Doit-on parler des mauvais romans ?
14/03/2014
La lecture des blogs littéraires et les échanges par le biais de commentaires déposés ici et là, m’ont fait réaliser que ce que je prenais pour un fait acquis était illusion. Les bloggeurs ne font pas tous état des mauvais livres qu’ils ont lus ce qui amène cette question, pourquoi ?
Tout d’abord je tiens à préciser que lorsque je parle de « mauvais roman », j’entends dire un livre qui ne m’a pas plu. J’avoue sans honte qu’il existe des romans multi-primés ou des classiques écrits par de grands écrivains qui me laissent de marbre, d’où cette autre précision, en tant que bloggeur je livre mon avis personnel, il vaut ce qu’il vaut, ni plus, ni moins.
A ce point, on doit alors s’interroger sur le rôle des blogs littéraires. Est-il de rendre compte des parutions et faire comme à la télévision ou dans la grande presse, évoquer les bouquins des écrivains archiconnus avec plus ou moins de connivence favorable ? Est-il de parler de bouquins pris dans les nouveautés comme dans les vieilleries, sans s’occuper d’un effet « mode » ? Et enfin, quand un bloggeur tombe sur un livre qui lui déplaît, doit-il l’ignorer, ou bien le chroniquer en trouvant un angle pas trop méchant, ou carrément le descendre dans les cas les plus extrêmes ? Là est la vraie question.
Pour moi, la réponse est claire et sans ambigüité. Je chronique les mauvais livres qui tombent parfois entre mes mains, hélas, et j’en dis tout le mal que j’en pense sans hésitation. Bien entendu la critique doit être argumentée, les « j’adore » comme les « c’est nul » n’ont aucun intérêt ici.
Pourquoi agir ainsi ? Pour une raison toute simple, à mon sens. Premièrement, la production mondiale de livres d’excellente qualité est déjà supérieure à ce qu’une vie entière de lecteur ne suffirait à engloutir. Deuxièmement, chaque rentrée littéraire et même le reste de l’année, déverse sur les tables des librairies des quantités astronomiques de livres tentants. Dans ces conditions, j’estime que notre rôle de bloggeur consiste à aider les lecteurs à faire leurs choix, car tout est là, il faut impérativement choisir et tous les gros lecteurs connaissent cette angoisse quand ils constatent que leur liste des livres à lire s’allonge plus vite qu’elle ne décroît.
Or, comment mieux aider les gens, si ce n’est en donnant un avis tranché sur un ouvrage. Tout avis est subjectif mais chacun le sait, moi qui écris mon billet, comme celui qui me lit. Quand je dis qu’un roman est mauvais (ou bon d’ailleurs) je ne cherche pas à influencer ceux qui me lisent mais à leur donner mon sentiment profond et honnête afin qu’ils en dégagent leur propre opinion.
Si je tiens un blog, c’est que je veux aider les lecteurs. C’est ma raison unique ! Je ne suis absolument pas là pour défendre des écrivains ou des maisons d’édition. Si mon intérêt littéraire pour un livre rejoint les intérêts de l’auteur et de son éditeur, tant mieux, mais ce sera un pur hasard.
Pour moi, le lecteur lambda – c’est lui que je veux aider, pas le boulimique de lectures - doit toujours affronter plusieurs problèmes avant de se lancer dans la lecture d’un livre : trouver un bouquin qui lui plaise, tenir compte de son prix (à la longue, la lecture revient chère et tout le monde n’a pas de bibliothèque municipale bien garnie) et surtout ne pas perdre son temps. Ne pas lui indiquer qu’il risque de s’égarer en lisant tel ou tel ouvrage serait lui rendre un mauvais service.
