Cormac McCarthy : Méridien de sang
17/04/2023
Cormac McCarthy est un écrivain américain né en 1933 à Providence (Rhode Island). Après ses études, il rejoint en 1953 l'armée de l'air américaine pour quatre ans, dont deux passés en Alaska, où il anime une émission de radio. En 1957, il reprend ses études à l'université, se marie avec la première de ses deux femmes en 1961 et a un fils. Il quitte l'université sans aller jusqu'au diplôme, et s'installe avec sa famille à Chicago, où il écrit son premier roman. Aujourd’hui Cormac McCarthy vit au nord de Santa Fe (Nouveau-Mexique) dans une relative discrétion et accorde très rarement des interviews.
Cinquième roman de l’écrivain, Méridien de sang date de 1985. S’il est un roman pour lequel l’expression « dantesque » s’applique parfaitement c’est bien celui-ci, tant il répond à sa définition : grandiose dans l'horreur, terrifiant.
Milieu du XIXème siècle. Un gosse de quatorze ans, dit le Gamin, fuit le foyer parental au Tennessee et se fait enrôler dans une bande de mercenaires payés au scalp. Le capitaine Glanton mène cette armée loqueteuse et puante composée d’hommes « parés d’organes humains comme des cannibales ». Tout cède sur leur passage, ils pillent, tuent, violent, brûlent, hommes, femmes, enfants, animaux. Aux côtés du capitaine, le juge Holden, un gros homme dotés de multiples capacités (il herborise, il dessine, il sait énormément de choses) tout en ayant une attitude ambigüe vis à vis du gamin.
Le roman est inspiré de faits réels commis par John Joel Glanton et sa bande entre Texas, Mexique, Arizona et Californie entre 1849 et 1850. Un long carnage sans fin, on massacre tout ce qui bouge, on scalpe, ça pue le sang et la tripaille, on incendie masures et campements et la bande crapahute dans des décors dignes de l’enfer, soit c’est le désert et le manque d’eau, soit c’est la neige et le froid, la Nature à l’unisson des Hommes se fait violente avec ses animaux sauvages (« l’ours s’élança en serrant dans sa gueule l’Indien qui se balançait comme une marionnette »).
Cette horreur factuelle est accentuée par l’écriture de Cormac McCarthy, froide, sans aucun pathos ou empathie, empathie pour qui d’ailleurs, tous sont exécrables. Outre ce point, la lecture du récit n’est pas toujours très simple, aucun tiret pour les dialogues et des ellipses en compliquent un peu la compréhension. Le lecteur avance dans le texte sans vraiment vouloir savoir comment il va se terminer (se termine-t-il ?), juste subjugué par cet effroyable déferlement de crimes.
Bien sûr, tout le monde ne pourra pas lire ce livre, mais ceux qui y parviendrons se laisserons happer par ce tourbillon fascinant, extraordinaire représentation de ce que peut être la violence humaine et le Mal, avec une légère trace de mysticisme (« S’il avait été dans le dessein de Dieu d’arrêter la dégénérescence du genre humain, est-ce qu’il ne l’aurait pas déjà fait ? »).
Enorme !
« Dans la cour les chasseurs de scalps se mirent en selle et tournèrent leurs chevaux vers le portail qui était maintenant ouvert pour laisser passer la lumière et les convier au voyage. Au moment où ils sortaient les damnés qui avaient trouvé refuge ici s’approchèrent en trainant le jeune métis et le déposèrent dans la boue. On lui avait brisé la nuque et sa tête pendante fit un étrange bruit mou quand ils le lâchèrent sur le sol. »
Cormac McCarthy Méridien de sang ou le rougeoiement du soir dans l’Ouest Editions de l’Olivier - 460 pages -
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par François Hirsch
5 commentaires
J'ai lu La route, voici comment je termine mon billet
Allez, quelques remarques sur des détails:
Tout au long de l'histoire, les deux personnages se cachent, et vers la fin, s'amusent à faire partir la fusée d'un pistolet d'alarme: pourquoi risquer de se faire repérer?
Juste après avoir trouvé une trousse de premiers secours, hop, le gamin tombe malade et le père est blessé. De même quand il n'y a plus rien à manger, hop, ils découvrent des provisions en abondance. Juste quand le fils se retrouve seul, hop, des "gentils" arrivent pour s'occuper de lui. Un peu artificiel, forcément.
Je reste là pour l'auteur...
Conclusion : un livre qui marque mais un peu longuet.
J’ai lu plusieurs romans de l’écrivain et j’ai déjà un autre billet programmé pour dans peu de temps…. Ce que l’on doit surtout en retenir, à mon avis, c’est son style ! Froid, sec, économe pour les grandes lignes. Alors, certes, il peut déconcerter et moi-même, à chaque entame de lecture je dois me « pousser » mais ça donne néanmoins de sacrés bons bouquins !
Comme Keisah, j'ai bloqué sur "La route"... et pourtant je pense que certains autres de ses titres pourraient me plaire, notamment ceux de la trilogie des confins (qui commence par De si jolis chevaux), tu l'as lue ?
Mais celui-là aussi me tente bien maintenant...
J’ai lu la Trilogie, « De si jolis chevaux » est un excellent roman ! J’ai chroniqué 6 bouquins de l’écrivain et un autre billet est déjà programmé pour très bientôt…
Je vais aller fouiller dans ton index, dans ce cas...
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