Ne pas aller plus vite que la musique ?
13/08/2022
Quand je lis un roman, à plus forte raison quand il s’agit d’un polar, je ne peux m’empêcher de chercher à deviner qui est coupable du meurtre, par exemple.
Pour les polars ou thrillers ça me semble assez naturel, ça fait partie du jeu auquel nous incite l’auteur et c’est même ce qui fait ou non la réussite de son bouquin. Si le lecteur découvre le coupable trop tôt, c’est certainement parce que le roman est raté. L’écriture de ce type d’ouvrage s’apparente à la pêche au gros, on appâte, on ferre puis on tient à distance et tout l’art du pêcheur consiste à amener sa proie au plus près de son bateau sans que le fil ne casse et finalement le sortir de l’eau. L’écrivain en fait de même avec son lecteur. Qui des deux sera le plus malin, that is the question.
J’admets donc qu’on puisse vouloir aller plus vite que la musique quand on lit un polar. Mais pour les autres types de romans ? Car j’en fais autant avec ces autres lectures. Tout en progressant dans le livre, je m’interroge sans cesse, quel est le but recherché par l’auteur, veut-il faire passer un message, comment va pouvoir se terminer cette histoire et j’envisage plusieurs hypothèses. Bref, là encore je tente de précéder l’écrivain dans le plan qu’il a envisagé pour son lecteur.
D’où la question finalement cruciale, est-ce la bonne attitude pour un lecteur que de tenter d’aller trop vite ? A bien y réfléchir, le lecteur n’a rien à y gagner. Connaître l’issue d’un livre avant d’en arriver au mot « fin » ne peut que la gâcher et comme on sait que l’épilogue d’un roman se doit d’en être un point fort en général…
Ai-je jamais eu cette innocence ? Cette candeur du lecteur se laissant guider par l’écrivain, acceptant sa règle du jeu, son rythme ? J’ai beau fouiller ma mémoire, je n’en vois pas la trace. D’ailleurs, est-ce que ce type de lecteur existe vraiment ? Ne serait-ce pas aller contre notre nature profonde ?
10 commentaires
Ah les questionnements du Bouquineur! J'avoue aussi me poser des questions, après tout c'est un 'jeu' entre l'auteur et nous.
Pour certains livres on connaît déjà la fin, on l'a déjà lu, ou quelqu'un en a trop dit, etc. mais le plaisir de lecture quoique différent, existe (parfois). Relire un A Christie dont on se souvient assez permet de réaliser comment on se fait avoir.
Comme pour les voyages, L'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage en lui-même » Robert Louis Stevenson. ...
Bien évidemment il faut que le livre soit de bonne qualité.
Mais qu'est-ce que la qualité d'un livre? Vous avez 4 h.
Tes remarques sont très justes mais tu ne réponds pas clairement à la question : est-il bon pour un lecteur de chercher à connaître la fin du livre avant que l’auteur n’en divulgue l’épilogue ?
Ecoute, cela dépend du livre, et le lecteur fait ce qu'il veut. je n'ai pas de réponse (nous voilà bien)
C’est agaçant.
Dès que je tente de sortir de la simple critique de livres par des questions et interrogations qui me semblent très légitimes, nous n’avons jamais de réponses claires et nettes à fournir. Ni moi, ni vous toutes qui apportez gentiment vos commentaires…
J’en déduis que la lecture est une affaire très personnelle, que chacun voit midi à sa porte. Mais, horreur ! Une nouvelle interrogation me vient à l’esprit, dans ces conditions, à quoi servent nos blogs ?
Stop ! Je vais me coucher, j’ai les neurones en surchauffe…
Je crois que ce genre de questions se pose selon le type de bouquin qu'on lit, certains, plus "flous" quant à leur destination, ont tendance à les susciter davantage = mes deux derniers titres chroniqués en sont de parfaits exemples, et on a l'impression que c'est d'ailleurs une volonté de leur auteur que d'amener le lecteur à se poser des questions parce qu'il se sent perdu.
Et je connais bien pire que toi : j'ai une amie qui lit systématiquement la fin des livres en premier. Sacrilège ! selon moi.. mais elle répond que non : elle s'amuse pendant sa lecture à deviner comment elle va en arriver à la conclusion préalablement découverte..
Tu as bien entendu raison, ça dépend du livre ! Il n’y a pas de règle unique et heureusement ( ?).
Quant à la « technique » de ton amie, j’ai déjà entendu dire que certains l’utilisaient, j’avoue que pour ma part ça sort tellement de mon mode de pensée que j’en reste baba à ne savoir quoi répondre… Ceci dit, si ces personnes y trouvent leur plaisir, vu que cela n’interfère pas dans mon mode de lecture… pourquoi pas ? Mais ça me sidère quand même… Ah ! Ah !Ah !
Ah! Pour moi, la question ne se pose pas, je suis une lectrice lente. Je lis beaucoup, mais pas vite. La vitesse ne m'intéresse pas. Seules m'intéressent l'imprégnation, la visualisation de tout, la compréhension des personnages de l'intérieur. J'ajoute des relectures (plusieurs) des phrases ou paragraphes trop beaux... Bref, on n'est pas rendu :-D !
Ca ressemble à un mode de lecture parfait, dans mon esprit, même si ce n’est pas exactement celui que je pratique !
Très intéressante question ! Et qui pose aussi le problème des quatrièmes de couverture... Je parle plutôt de littérature "blanche", là. Certaines donnent une indication plus ou moins claire sur la direction prise par le roman, d'autres non. En général, je ne les lis pas en entier justement pour éviter de savoir où va l'auteur... Mais (sinon ce ne serait pas drôle) il y a des exceptions ! Quand je patauge dans un roman dont je me demande s'il va décoller, (et si je vais continuer) une lecture attentive de ces lignes de l'éditeur me permet de savoir si ça vaut la peine de continuer. Cela vient de m'arriver avec ma dernière lecture, un peu statique, et j'ai ainsi appris que le personnage allait évoluer, ce qui était plutôt rassurant et m'a donné envie de continuer.
Et, pour répondre à ta question, oui, je suis plutôt une lectrice qui "va plus vite que la musique" (et j'aime ça !) ;-)
Les quatrièmes de couverture, on pourrait écrire une thèse sur ce sujet ! J’ai déjà eu l’occasion en dire ce que j’en pensais (souvent du mal !).
Pour en revenir à ce qui nous intéresse aujourd’hui, je suis d’accord avec toi, parfois quand un roman se traine, que j’hésite à l’abandonner (Ce qui n’arrive presque jamais, car je suis têtu et n’hésite pas à casser grave les nanars, donc obligé de les lire entièrement), je tente d’en savoir un peu plus avant de me décider ou « d’orienter mon esprit » : c’est-à-dire savoir si je dois réellement m’y intéresser ou laisser les pages défiler… pour écrire un billet objectif sur mon blog.
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