Quant aux écrivains et maisons d’édition, malgré tout l’amour que je leur porte puisqu’ils sont la source de mon vice préféré, je leur rappellerai ce proverbe bien connu « Qui aime bien, châtie bien ». Je ne vais pas développer, ce serait trop long, ce qui pour moi est une évidence à savoir la connivence générale entre professionnels du livre : les journalistes, les éditeurs, les remises de prix et certains écrivains, qui « obligerait » les uns et les autres à des renvois d’ascenseur entre amis. C’est donc à nous bloggeurs de faire le boulot de critique réellement indépendante (négative s’entend car la positive ne pose pas de problème évidemment) qui n’est pas assez répandu dans les médias traditionnels.
Un bloggeur qui lit un mauvais livre et qui n’en parle pas par charité pour l’auteur, au regard de son travail, commet une double erreur à mon avis : premièrement il laisse entendre à ses lecteurs qu’il n’a pas lu l’ouvrage donc qu’il est peut-être bon, ce que j’associerai à un mensonge par omission, deuxièmement il fait crédit à l’auteur. Or, je crois qu’il faut impérativement dire aux écrivains ce qu’on pense réellement de leur travail. Ca peut être dur mais c’est la règle du jeu, les écrivains écrivent pour être lus et quoi qu’en disent certains, pour être aimés. Ne pas leur dire notre vérité n’aide en rien les plus vertueux à progresser.
Enfin, il m’est arrivé de lire un livre et de ne pas l’avoir aimé, tout en ressentant au fond de moi qu’il avait des qualités qui m’échappaient. Dans ce cas, même en le critiquant négativement, je précise que lui et moi n’étions pas faits pour nous entendre.
Pour terminer, je voudrais ramener ce débat à ses justes proportions. Je n’ai pas pour vocation de dénicher les bouquins nuls et les dénoncer sur mon blog, au contraire, j’essaie au maximum de les éviter…
Voilà à peu près, toutes les raisons qui me poussent à ne pas taire mon sentiment vis-à-vis des mauvais romans. Mais pour que ce billet prenne un réel intérêt, je vous invite tous, que vous soyez blogueurs, simples lecteurs ou autres, à déposer un commentaire pour enrichir ce débat que je déclare officiellement ouvert !
42 commentaires
Je chronique volontiers les livres qui ne m'ont pas plu, tout autant que les autres. Et même, parfois, ceux que je n'ai pas réussi à terminer. Pour autant que je trouve un ou deux arguments qui me paraissent valables et que je réussisse à les énoncer. Ce n'est pas toujours facile. Par exemple, j'ai lu une partie des " Anges mineurs" d'Antoine Volodine. Je n'aime pas ce livre, et je ne l'ai pas terminé. Je ne suis pas sûre de pouvoir en parler de façon objective.
Je ne crois pas que mes avis aident les lecteurs: ils restent sur leurs positions, et ne se laissent pas influencer.
Merci Dominique pour votre commentaire. Vous avez dit l’essentiel, vous chroniquez aussi les livres que vous n’avez pas aimés « Pour autant que je trouve un ou deux arguments qui me paraissent valables et que je réussisse à les énoncer. » Quant à vos lecteurs qui ne se laissent pas influencer (je vous cite), je dirais tant mieux ! Je ne pense pas que nous soyons là pour influencer qui que ce soit, ni en pour, ni en contre la lecture d’un livre. Mais donner notre avis, leur permet de se faire une idée, en la comparant avec d’autres sources, et de là pouvoir faire un choix. Pour ma part il m’arrive de lire avec intérêt des critiques (livres, disques, cinéma…) dans des journaux dont je sais très bien qu’elles ne correspondent pas à mes goûts, mais en creux j’y découvre les informations qui m’intéressent !
Il est intéressant d'entendre des personnes qui savent faire une critique de livre, moi j'ai écrit un roman et il est très difficile d'avoir un avis fiable. J'aimerais beaucoup que des personnes telles que vous me disent vraiment ce qu'il en est. Pour ma part j'ai écrit avec passion, et en relisant certains passages je me disais parfois "wahoo, c'est génial ce que je viens d'écrire", il me semble que l'histoire est chouette et que c'est écrit avec style. CEPENDANT, je ne suis absolument pas objective, c'est pourquoi j'aimerais que quelqu'un écrive des commentaires sur mon roman.
