Paul Benjamin : Fausse balle
23/05/2024
Paul Benjamin est le pseudonyme sous lequel Paul Auster (1947-2024) qui vient de nous quitter, à écrit son premier roman, un roman policier. Le livre a été écrit en 1978, époque difficile pour l’écrivain qui vit de petits boulots et même la naissance de son fils Daniel en 1977 ne compense pas le délitement de son mariage avec l’écrivaine Lydia Davis. Fausse balle, refusé par les éditeurs, ne verra le jour qu’en 1982 et dix ans plus tard pour la traduction française. Pour les connaisseurs de l’œuvre de Paul Auster, Paul Benjamin est aussi le nom du personnage écrivain dans son film Smoke…
Max Klein, détective privé à New York, voit débarqué dans son bureau George Chapman, une ex-star du baseball envisageant aujourd’hui de se lancer dans la politique, encouragé par les Démocrates pour briguer un poste de sénateur. L’homme a reçu une lettre le menaçant de révéler certains secrets le concernant, or il n’a aucune idée de quels secrets il s’agit ! Max est à peine sur l’affaire que Chapman meurt empoisonné !
Un polar digne du nom pour la célèbre collection.
Paul Benjamin/Auster est à l’aise comme un poisson dans l’eau pour manier tous les clichés du genre et prendre sa place dans la longue file des maitres du polar à l’ancienne. Dans ce type de polar on sait par avance ce qu’on va y trouver et c’est aussi cette certitude qui nous apporte la sérénité et le confort de lecture qu’on est venu y chercher.
Nous avons donc des cadavres, une histoire ancienne qui revient sur le tapis, un privé avec ses tourments personnels qui sera menacé, tabassé et qui échappera de peu à la mort, la séduisante femme du défunt dotée « d’une sensualité qu’on ne rencontre pas souvent chez les femmes riches », son amant, un vieux mafieux, un flic grognon au début avant de s’avérer plus sympa avec Max, de fausses pistes et un épilogue plutôt original.
Le roman est très bien écrit, agréable et ponctué là encore pour respecter les règles du genre, d’un humour sympathique (« [les vitres de la fenêtres] Elles n’avaient pas vu le chiffon depuis le jour où Monsieur Propre était devenu chauve… »). Un bien bon roman.
« Ou bien Chapman était un excellent acteur, ou bien il menait réellement une vie irréprochable. Je ne savais que penser. Il semblait presque trop franc, trop empressé à me convaincre avec ses belles paroles. Je voulais le croire, pourtant quelque chose résistait au fond de moi. Si j’acceptais le récit qu’il donnait de sa vie, je n’avais rien sur quoi démarrer mon enquête. Pourtant, quelqu’un souhaitait vraiment sa mort. »
Paul Benjamin Fausse balle Gallimard Série Noire - 280 pages -
Traduit de l’américain par Lili Sztajn
2 commentaires
bel hommage à cet auteur que j'apprécie , je ne connaissais pas ce roman et je ne dois pas être la seule !
Après son décès les journaux ont publié leurs nécrologies et c’est là que j’ai découvert ce roman… qui m’a semblé original par comparaison avec son œuvre connue. Bonne pioche, c’est un bon polar classique.
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