Douglas Kennedy : Et c’est ainsi que nous vivrons
08/06/2023
Douglas Kennedy, né en 1955 à New York, est un écrivain américain qui décrit de manière très acerbe certains aspects des Etats-Unis d'Amérique, dénonçant notamment leur puritanisme religieux. Il vit entre Paris, Berlin et le Maine. Son nouveau roman Et c’est ainsi que nous vivrons vient de paraître.
En 2045, les Etats-Unis sont devenus les Etats désunis depuis qu’une nouvelle guerre de Sécession a scindé le pays en deux. L’élection de Donald Trump puis la catastrophique gestion de la crise du Covid ont exacerbé les passions et conduit à cette impasse. Ce pays coupé en deux se répartit désormais entre une Confédération unie (CU) et la République unie (RU) ; la CU est une théocratie (Gouvernement par un souverain considéré comme le représentant de Dieu) regroupant les Etats conservateurs ; sur les côtes Est et Ouest, la RU est une république dirigée par un milliardaire de la High-tech (Elon Musk ?) mais où la surveillance individuelle est poussée à son comble. Dans ce contexte très tendu, Samantha Stengel des services secrets de la RU est chargée d’éliminer en terrain adverse une adversaire très dangereuse… sa demi-sœur, dont elle ne connaissait pas l’existence jusqu’à aujourd’hui !
Pour clarifier les choses d’emblée, je ne suis pas un amateur de cet écrivain. Pour moi c’est un bon écrivain sans plus, de bouquins très gentils… En général je l’évite mais le sujet de ce nouvel ouvrage m’intéressait vivement, j’ai donc replongé mais je ressors de ce bain conforté dans mon opinion.
Ce que j’ai aimé dans ce roman, c’est le contexte, la situation politique du pays et du monde, extrapolation presque logique ( ?) de la situation actuelle aux Etats-Unis. De même, les moyens de surveillance poussée comme cette puce implantée dans le corps de chacun des habitants, épiant tous leurs faits et gestes, mais aussi étant connectée à une montre de permettre à chacun d’enregistrer tout ce qu’il voit ou entend, les surveillés peuvent aussi surveiller leur entourage !
Autre point intéressant, Samantha se fait passer pour une critique cinématographique pour remplir sa mission et Douglas Kennedy, cinéphile, nous régale de ces bons vieux films d’autrefois quand il ne lâche pas une critique acerbe, « Le problème avec les artistes qui basculent dans les extrêmes, que ce soit au niveau politique ou social, dis-je, c’est que leur côté radical gâche souvent le reste de leur œuvre aux yeux du public »…
Par contre ce que j’ai beaucoup moins aimé, c’est l’intrigue proprement dite, gentillette, bavarde et ce n’est pas le rebondissement en fin d’ouvrage qui change quoi que ce soit à cet épilogue qui n’en finit pas.
Un bouquin intéressant pour discuter de géopolitique et d’avenir de nos sociétés où le Bien et le Mal ne sont plus tranchés, où les affrontements sont permanents, où la solitude humaine semble la seule échappatoire, « Mieux vaut rester seule. Et c’est ainsi que nous vivons aujourd’hui. »
« La République unie. En un an à peine, c’était chose faite. Tous les combats – législatifs, fiscaux, culturels, militaires – qu’il a fallu mener pour mettre au monde la RU ont également renforcé la menace représentée par nos anciens compatriotes. Malgré cette séparation relativement rapide, presque douze ans plus tard, la sensation de perte s’avère toujours aussi vive. (…) L’animosité des deux camps n’a rien perdu de sa virulence. »
Douglas Kennedy Et c’est ainsi que nous vivrons Belfond - 335 pages -
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Chloé Royer
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