Olivier Bleys : Antarctique
17/03/2022
Olivier Bleys, né en 1970 à Lyon est un écrivain français qui a publié trente-cinq livres : romans, essais, récits de voyage, bandes dessinées, roman graphique, récit d'anticipation. Membre élu de la Société des Explorateurs français, Olivier Bleys a pris le départ d'un tour du monde à pied, par étapes, qu'il poursuit d'année en année depuis 2010. Après avoir traversé la France, la Suisse, l'Italie, la Slovénie, la Hongrie et l'Ukraine, le tour du monde à pied évolue actuellement en Russie occidentale. Antarctique, son nouveau roman, vient de paraître.
Janvier 1961 sur la base antarctique soviétique de Daleko. On imagine que les loisirs sont rares en de tels lieux, restent les parties d’échecs, mais quand la vodka accompagne le jeu le mélange peut s’avérer fatal : une engueulade, un coup de folie éthylique et Vadim met définitivement mat Nikolaï d’un coup de hache et pleine tronche ! Pour les quatre survivants, un huis-clos pénible va s’ajouter aux conditions de vie déjà difficiles…
Présentation des personnages : Anton, botaniste, est le chef sur la base polaire ; Vadim, tractoriste et bricoleur homme à tout faire est le meurtrier ; Igor est glaciologue et Dimitri géologue. Le premier problème pour Anton, où mettre le cadavre ? Rien n’est prévu pour ce cas de figure sur place. Dimitri a bien une idée, « pendre Nikolaï au râtelier des jambons » mais elle est rejetée. Et où incarcérer Vadim, l’assassin ? Finalement, les celliers feront l’affaire. Celui qui est extrêmement froid pour le mort et l’autre qui n’est que gelé pour Vadim.
Vous commencez à comprendre que le roman, bien que dramatique, va plutôt jouer avec les codes d’un humour discret ou carrément noir. C’est ce qui en fait sa force. L’écrivain pouvait la jouer ambiance lourde et pesante, pathos et virilité confinée, il nous la fait plus subtile, sur un ton bon enfant et souriant.
Jeu du chat et de la souris, Vadim seul dans son cellier glacial fait enrager ses compagnons pourtant bien au chaud dans leur baraquement, des dissensions se créent entre Igor qui voudrait exécuter Vadim et les deux autres qui veulent un procès en règle, d’ailleurs Anton rédige un long rapport qu’il faudra transmettre aux autorités, dommage que la radio ne fonctionne plus ! Coincés dans leur trou perdu, quasi abandonnés de leur hiérarchie qui dès le départ ne leur avait pas fixé de mission bien précise, avec du matériel défectueux, les hommes voient leur moral fléchir, leurs idées s’embrouiller…
Un très bon roman avec une fin très surprenante quoiqu’en parfaite adéquation avec l’humour noir qui teinte le livre.
« On pouvait dire bien des choses du meurtre de Nikolaï Kalinine par Vadim Kotov. On pouvait l’appeler de bien des noms : un accident, un drame, un grand malheur. Mais l’on ne pouvait nier qu’il avait secoué la routine de leurs vies confinées. Il y avait eu mort d’homme, que diable ! Un homicide attesté par plusieurs colons, signataire d’une déposition conjointe ! C’était une première historique. Le premier meurtre jamais enregistré sur une station polaire, le premier assassinat perpétré en Antarctique ! Et, qui plus est, une première soviétique, bien qu’elle n’eût pas l’éclat du premier vol habité dans l’espace. »
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