En voici un résumé, merci d'avance. (titre 'La bouseuse embourgeoisée')
Mauvaise fille, piètre mère, l'héroïne n'a qu'une obsession: se vautrer dans le luxe comme une truie se roule dans la boue.
C'est sûr, même sans artifices, Elisabeth est une femme sublime, Annie, sa fille l'a maintes fois constaté à ses dépens.
Elisabeth vient de la campagne, elle n'a qu'un but, accéder à un niveau social élevé. Lorsqu'elle rencontre son grand amour, elle l'abandonne au profit d'un homme plus riche. Mère et fille nous livrent tour à tour leur vision de la vie, pour Elisabeth, le luxe c'est d'avoir une nounou alors qu'elle ne travaille pas lui laissant ainsi du temps pour acheter sans compter, alors que pour Annie le luxe c'est de s'autoriser à être elle-même, de voir grandir ses enfants et de leur apprendre à faire des cocottes en papier. Mère et fille réussissent pourtant à s'accommoder, jusqu'au jour où un drame vient faire voler en éclat l'équilibre familial déjà fragilisé, ce drame en entraînant un autre, ce seront plusieurs générations qui seront touchées, obligeant Elisabeth à faire un choix : nier ou à réparer. La magie de ce récit est de nous montrer que nous sommes maîtres de nos vies et qu'à tout moment, même dans les situations les plus désespérées, nous sommes libres de choisir notre route.
Mêlant humour et tragédie, cette histoire est la mienne, cette histoire est la vôtre, c'est la quête du bonheur, c'est la quête de toute une vie, mais c'est avant tout un message fort et optimiste: tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.
(J'arrive!)
J'écarte de la liste les livres pour lesquels je n'ai pas dépassé un certain nombre de pages, pour des raisons diverses. Mais depuis quelque temps, je me surprends à parler des livres qui ne m'ont pas plu, le plus difficile étant de donner des raisons, bien sûr. Parfois c'est fort peu rationnel, et bien trop personnel. Cela écartera-t-il des lecteurs potentiels? Je l'ignore;
Car, et attention c'est subtil, là je réfléchis à la vitesse de mes doigts, donc tout est à craindre, à force de naviguer sur les blogs, on finit par repérer des blogueurs avec qui on a des affinités de lecture, de leur faire confiance, et pour d'autres, savoir que ce qui leur a plu ne sera pas de notre goût. On peut évidemment se tromper, mais c'est quand même souvent vérifié.
Fin du commentaire, j'avais prévenu, je suis bavarde.
Keisha, j’avoue être surpris, je pensais que nous étions d’avis complètement divergents, or vous abondez dans mon sens. « … depuis quelque temps, je me surprends à parler des livres qui ne m'ont pas plu. » Ne soyez pas étonnée, ça me semble au contraire tout à fait évident et logique et j’attends avec impatience un commentaire me prouvant le contraire ! Quant à la dernière partie de votre commentaire, « savoir que ce qui leur a plu ne sera pas de notre goût » rejoint ce que je disais dans le commentaire fait à Dominique, une critique négative est tout aussi instructive qu’une critique positive quand on sait de qui elle émane, car entre les lignes on peut en tirer des enseignements : untel affirmant qu’un livre est mauvais, signifiera pour moi qu’il est bon ! Je connais ce cas de figure.
J'ai lancé votre billet sur Facebook.
Riche idée car j'espère réellement des avis m'apportant la contradiction...
Je parle de tous les livres que je lis, même quand je n'ai pas aimé, ce qui est heureusement fort rare car j'ai une assez bonne intuition pour savoir ce qui va me plaire ou non !
