Steve Stern : La Fabuleuse histoire du clan Kabakoff
23/09/2013
Steve Stern est un écrivain américain né en 1947 à Memphis (Tennessee). Après avoir suivi des ateliers d’écriture à l’Université de l’Arkansas, il s'est installé dans une communauté hippie dans le Missouri puis est parti vivre à Londres. De retour à Memphis, il se consacre à l’étude de la culture yiddish qui deviendra sa principale source d’inspiration. Il publie en 1983 son premier roman suivi d’autres, primés aux Etats-Unis. Il est aujourd’hui professeur d’anglais à Saratoga Springs (Etat de New York). Le Rabbin congelé publié en 2012 est le premier livre de Steve Stern traduit en français. Son roman, La Fabuleuse histoire du clan Kabakoff, tiré d’un recueil (A Plague of Dreamers) datant de 1994 vient de paraître chez nous.
Chronique d’une famille juive de Memphis, La Fabuleuse histoire du clan Kabakoff, s’étale sur trois générations entre la fin du XIXème siècle et 1968. Il y a Yankel, le grand-père venu d’Ukraine s’installer aux Etats-Unis, toujours plongé dans ses livres et la Torah, laissant sa femme Tillie s’occuper du Grand Bazar Kabakoff, une boutique vieillotte « où Tillie jouait autant le rôle de patronne que celui de conservatrice de musée » vendant tout et n’importe quoi. Le père, Mose, lui est un entrepreneur actif sachant faire fructifier une affaire et puis il y a son fils Itchy, laid mais séducteur, sorte de vilain petit canard de la famille, qui s’en exclura pour devenir membre d’une troupe de cirque ambulant comme dans le film Freaks (Tod Browning 1932).
Steve Stern a beau se démener, j’ai eu du mal à m’intéresser à cette saga emberlificotée racontée à rebrousse-temps, partant du petit-fils pour remonter à l’époque du grand-père. Les personnages ne manquent pas, outre ceux cités, et le reste de la famille ne manque pas de couleurs, les oncles Joseph et Enoch, la tante Lailah, comme les membres de la troupe de monstres, réels ou prétendus, travaillant pour le cirque. Ajoutez-y une légère dose de fantastique avec des personnages dont les silhouettes deviennent floues jusqu’à disparaitre (on pense à Harry dans tous ses états de Woody Allen) ou bien Lailah finissant par se plaindre à Itchy, « tu crois vraiment que c’est un métier pour une goule ? »
Si ce roman ne m’a pas accroché, la raison en est je pense, au fait qu’il me manque certainement des clés. Tout du long de ma lecture, j’ai eu l’intuition que l’écrivain utilisait tout un matériau provenant de sa culture yiddish, fait de textes religieux et de légendes, dont il exploitait les thèmes à sa sauce pour en faire son roman. De plus, l’abus de mots yiddish expliqués par des notes en bas de page, m’a paru lourd et inopportun dans la majorité des cas.
Une fois encore - mais combien de roman tombent dans ce travers ? – je déplore le commentaire de quatrième de couverture annonçant « une aussi phénoménale drôlerie ». Certes Steve Stern penche plus du côté de Woody Allen que de la Shoah, mais de là à en exagérer le mince sourire qui parfois m’est venu aux lèvres, il y a un fossé.
Seule la dernière partie du roman, en gros les cinquante dernières pages, a éveillé mon intérêt quand la parabole se révèle, une histoire en boucle où Mose le père, revient au foyer en 1968 tout comme Itchy, son fils l’avait fait quatre ans plus tôt. Un livre comme un palimpseste, où l’Histoire s’écrit sur l’effacement du texte écrit précédemment.
« Au bout du compte, tous les livres qu’il connaissait par cœur étaient devenus dans l’esprit de Yankel un seul et unique Livre, contenant toutes les histoires y compris la sienne. Et il aimait se dire que le Livre portait pour lui le fardeau du souvenir ; cela lui permettait de se sentir plus libre et de ne pas percevoir comme un lieu d’exil l’endroit où, pour le moment, il se trouvait. »
Steve Stern La Fabuleuse histoire du clan Kabakoff Editions Autrement
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Brévignon
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