Amélie Nothomb : Le Fait du prince
18/12/2012
Amélie Nothomb, née en 1967 à Kōbe au Japon, est une écrivaine belge francophone qui partage sa vie entre la France et la Belgique. Le Fait du prince, son 17e roman est paru en 2008.
Baptiste Bordave mène une vie bien banale, jusqu’au jour où inconnu sonne chez lui pour téléphoner car il est en panne de voiture et meurt subitement à ses pieds ! Ne sachant que faire, craignant d’être inculpé de meurtre par la police, Baptiste Bordave décide de prendre l'identité du mort et devient donc Olaf Sildur. Il va vivre durant plusieurs jours une nouvelle vie, faite de luxe où le champagne coule à flots en compagnie d'une très belle femme, la compagne du mort, dans une villa de Versailles. Mais quelle était l’activité de cet Olaf Sildur ? Les hypothèses les plus folles sont envisagées, trafiquant de drogue, espionnage, toujours est-il que notre Baptiste n’est plus tranquille, d’ailleurs deux hommes le surveillent et l’oblige à fuir.
Disons le tout de suite, l’intrigue est complètement farfelue et ne tient absolument pas la route si on envisage le bouquin comme une sorte de roman vaguement policier ou d’espionnage, ainsi que pourrait le laisser supposer mon résumé de l’histoire. Rien n’est crédible. On peut passer sur certains points, mêmes s’ils ne sont pas très motivés, par exemple cette usurpation d’identité entre Sildur et Bordave. Par contre on ne peut pas accepter cette facilité de scénario, un souterrain secret reliant la villa, où se terrent Bordave et la jeune femme, avec la salle des coffres d’une banque et la porte de sortie !
Si le bouquin était paru dans une collection spécialisée dans le polar, un zéro serait une note bien trop aimable encore. Et même comme ici, chez Albin Michel, ça ne vaut pas tripette, mais pourtant. Mais pourtant, comme toujours chez Nothomb, il y a ce style, léger comme les bulles du champagne dont s’abreuve le couple, ce ton badin dans le sens d’enjoué, utilisé par l’écrivaine pour décrire la situation d’un homme placé dans une situation complètement déstabilisante.
Et puis j’ai été intrigué par cette histoire sans queue ni tête, cette usurpation d’identité dont je voyais mal comment elle pourrait s’achever, cette situation abracadabrante où Bordave devenu Sildur s’installe chez la femme de l’autre sans qu’aucune interrogation ne vienne remettre en cause leur cohabitation. Il y avait pourtant là, matière à en tirer quelque chose, mais il fallait travailler et fouiller plus profond, ce que n’a pas fait Amélie Nothomb, cédant à la facilité pour livrer en temps et en heure son roman annuel ?
Oui c’est vrai, le roman n’est pas bien bon, mais pourtant il se lit d’une traite et très vite, car bien qu’on ne croît à rien, on a hâte de savoir comment il va s’achever, espérant un retournement de situation digne des plus grands de la littérature. Attente vaine, hélas.
« Il y a un instant, entre la quinzième et la seizième gorgée de champagne, où tout homme est un aristocrate. Ce moment échappe au genre humain pour un motif médiocre : les êtres sont si pressés d’atteindre le comble de l’ivresse qu’ils noient ce stade fragile où il leur est donné de mériter la noblesse. »
Amélie Nothomb Le Fait du prince Albin Michel
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