Dominique Paravel : La Collection
01/02/2024
Dominique Paravel, née en 1955, a vécu son enfance à Lyon et plus de vingt ans à Venise. Son œuvre est mince et La Collection, son nouveau roman, vient de paraître.
Sur une aire de repos d’une autoroute dans la Drôme, Gabriel fait un léger malaise, quand il reprend ses esprits, sa voiture et sa femme Ania ont disparu ! Un huis-clos où durant vingt-quatre heures, Gabriel, la soixantaine, conservateur d’un musée en province, va chercher sa femme Ania, vingt ans plus jeune, directrice d’une agence d’évènementiel.
Si vous êtes capable de mettre de côté, le temps de cette lecture, votre esprit cartésien, il y a de fortes chances pour que vous tombiez sous le charme de ce délicieux roman.
Pour retrouver Ania, Gabriel va interroger ceux qui pourraient l’avoir aperçue, les employés de l’aire de repos comme Hermine, serveuse à la cafétéria, mais aussi les voyageurs stationnés là le temps d’un repas sur le pouce, une pause-pipi ou de détente pour les enfants, à moins que ce ne soit ce camionneur albanais. L’inquiétude va s’accentuer quand les vagues informations recueillies suggèreront qu’elle serait peut-être partie avec un type barbu ? L’imagination de Gabriel s’active, un amant ?
Cette population disparate est joliment croquée par l’écrivaine et nous donne de savoureux portraits (Vacanciers, routiers, prostituées, employés…), même si le constat pour Gabriel se résume à convenir que « tout le monde se ressemble sur une aire d’autoroute, un visage unique que se partagent tous les voyageurs, interminable défilé de duplicatas, à croire que l’unicité de chaque visage humain est une légende. »
A cette collection de tronches se mêle la collection de tableaux que Gabriel gère dans son musée, qui à son plus grand étonnement trouve un écho, une ressemblance avec ces gens qu’il interroge. Gabriel va et vient des parkings à l’air de jeux ou aux bâtiments, interroge et s’interroge, appelle son fils ou sa fille, et surtout laisse son esprit divaguer, revoyant sa vie passée, ses deux femmes, ses maîtresses, sa passion pour l’art et la peinture. Vingt-quatre heures d’un cheminement initiatique qui se ponctuera par une jolie pirouette finale.
Le roman est très bien écrit et si vous acceptez de vous laisser emporter dans cette charmante aventure, vous en retirerez une très grande satisfaction. Une bien belle surprise pour moi.
« Et maintenant il devait expliquer au jeune homme assis derrière une vitre et chargé de résoudre les problèmes des voyageurs que soudain, de cette vie mal vécue, avaient disparu deux éléments fondamentaux : sa femme et sa voiture. Le jeune homme nota le nom et par l’intermédiaire d’un micro tonitruant annonça à l’aire de repos dans sa tonalité qu’Ania Revers était attendue par son époux à l’accueil à côté de la Maison des Nougats. L’époux attendit. »
Dominique Paravel La Collection Serge Safran Editeur - 131 pages –
S’il y en a qui fantasment sur les autoroutes, mais dans un genre bien différent, ce bouquin pourra être rangé à côté du roman de Joseph Incardona, Derrière les panneaux il y a des hommes.
2 commentaires
Tu peux ajouter à ton rayon "autoroutes" Aires de Marcus Malte... Voilà qui fait rêver, non ? ;-)
Je suis prêt à parier qu’on doit pouvoir encore allonger cette liste de romans liés aux autoroutes. Si quelqu’un veut l’enrichir un peu plus….
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