Claire Keegan : Misogynie
11/08/2022
Claire Keegan, née en 1968, est une femme de lettres irlandaise. Issue d’une famille catholique nombreuse, elle a grandi dans une ferme du comté de Wicklow. Elle quitte le pays à l’âge de 17 ans pour les Etats-Unis. Elle étudie l’anglais et les sciences politiques à l’Université de Loyola à la Nouvelle-Orléans. En 1992, elle rentre en Irlande avant d’entreprendre un master d'écriture créative à Cardiff pour devenir écrivain. Alors qu’elle est au chômage, elle accepte un poste d’enseignante à Dublin dans lequel elle s’épanouit.
C’est pour célébrer les vingt ans de la maison d'édition Sabine Wespieser que l'écrivaine Claire Keegan leur a offert Misogynie, une nouvelle, qui vient de paraître.
Cathal, employé de bureau est un homme quelconque habitant Arklow, petite ville du bord de mer à moins de cent kilomètres de Dublin. Depuis deux ans qu’il fréquente Sabine il lui propose le mariage et de s’installer chez lui. Les cartons de la jeune femme à peine déballés, il réalise mais un peu tard, que sa petite vie pépère va en être chamboulée…
Une nouvelle c’est très court, pas le temps de développer son propos, pourtant Claire Keegan réussit à croquer la silhouette psychologique de cet homme, prisonnier de son éducation, de ses schémas de pensées et de son regard sur les femmes. Certainement n’est-il pas fondamentalement misogyne, mais pire encore peut-être, il l’est sans s’en rendre compte et il sera trop tard pour lui quand Sabine lui mettra le nez dedans : « Tu sais ce qui est au cœur de la misogynie ? (…) Ca consiste simplement à ne pas donner… »
Un texte joliment troussé comme sait le faire l’écrivaine, tout en douceur et mots retenus pour la forme mais en dénonciation ferme sur le fond.
« Ils s’étaient dirigés vers la National Gallery, pour voir les Vermeer ; elle avait acheté des billets en ligne. Il s’était tenu près d’elle, humant son parfum, pendant qu’ils regardaient les tableaux. Alors qu’elle les admirait, il trouvait les femmes de Vermeer, pour la plupart, oisives : restant assises là, comme si elles attendaient quelqu’un ou quelque chose qui ne viendrait peut-être jamais – ou se contemplant dans un miroir. Même la robuste laitière semblait verser le lait tout à loisir, comme si elle n’avait rien d’autre ou de mieux à faire. »
Claire Keegan Misogynie Sabine Wespieser - 45 pages -
Traduit de l’anglais (Irlande) par Jacqueline Odin
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