Lecture et silence, mariage forcé ?
18/12/2021
Je sais que certains d’entre vous aiment mes petits billets où je me pose beaucoup de questions relatives à la lecture, d’autres à l’inverse, doivent penser que je me prends la tête avec des riens sans grand intérêt réel. Je vais donc répéter ce que je dis depuis toujours, tous mes billets s’adressent en priorité à ceux qui ne lisent pas beaucoup ou qui s’imaginent que lire est une occupation pour intellectuels exclusivement, donc pas pour eux. Non, non et non. Même un chef d’œuvre de la littérature peut être lu avec un œil rigolard, l’humour n’est pas ennemi de la culture, c’est même son point d’accès le plus aisé. Tout le monde peut lire, tout le monde peut lire tous les livres mais chacun n’en retiendra qu’une part plus ou moins importante : un peu étant toujours mieux que rien.
Oups ! Je me suis laissé emporter. Tout ça pour dire que la lecture n’est pas obligatoirement une chose aussi sérieuse que certains le laissent entendre, démystifions cette occupation saine et ludique.
Prenons par exemple cette image, datée j’en conviens, du lecteur au visage grave et recueilli lisant dans le silence, est-elle vraiment représentative de notre activité préférée ? Dans les bibliothèques le silence est de rigueur et j’avoue que cette assemblée studieuse impressionne, or cette image si elle est compréhensible dans un lieu public susceptible d’être très fréquenté afin d’éviter les débordements (conversations au téléphone, bavardages entre personnes, bruits divers etc.) n’est aucunement une règle à suivre obligatoirement chez soi pour lire.
En fait ça dépend d’un tas de circonstances et du caractère de chacun. Une mesure qu’on adoptera ou pas selon les cas. Personnellement, il est extrêmement rare que je lise dans le silence, au contraire je préfère écouter de la musique en même temps. Mais là encore, selon les jours et mon humeur et aussi beaucoup du livre que je lis, ce sera de la musique classique douce ou carrément du rock mais pas trop fort non plus. La seule obligation, cette musique ne doit pas retenir mon attention, donc je n’écouterai pas un nouveau disque que je ne connais pas assez, ou une radio diffusant des mélodies qui heurtent mon oreilles ou l’attirent trop… Les airs doivent être agréables ou archiconnus, pour passer d’une oreille à l’autre et ressortir de ma tête sans l’accaparer.
Dans certains cas vraiment très particuliers, si un bouquin fait référence à une œuvre musicale précise et que je l’ai dans ma discothèque, je l’écoute en lisant le livre, mais là c’est le comble du raffinement !
Je peux aussi lire dans les transports en commun mais là, ce seront toujours des livres faciles à lire car dans le train ou le métro, une partie de mon cerveau est toujours en alerte guettant les bruits alentour. Je suis un mec prudent de nature !
Le silence est certainement d’or pour les étudiants ou chercheurs qui lisent pour apprendre et décortiquer des textes mais pour le lecteur lambda, c’est à lui de déterminer ce qui marie le mieux le plaisir de la lecture et la compréhension de ce qu’il lit.
4 commentaires
Je suis de celles, tu le sais, qui apprécient grandement ces billets autour de la lecture. Ta conclusion dit tout : la lecture est le règne de la liberté, on lit comme on aime, comme on veut... moi c'est dans les transports en commun (et il ne faut alors pas compter sur moi pour surveiller les alentours !), devant la télé que regarde mon conjoint, en écoutant la radio, bref, rarement dans le silence en effet...
Je te rejoins complètement sur le fait que la lecture est pour tous, et que ce que l'on considère comme des classiques ou des chefs-d'œuvre ont rarement le caractère d'inaccessibilité qu'on leur prête. En revanche, je ne suis pas sûre que tout le monde puisse tout lire (et je m'inclue dans cette affirmation)... certains textes ardus restent hermétiques au lecteur qui peut, bien sûr, les lire quand même, mais sans grand intérêt, et avec le risque (si on a affaire à un lecteur occasionnel) de décourager, et d'inciter à ne plus lire..
« En revanche, je ne suis pas sûre que tout le monde puisse tout lire (et je m'inclue dans cette affirmation) » Je suis d’accord avec ta remarque, j’aurais dû détailler plus précisément mon propos : je voulais seulement dire que tout le monde à la droit d’ouvrir n’importe quel livre mais « chacun n’en retiendra qu’une part plus ou moins importante : un peu étant toujours mieux que rien », le risque étant comme tu le soulignes de décourager les gens peu enclins à la lecture. Pourtant, même si c’est probable, je crois que c’est rare car j’ai du mal à penser qu’un lecteur occasionnel puisse se lancer dans un bouquin complexe… s’il ouvre un livre, c’est qu’il en aura entendu parler par ailleurs. Reste à savoir en quels termes ! Mon expérience m’a enseigné qu’on peut se faire avoir…. Grrr ! On n’en sort pas !
Lire dans le train, par exemple, c'est bien. En fait je suis rarement dérangée par les conversations, sauf quand c'est trop de flux, difficile à expliquer!
Je pense que ça correspond à ce que je disais « passer d’une oreille à l’autre et ressortir de ma tête sans l’accaparer » : le bruit quel qu’il soit ne doit pas heurter les ondes de notre cerveau accaparées par la lecture… il faut une harmonie.
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