Jean Rolin : Le Pont de Bezons
02/11/2023
Jean Philippe Rolin, né en 1949 à Boulogne-Billancourt, est un écrivain et journaliste français. Etudiant, Jean Rolin s'investit dans la tendance maoïste de mai 68. Au début des années 1970, il intervient comme représentant de la Gauche prolétarienne à Saint-Nazaire. Journaliste, il a surtout effectué des reportages, entre autres pour Libération, Le Figaro, L'Evénement du jeudi et GEO. Ecrivain, il est l'auteur de récits de voyage, de chroniques, de souvenirs, de romans et de nouvelles.
Paru en 2020, Le Pont de Bezons est retenu dans les premières sélections de nombreux prix littéraires dont le prix Goncourt, le prix Renaudot ou le prix du Livre Inter, avant de recevoir finalement le prix Joseph-Kessel en mai 2021. En lisant cela sur sa fiche Wikipédia, j’en suis tombé de ma chaise car ce bouquin est épouvantablement mauvais !!
L’écrivain se propose de visiter les bords de Seine de Melun au sud à Meulan au nord sur une durée d’un an, avec le pont de Bezons très approximativement au centre. Intéressant pitch de départ et l’innocent lecteur se prépare à une expédition poétique à la Bernard Ollivier ou cultivée et intelligente à la Sylvain Tesson, hélas, après trente pages la désillusion est frappante et le chemin de croix va s’avérer supplice jusqu’à la dernière ligne.
Rolin a écouté Brassens, « Jadis ici c’était la zone » mais contrairement à lui qui était capable de voir une petite fleur se frayer un chemin au cœur du bitume, l’auteur ne voit que les plaques de béton du paysage urbain et désolant de son itinéraire. Terrains vagues, pylônes, béton décrépi, ligne du RER (« les voies du RER D franchissent la Seine après avoir survolé les montagnes de ferraille à différents degrés de transformation »), étrons humains (« il m’est désagréable d’imaginer que deux personnes capables de chier au beau milieu d’un quai autrement impeccable s’y trouvent embusquées ») etc.
Ce paysage, réel certes, peut faire le sujet d’un bouquin respectable, il n’est pas question de se voiler la face. Encore faudrait-il qu’il soit servi par une écriture à la hauteur d’un projet littéraire, ce qui n’est pas le cas. Le récit est écrit dans un style journalistique et pas des meilleurs, voire administratif, qui en rend la lecture très désagréable (« à la date de ma première visite dans le contexte du projet, le vendredi 17 août 2018 »), ponctuée maintes fois de « comme la suite devait le prouver ». Le déroulé est décousu, on passe de Melun au nord à Corbeil au sud sans crier gare, les précisions fatiguent le lecteurs (les noms des rues qui s’enchainent…), les objectifs de l’auteurs n’intéressent pas (« établir un compte exact des salons de coiffure de la rue de Paris ») etc. etc.
C’est sur les genoux que je suis arrivé au bout de ce bouquin où j’ai retrouvé les mêmes travers lus précédemment dans Les Evènements. Il y a pont et pont, ici c’est le pont des soupirs d’ennui !
« Non moins arbitraire que le choix du pont de Bezons comme pivot de ce dispositif, celui de circonscrire mes reconnaissances des berges de la Seine à Melun, vers l’amont, et à Mantes vers l’aval, tient peut-être, pour une part, à ce qu’un examen superficiel d’une carte de la région parisienne fait apparaitre la position de ces deux villes comme plus ou moins symétrique par rapport à la capitale (et aussi, dans le cas de Mantes, à ce que cette ville marque la limite de validité du pass Navigo dans cette direction). »
13 commentaires
Merci de l'avoir lu pour nous, je l'avais noté pour éventuellement l'emprunter dans le cadre de l'activité "Sous les pavés les pages"... je le supprime de ma liste !
Ce ne sont pas les lectures qui manquent donc beaucoup d’autres livres t’attendent. Néanmoins tu peux aussi t’interroger sur la valeur de ma critique sachant que ce bouquin avait été retenu pour plusieurs prix littéraires. Aurais-je donc raison, seul contre tous ???
Malgré cet avis fort dissuasif, je récupère ton lien car comme le souligne Kathel, cette lecture rentre parfaitement dans le cadre de l'activité sur les lectures urbaines !
J’espère et suis certain que les LC n’impliquent pas que nos billets soient toujours positifs…. ?
Mais oui nous sommes d'accord, bien sûr !
Alors là... J'ai aimé Les événements, et j'ai lu ce pont de Bezons, le bouquin parlant d'endroits que je ne connais pas (impossible de visualiser), où il ne se passe rien ... mais j'en raffole. Donc sur ce coup là, on n'est pas d'accord! (je n'ai pas écrit de billet, la paresse)
Myriam, qui habite à côté de Paris, semble avoir aimé!
https://netsdevoyages.car.blog/2022/12/01/le-pont-de-bezons-jean-rolin-p-o-l/
Je ne détiens pas La Vérité par contre c’est ma vérité ! Et comme je le disais à Kathel « Néanmoins tu peux aussi t’interroger sur la valeur de ma critique sachant que ce bouquin avait été retenu pour plusieurs prix littéraires. »
Je reconnais quand même que c'est assez spécial... C'est chouette d'avoir des avis différents.
Ah ! Ah ! Donc il n’est pas si évident de trouver bon ce bouquin…. Oui, tu as raison « C'est chouette d'avoir des avis différents. »
voilà un pont sous le quel l'onde passe sans retenir mon attention !
Hé! Hé! Oui, il est préférable d'aller ramer ailleurs...
J'avais prévu (sans plus d'enthousiasme que ça) de lire l'un des livres de Jean Rolin dans le cadre de l'activité "Sous les pavés, les pages" mais je crois bien que je vais m'éviter une déconvenue... merci donc pour cette chronique honnête.
Je fais ce que je peux, mais comme je l’ai dit à nos collègues, ce n’est que mon avis…..
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