Josef Winkler : Langue maternelle
17/10/2012
Au dos du livre l’éditeur précise « Paru en 1982, Langue Maternelle reste à ce jour le plus symphonique des livres de Josef Winkler : une symphonie où les principaux thèmes devenus familiers à ses lecteurs (le sexe, la mort et les rituels funéraires, la souffrance animale, le poids de la culpabilité que le catholicisme fait peser sur les hommes) atteignent, par la vertu incantatoire de l’écriture, à une intensité proche de l’hallucination. »
Je ne pensais pas en lisant ces lignes que cette introduction devait se comprendre comme une mise en garde du type « Lecteur toi qui ouvre ce livre prend garde à toi » car après trois pages j’ai failli abandonner ma lecture. Tout le livre n’est qu’une suite de phrases sans chapitres, ni paragraphes pour la forme. Quant au fond, la réalité biographique, les fantasmes liés aux thèmes annoncés ci-dessus rendent certains passages écoeurants ou répugnants, au « mieux » pénibles. Cruauté et tendresse se mêlent en une prière où l’auteur cherche désespérément une protection. Tous ces déballages de perversions et de liquides corporels coulant d’entre les pages constituent néanmoins et à mon grand étonnement cette symphonie annoncée qui m’a poussé contre ma volonté propre à poursuivre la lecture de ce livre, envoûté par ce style peu ragoûtant.
Si le but de la littérature est de nous faire ressentir des émotions (agréables ou pas), ce roman peut s’inscrire parmi les grandes œuvres littéraires. D’ailleurs Josef Winkler écrivain Autrichien a été primé de nombreuses fois, recevant le prix Alfred Döblin et l’année dernière le prix Büchner, le Goncourt Allemand. Un grand livre ou une grosse merde, tout dépendra de votre implication dans sa lecture, tout le contraire d’un roman de gare. Vous êtes prévenus.
« Hier le sapin s’est agenouillé devant moi, il a croisé ses branches et s’est mis à prier. Je me suis emparé d’une hache et j’ai coupé les branches qui m’adressaient leurs prières. Quand commencerons-nous enfin à dresser dans les forêts d’épicéas les bustes de bûcherons décédés. Un enfant buvant du sang de cigogne. Cette nuit en rêve, j’ai donné un baiser à Judas, qui a trahi Jésus. Un nain n’arrive pas à la cheville d’un géant, le David de la Bible aurait pu le prouver. L’infirme parlait avec une telle exaltation de la beauté de sa femme que je voulus être infirme moi-même afin de pouvoir aimer une belle femme. »
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