ses commentaires négatifs. Cette attitude, qui présuppose que le "colon" ne peut écrire correctement, est infiniment triste".
A mon sens, Le Bouquineur voulait juste adoucir son propos. Tout à chacun sait qu'un français, un belge, un suisse, un canadien, un antillais ou tout autre francophone a des tournures de phrase ou des expression dont le sens varie suivant le pays dans lequel il se trouve. Le Bouquineur, selon mon interprétation, voulait juste dire que ce qu'il considère comme "nunuche" était peut-être lié au fait que lui et vous n'étiez pas du même pays ou de la même région et que peut-être sa perception était liée à cela.
Lorsque l'on écrit, on s'expose à la critique. Bonne ou mauvaise elle doit aider à avancer. Visiblement, vous êtes vexé comme un gamin et vous faites un gros caprice en essayant de vous justifier et surtout en attaquant et en cherchant à être blessant pour avoir raison... C'est une attitude bien puérile voire NUNUCHE...et là c'est bien une question de personnalité et non pas de lieu de résidence
Et oui, la vérité blesse.
En lisant le billet du Bouquineur, j'avais envie d'acheter votre livre car, quoique vous en pensiez, sa critique est bonne.
En vous lisant, je préfère me tourner vers d'autres livres que ce blog met en valeur.
Bonne continuation et bonne chance dans votre métier d'écrivain !!! ;-)
Merci ! Vous m'avez lu correctement...
Des années que je lis ce blog, ce qui n'est pas le cas de vous, monsieur qui vous "prétendez" écrivain.
Contrairement à ce "critique" qui lui ne prétend pas l'être mais qui le fait si bien, et qui n'en fait sûrement pas "son métier", le second degré n'est visiblement pas votre fort, cher monsieur Gagnon...
Dans son dernier message "Le Bouquineur" vous répond qu'il est préférable de ne pas se fier à la définition d'un dictionnaire dans ce cas bien concret.
A aucun moment, il ne vous insulte ou cherche à vous insulter.
Pour résumer, "flirtant parfois avec le nunuche" veut bien dire, et j'en suis convaincue que parfois votre écriture est un peu naïve.
Par ailleurs, je trouve, monsieur "l'écrivain" vos propos insupportables : "un vrai critique n'a pas à descendre à ce niveau pour exprimer ses réserves, pas plus qu'il n'a à évoquer ma "nationalité" pour justifier ses commentaires négatifs. Cette attitude, qui présuppose que le "colon" ne peut écrire correctement, est infiniment triste".
A mon sens, Le Bouquineur voulait juste adoucir son propos. Tout à chacun sait qu'un français, un belge, un suisse, un canadien, un antillais ou tout autre francophone a des tournures de phrase ou des expression dont le sens varie suivant le pays dans lequel il se trouve. Le Bouquineur, selon mon interprétation, voulait juste dire que ce qu'il considère comme "nunuche" était peut-être lié au fait que lui et vous n'étiez pas du même pays ou de la même région et que peut-être sa perception était liée à cela.
Lorsque l'on écrit, on s'expose à la critique. Bonne ou mauvaise elle doit aider à avancer. Visiblement, vous êtes vexé comme un gamin et vous faites un gros caprice en essayant de vous justifier et surtout en attaquant et en cherchant à être blessant pour avoir raison... C'est une attitude bien puérile voire NUNUCHE...et là c'est bien une question de personnalité et non pas de lieu de résidence
Et oui, la vérité blesse.
En lisant le billet du Bouquineur, j'avais envie d'acheter votre livre car, quoique vous en pensiez, sa critique est bonne.
En vous lisant, je préfère me tourner vers d'autres livres que ce blog met en valeur.
Bonne continuation et bonne chance dans votre métier d'écrivain !!! ;-)
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