Victorien Sardou à Marly-le-Roi
01/02/2013
Victorien Sardou né à Paris en 1831 est issu d'une famille provençale dont le père, Antoine Léandre Sardou, fut successivement comptable, professeur de comptabilité, directeur d'école et précepteur, tout en publiant des manuels de grammaire, des dictionnaires et des traités sur divers sujets. Ses débuts furent particulièrement difficiles. Comme il gagnait très insuffisamment sa vie, Victorien dut se débrouiller seul et fut contraint, par manque d'argent, d'interrompre les études de médecine qu'il avait commencées pour faire divers petits boulots. Dans le même temps, il s'efforçait de percer dans les lettres et il tenta d'attirer l'attention de Rachel en lui soumettant un drame, La Reine Ulfra, qui ne sera jamais joué.
Sardou se trouvait plongé dans la plus grande misère quand une personne qui vivait dans la même maison lui porta secours. Elle s'appelait Mlle de Brécourt et avait des relations dans le monde du théâtre, notamment la célèbre actrice Virginie Déjazet, dont elle était intime. Elle le présenta à son amie, qui s'enticha du jeune auteur. Pour lui, la comédienne, déjà âgée, acheta en 1859 un théâtre, « Les Folies Déjazet », boulevard du Temple à Paris, bientôt rebaptisé « Théâtre Déjazet ». Pour en soutenir les frais d'exploitation, elle alla jusqu'à reprendre ses tournées à travers l'Europe. Candide, la première pièce écrite pour Virginie Déjazet, fut interdite par la censure, mais les trois pièces suivantes, Les Premières Armes de Figaro, Monsieur Garat, Les Prés Saint-Gervais , eurent un grand succès tout comme Les Pattes de mouche (1860) pièce tirée d’un conte d’Edgar Poe.
C’est à cette époque qu’il loue un chalet à Louveciennes et qu’il découvre Marly le Roi et l’Hôtel Blouïn qu’il achète aussitôt (1863). « C’est Mme Benoiton qui paya la maison de Marly ! » aimait-il à dire. La famille Benoiton eut beaucoup de succès et reste certainement sa meilleure comédie de mœurs, caricaturant la société du Second Empire. En 1865 il devient conseiller municipal de Marly et en 1870 il est nommé délégué aux fonctions de maire avant de s’engager comme volontaire. Après la guerre, Sardou va enchaîner les succès, La Tosca (1887), Madame Sans-Gêne (1893), Théodora,Thermidor, il n’arrête plus d’écrire. En 1877 il est élu à l’Académie Française.
« Victorien Sardou était un maître du dialogue, et ses répliques s'enchaînaient avec esprit. Il appliquait les principes constructifs de Scribe, combinant les trois genres classiques – comédie de caractère, de mœurs ou d'intrigue – avec le drame bourgeois. Il montra autant d'habileté que son maître pour assembler ces éléments en des pièces solides et bien faites, tout en les tournant plus largement vers la satire sociale.
Il moqua la bourgeoisie égoïste et vulgaire dans Nos intimes ! (1861), les vieux célibataires dans Les Vieux Garçons (1865), les Tartuffes modernes dans Séraphine (1868), les paysans inspirés de ceux de Marly dans Nos Bons Villageois (1866), les vieilles coutumes et les principes politiques démodés dans Les Ganaches (1862), l'esprit révolutionnaire et ceux qui en vivent dans Rabagas (1872) et Le Roi Carotte (1872, opéra-bouffe sur une musique d'Offenbach), le divorce dans Divorçons ! (1880) et Daniel Rochat (1884).
Fédora (1882) fut écrite spécialement pour Sarah Bernhardt, à l'instar de nombre de ses pièces ultérieures. Il se renouvela en introduisant dans ses pièces un élément historique, généralement superficiel : il emprunta Théodora (1884) aux chroniques byzantines et La Haine (1874) aux chroniques italiennes, tandis qu'il situait La Duchesse d'Athènes dans la Grèce médiévale. Patrie (1869) évoque le soulèvement des paysans hollandais à la fin du XVIe siècle tandis que La Sorcière (1904) se déroule en Espagne au XVIe siècle. La Révolution française, la Terreur et le Directoire servent de cadre à plusieurs pièces : Les Merveilleuses (1873), Paméla, marchande de frivolités (1898), Thermidor (1891), et Robespierre (1899) écrite spécialement pour Sir Henry Irving. L'épopée impériale revit dans La Tosca (1887) et la très célèbre Madame Sans Gêne (1893). Il donna également Dante (1903), La Piste (1905) et L'Affaire des poisons (1907). » Pourtant de cette œuvre importante qui en fit l’un des grands auteurs dramatiques du XIXe siècle, il ne reste pour ainsi dire rien de nos jours. Le style est démodé et fait sourire.
De 1863 jusqu’à son décès en 1908, Victorien Sardou résida le plus souvent dans sa propriété de Marly avec sa seconde épouse et ses enfants. Sa demeure, le château du Verduron, est située face à l’église Saint-Vigor en haut du Vieux Marly. Il était une silhouette familière dans les rues du village, avec son éternel béret de velours et un foulard blanc noué autour du cou. La grande maison devint un musée pour ses innombrables bibelots, estampes et tableaux des XVII et XVIIIe siècles. L’écrivain adorait la profusion, lumière, fleurs, un vrai décor de théâtre. Pendant la guerre de 1870, sa maison est occupée par les Prussiens qui ne feront aucuns dégâts à sa monstrueuse bibliothèque de 80 000 livres auxquels il faudrait rajouter près de 20 000 ouvrages et documents installés dans les combles et servant d’archives pour ses drames historiques.
L’extérieur n’est pas mal non plus. Il y fit construire une orangerie (transformée depuis en maison particulière) et des serres dans les jardins. Quant à la grille d’honneur en fer forgé de l’entrée de la propriété, elle lui fut offerte par la Comédie-Française qui lui rendait-là ce qu’elle avait gagné par ses pièces à succès. Après l’Exposition Universelle de 1867, il rachète au pavillon de l’Egypte des sphinx, qu’il fait modestement disposer en double rangée de dix derrière la grille ! Aujourd’hui il n’en reste que quelques uns. Il achètera aussi des éléments du château des Tuileries, dont une belle colonne, pour meubler ses jardins.
Il meurt en 1908 à Paris, mais il est enterré au cimetière de Marly le 10 novembre.
Source : Marly rues demeures et personnages – Photos : Le Bouquineur
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