Guillaume Siaudeau : Tartes aux pommes et fin du monde
16/09/2013
Guillaume Siaudeau est né en 1980 et vit à Clermont-Ferrand. Il a déjà publié quelques poèmes et nouvelles ici ou là. Il paraît régulièrement en revues et est également le créateur de la revue de poésie « Charogne », éditée par les éditions Asphodèle. Tartes aux pommes et fin du monde, son tout premier roman, vient de paraître il y a quelques semaines.
Dans une ville de province non identifiée, un jeune homme manutentionnaire, tombe amoureux d’Alice, une jeune fille bibliothécaire rencontrée dans un supermarché. Son unique ami Arny, dépressif, se suicide ; Alice le quitte sans explication ; son employeur le licencie et sa propriétaire l’expulse de son logement. Le jeune homme achète un révolver.
Le problème avec les résumés de livres, c’est qu’ils raccourcissent les propos de l’auteur ! Si j’étais vous, à sa lecture pourtant réellement exacte, je ne serais pas tenté par le bouquin et ce serait une grave erreur, car nous avons là un délicieux petit roman dont tout le charme réside dans le ton et l’écriture de Guillaume Siaudeau.
Le narrateur, est un jeune homme rêveur, d’une gentille naïveté, un esprit simple et candide sans méchanceté aucune ; un rôle qu’un Rufus jeune aurait pu interpréter au cinéma, pour vous donner une idée du personnage. D’ailleurs, tout le monde est gentil dans ce roman. Sa propriétaire, qui lui apporte des tartes aux pommes sublimes et qui s’engage à lui en préparer d’autres, même après l’avoir expulsé ; Arny, son copain de boulot, qui ne vit que pour ses maquettes d’avion mais qui finira par se pendre ; Alice, sa petite amie, que lui et le lecteur trouvent parfaite, idéale pour ce genre de garçon, mais qui brusquement le quittera sans explication.
Des chapitres d’une page ou deux, un ton teinté d’humour ou de gentillesse naïve, l’écrivain pourrait tomber assez facilement dans la niaiserie, pourtant il s’en tire merveilleusement bien. Sous son faux aspect de bluette légère, il ne cache pas la dure réalité de notre époque, les licenciements, les expulsions de leurs logements, la circulation des armes à feu et la mort, mais là où certains auraient choisi le chemin du misérabilisme, la noirceur de la vie, Guillaume Siaudeau fait un trajet tout autre, il opte pour le poétique, le sourire discret et l’optimisme. Quand on voit la tonalité des romans qui sortent de nos jours, celui-ci vous procurera quelques instants d’apaisement dans ce monde de brutes… comme disait l’autre.
Tartes aux pommes et fin du monde est un petit bijou dont la valeur n’attirera pas nécessairement les braqueurs mais sur lequel devraient se pencher les esthètes.
« J’ai dit à Carole qu’il n’y avait pas de place pour elle à l’intérieur de moi, parce qu’une autre fille s’était installée et avait semé des tas de trucs dans ma tête, si bien qu’on ne pouvait pas y mettre un pied sans marcher où il ne fallait pas. Carole n’a rien compris à mon explication. Elle était persuadée qu’elle pouvait faire le ménage là-dedans. Carole avait l’âme d’une débroussailleuse de jardin secret envahi par les ronces. Je n’ai jamais revu Carole. Je n’étais pas fier en descendant les escaliers qui menaient à la rue. En sortant il m’a semblé voir l’ombre de Carole à la fenêtre, un sécateur dans une main et son cœur dans l’autre. »
Guillaume Siaudeau Tartes aux pommes et fin du monde Alma Editeur
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