Annabelle Boyer : L’Ange gardien du Samouraï
17/10/2013
Canadienne, Annabelle Boyer a un parcours hors normes. À l'âge de 14 ans, elle découvre le karaté Shotokan qu'elle pratique encore aujourd'hui et dont elle applique les principes et la philosophie dans chaque sphère de sa vie. Après avoir obtenu un DEC en sciences, elle complète un baccalauréat en génagogie (consolidation d'équipe) puis une maîtrise en administration avant de découvrir la synergologie dont elle est diplômée. L’Ange gardien du Samouraï, son premier roman est sorti au printemps, elle me l’a adressé aimablement, qu’elle en soit remerciée.
L’idée de départ n’est pas mauvaise, écrire un roman « genre policier » dont l’enquêteur est en fait une jeune femme karatéka, directrice des Ressources Humaines dans une petite entreprise. Claude, l’un des deux associés, patrons de la boite d’informatique, est décédé. Le second, Olivier, sent planer une menace sur lui, concrétisée par des intrusions nocturnes dans les locaux de l’entreprise, par un individu vraisemblablement à la recherche d’un dossier ou d’un document. Catherine, la DRH enquêteuse, s’aidant de ses connaissances en synergologie s’emploie à résoudre ce mystère, tout en aidant psychologiquement les gens de la boîte à l’aide de légendes et histoires souvent d’origine japonaise, courtes mais riches de sens profond.
Deux mots sur la synergologie, il s’agit d’une discipline qui permet d'appréhender la structure de pensée à travers la lecture de la communication non verbale. En gros, ce que les séries télé le Mentalist et Lie to Me, exploitent dans leurs scénarios.
Quand on a dit tout cela et qu’on s’attaque au roman réellement, c’est hélas une tout autre affaire car il n’y a pratiquement rien à en sauver à l’exception des fameuses légendes, et là on rejoint la série Kung Fu et le Petit Scarabée. L’intrigue policière est du niveau d’un très mauvais téléfilm français, genre Commissaire Magellan. La psychologie des personnages est caricaturale pour ne pas dire affligeante, les situations peu crédibles, les acteurs sont tout pâle ou tout rouge, les narines dilatées, le poing fermé etc.
Le style est inexistant et le lecteur francophone a du mal à démêler les tournures de phrases canadiennes (tout à fait acceptables) comme « Julie est sortie magasiner des chaussures », de celles qui laissent craindre une méconnaissance de la syntaxe ou des règles élémentaires de la langue. Ajoutons à l’agacement, les innombrables références en bas de page à des livres, certaines citées plusieurs fois, comme des spots de pub à la télé. Un roman pour midinettes, et encore ce n’est pas certain, car de nos jours elles me semblent plus exigeantes. Je crois qu’au Canada vous avez cette expression, un roman bien « platte* »…
« Si l’objectif était de l’ébranler, il est atteint. Elle qui pensait intervenir pour lui, c’est à son tour d’être secouée. Ce sont de grosses larmes qui coulent le long de ses joues lorsqu’elle ose enfin lever les yeux. Très doucement, Olivier passe ses pouces sur le visage ruisselant. Son regard est si doux et si intense que la jeune femme en est hypnotisée. Avec une infinie tendresse, il dépose un léger baiser sur son nez puis la serre de nouveau contre son cœur. – Merci d’être là. Je suis avec toi, ma jolie samouraï. »
Annabelle Boyer L’Ange gardien du Samouraï Béliveau Editeur
*Platte : ennuyeux, nul
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