Henning Mankell : Les morts de la Saint-Jean
15/10/2012
Dans le polar il y a plusieurs écoles comme dans tous les genres littéraires et on s’y bouscule au portillon. Aussi les éditeurs depuis de nombreuses années maintenant, pour s’ouvrir des marchés, ont découvert un nouveau filon, les polars « exotiques ». Je vous rappelle la définition d’exotique selon l’ami Robert « ce qui selon la perception occidentale est perçu comme étrange et lointain ». Trop connus les polars anglo-saxons, maintenant on veut du nouveau, des histoires policières qui se déroulent au Moyen-âge ou au XVIII siècle avec Nicolas le Floch (JF Parot), des intrigues dansla Chinedu juge Ti (Robert Van Gulik) ou dans une réserve indienne Navajo (Tony Hillerman). Il y a même une école Nordique où s’illustrent quelques Suédois très doués comme Maj Sjöwall et Per Wahlöö avec leur inspecteur Beck et pour le bouquin qui nous intéresse aujourd’hui Henning Mankell et sons héros Kurt Wallander.
Quand j’écris héros pour Kurt Wallander, je ne parle pas du héros hollywoodien, mais d’un inspecteur âgé d’une cinquantaine d’années, usé par son métier, sa solitude et la tournure que prend la société. Car derrière l’intrigue policière sourd le constat désabusé de l’Etat Suédois qui n’est plus ce modèle social tant vanté il y a encore vingt ans. Le lecteur pourra d’ailleurs appliquer la grille de lecture à son propre pays. C’est le premier roman d’Henning Mankell que je lis (paru en 1997) et le début m’a paru très lent et pesant puis, au fil des pages c’est justement cette histoire au ralenti qui fait tout le charme de l’écrivain et colle parfaitement à la personnalité de Wallander. Les cafés renversés sur la chemise déjà sale, les nuits sans sommeil, le sandwich avalé à la va-vite, le diabète révélé, l’enquête qui piétine, les idées qui se brouillent quand la solution est si proche…
La nuit dela Saint-Jeantrois jeunes gens sont abattus dans une forêt, un inspecteur est tué chez lui, puis ce sera le tour de deux jeunes mariés. Un tueur en série aussi mystérieux qu’insaisissable sévit et Kurt Wallander n’y comprend rien.
« L’espace d’un instant Wallander éprouva une gigantesque amertume. Il avait été policier toute sa vie. Il pensait avoir contribué à protéger ses concitoyens. Mais tout avait empiré autour de lui. La violence avait augmenté.La Suèdeétait devenue un pays où les portes fermées devenaient de plus en plus nombreuses. Parfois, il pensait à son trousseau de clés. D’année en année, le nombre de clé augmentait. De plus en plus de serrures, de plus en plus de codes d’accès. Et au milieu de toutes ces clés, une nouvelle société émergeait, à laquelle il se sentait de plus en plus étranger. »
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