Dominique Fabre : Gare Saint-Lazare
30/10/2023
Dominique Fabre est un écrivain français né à Paris en 1960. A 23 ans, il travaille dans le tourisme et sur des chantiers d'appartements où il rencontre sa femme avec qui il aura deux fils. Après cela, il obtient un poste de correcteur en imprimerie, puis en presse avant d’écrire son premier livre en 1995.
Consultant la liste des nouveautés littéraires, quelle ne fut pas ma surprise en tombant sur ce bouquin, quelqu’un avait écrit un roman sur MA gare ! Car je considère cette gare comme ma propriété. J’avais dix ans quand j’ai quitté Paris ma ville natale et depuis cette date remontant au milieu du siècle dernier, malgré plusieurs déménagements, j’ai toujours habité le Grand Ouest parisien, donc toujours desservi par la gare Saint-Lazare, mon cordon ombilical avec la capitale, autant vous dire que je connais le quartier ! J’ai néanmoins été rassuré en constatant que c’était Dominique Fabre qui en était l’auteur, un précédent roman, Mon Quartier, attestait de sa connaissance des lieux.
Alors je l’ai suivi comme son ombre dans ses déambulations à travers la gare ou dans les rues avoisinantes, à ses souvenirs personnels répondaient les miens propres, parfois ils se confondaient quand nous avions vécu les mêmes expériences ou moments.
L’écrivain mêle la visite géographique des lieux, la gare, le quartier, et sa vie d’enfant jusqu’à celle de jeune homme. Un coin de ville où sa mère très présente est un fil rouge pour son récit. Une mère célibataire avec deux enfants, l’écrivain et sa sœur, une petite vie pas bien riche, elle est comptable toujours en recherche d’un job. Parfois un amant pour vivre un peu quand le gamin est à l’internat… Le narrateur grandit, il traine souvent dans la gare avec son pote le Crobard qui passe son temps à dessiner… des rencontres au milieu de cette foule qui court vers son train ou à l’opposé vers son métro, là un arnaqueur, et puis cette petite jeune fille qui vend des lithographies à la sauvette dont il tombe amoureux, bohème et junkie, un jour elle disparait comme elle était apparue… « Elle est dans mon cœur pour toujours », souvenir étroitement lié à cette gare.
Tout le roman baigne dans une douce mélancolie, parce que l’auteur n’a pas le caractère d’un mariole (« Toute ma vie je serai peut-être bon à rien, juste un peu spécialisé dans la gare Saint-Lazare ») et surtout parce que ses souvenirs lui montrent le temps qui passe, les choses évoluent, la gare d’aujourd’hui n’est plus celle qu’elle était alors, ça se modernise, des commerces ont disparu, d’autres sont arrivés. Et puis sa mère, toujours sa mère, descendant du train dans cette gare pour aller travailler, ou bien lui pour aller la voir à son bureau ; décédée aujourd’hui, un autre souvenir à jamais gravé dans son cœur, « Tu es encore aussi la personne qui attend quai B à Asnières le train vers la gare Saint-Lazare et sort du côté de la rue de Rome, où j’aimerais encore que tu sois, dans une autre vie. »
Vous ne connaissez pas cette gare, ni ce quartier ? Qu’importe, c’est un beau et charmant voyage à faire avec ce roman. Prenez votre ticket !
« Ils ont fermé la pharmacie Bailly, celle qui fait l’angle en bas de la rue de Rome, près de la gare Saint-Lazare. Je me suis rapproché comme un ahuri, j’ai regardé autour de moi, elle avait disparu. Ah oui, mais non, là-bas ! En fait ils l’ont seulement changée d’endroit, ils l’ont installée de l’autre côté de la cour de Rome, sous les arcades, près du grand PMU où les tickets que j’achète ne sont jamais gagnants. Mais je l’avais vue là, en bas de la rue de Rome, toute ma vie. »
Dominique Fabre Gare Saint-Lazare Fayard - 141 pages -
8 commentaires
Cette gare est quasi devenue une ville, il ne fait pas bon avoir à y prendre le train si on n'y a jamais mis les pieds... c'est un centre commercial, du clinquant, du qui clignote, tout ce que je déteste et me met mal à l'aise... non vraiment, je n'aime pas ces grandes gares parisiennes...
Tu vas dire que je ne suis pas objectif et il y a certainement du vrai, néanmoins : c’est la gare parisienne la plus agréable ! Il y fait moins froid (courants d’air) que gare du Nord ou de l’Est, il est beaucoup plus facile d’accéder aux quais et c’est faux de dire que « il ne fait pas bon avoir à y prendre le train si on n'y a jamais mis les pieds... », la lisibilité est on ne peut plus simple, tous les quais sont côte à côte et sur un seul niveau.
Concernant les commerces, d’accord, mais c’est une politique économique pour ainsi dire mondiale et même nos gares des grandes villes de province y viennent, la différence étant qu’étant plus petites c’est moins agressif.
J’aime MA gare, j’aime la gare Saint-Lazare ! Ah ! Ah ! Ah !
moi j'aime bien traîner dans les gares celle que je connais mieux c'est la gare Montparnasse il faut dire que j'arrive toujours une heure en avance ... mais ma préférée c'est la Gare d'Orsay (j'ai essayé de faire une blague!)
Montparnasse est vraiment très grande et ces travaux qui n’en finissent pas ! C’est peut-être terminé maintenant, je n’y suis pas retourné depuis un an. Ta boutade sur Orsay est très bonne et à tout prendre c’est aussi ma préférée !
J'ai acheté ce livre à cause de son titre! Moi aussi je connais bien la gare st Lazare et ses environs, ayant fréquenté le Lycée tout proche,et plus tard en tant que banlieusarde de l'ouest. C'est agréable de suivre un cheminement autre que le sien dans un quartier qu'on connaît bien! L'auteur a suivi toutes les transformations de l'endroit (un temps très sinistrée puis devenue hyper-commerciale, en effet) ; il parle beaucoup du café-brasserie l'Oiseau blanc,et du cinéma le Pasquier ( disparu depuis longtemps) ; du disquaire ... un voyage dans le temps!
C’est vrai, la gare avait une sale tête à une époque, comme beaucoup de gares parisiennes elle a bénéficié de longs travaux et les galeries marchandes ont pris beaucoup d’importance, mais finalement je la trouve très élégante aujourd’hui !
Le cinéma Pasquier j’ai bien connu, le disquaire Le Discobole c’est là que moi fan de rock, j’ai fait mes premières grosses dépenses en vinyles…. Toute une époque qui me renvoie à ma jeunesse.
Une gare que je connais peu voire pas du tout. La mienne, c'est Austerlitz (et ses travaux depuis... avant le covid!) Sans doute nécessaire, mais... gros regrets. Sauf l'accès à l'autre rive, une ouverture réussie.
Inversement, Austerlitz est celle que je connais le moins bien. Mais de toute manière elle est moins bien que Saint-Lazare, plus accueillante et à taille humaine… évidemment !
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