Je vous reçois 5 sur 5, parlons de tous les livres que nous lisons, sans exception, et surtout des mauvais romans. Que le temps perdu à les lire soit récompensé par le sentiment que notre malheureuse expérience sera profitable aux autres. Mais moi aussi, tout comme vous, je fais beaucoup d’efforts en amont pour ne pas m’infliger des souffrances de lectures inutiles…
J'essaie de chroniquer tous les livres que je lis, qu'ils m'aient plus ou non car je trouve justement important de parler de ce qui ne m'ont pas plu et de dire pourquoi. Si ça peut éviter à d'autres d'êtres aussi déçus que moi, c'est encore mieux ! Je fais une exception pour les BD parce que j'en lis souvent mais qu'il m'est assez difficile de les critiquer (dire, les dessins sont jolis, c'est assez subjectif et ça ne fait pas avancer le schmilblick) donc je n'en parle que si j'ai suffisamment de commentaires constructifs à faire (positifs ou négatifs).
Quand je n'ai pas énormément à dire sur plusieurs ouvrages, je fais alors un article groupé avec un avis assez succinct pour chacun, afin de donner une tendance concernant ma lecture.
Comme vous le lisez, ce n'est donc pas moi qui vais jouer le rôle de contradicteur ! ;)
Voilà une démarche tout à fait digne d’éloges, de mon point de vue…
Cette question est très intéressante ! Deux cas de figure se présentent :
- en cas de fatigue de la blogueuse et/ou de panne de lecture, quand tous les livres, ou deux livres sur trois, me tombent des mains au bout de vingt pages, je n'en parle pas !
- quand je vais jusqu'au bout, ou disons au moins jusqu'à moitié d'un livre, et qu'il ne me plaît pas ou me laisse un goût amer, j'en parle, l'auteur fusse-t-il français et contemporain, et qui risque donc de me lire...
D'ailleurs j'ai une anecdote à ce sujet : un auteur dont je n'avais vraiment pas aimé le livre m'a sollicité quelques temps après pour donner mon avis sur un travail qu'il avait en cours, en disant qu'il était sûr que je ne serais pas complaisante ! J'ai décliné car je ne suis pas compétente pour donner un avis de ce genre, juste mon ressenti de lectrice, mais ça m'a touchée, d'une certaine manière.
C’est dommage que vous ayez refusé car l’expérience était excitante. Moi, j’aurais sauté sur l’occasion ! Néanmoins, vos raisons morales, vous honorent.
Je chronique aussi bien les livres que j'ai aimé comme ceux que je n'ai pas apprécier. Puisqu'effectivement, je ne suis pas là pour encenser des livres, mais donner mon avis. Pour mes lecteurs, comment pourraient ils "apprécier" mes billets positifs à leur juste valeur s'ils ne connaissaient pas ce qui me déplait. Pourqu'ils puissent se retrouver réellement dans mes goûts et voir ainsi s'ils rejoignent vraiment les leurs, et bien il faut chroniquer le très bien, le moyen et le pas bon ! Mais après, chacun fait comme il veut. je ne menace pas mes lecteurs de mort s'ils achètent un livre que je n'ai pas aimé, où s'ils n'achètent pas un livre que j'ai aimé !!!
Si je peux permettre, vous avez tout compris Géraldine ! « Pour mes lecteurs, comment pourraient-ils "apprécier" mes billets positifs à leur juste valeur s'ils ne connaissaient pas ce qui me déplait. » C’est exactement cela, nous sommes absolument en accord total.
Je vais être la voix de la contradiction, au moins en partie, puisque je n'estime pas devoir parler des mauvais livres, ni de l'ensemble de mes lectures sur mon blog. Mon objectif n'est pas de guider les lecteurs (lambdas ou autres) parmi la production littéraire, mais de faire découvrir quelques titres et maisons d'édition qui me paraissent moins médiatisés et présentés sur d'autres blogs. Dans cette optique, je ne vois pas l'utilité (et n'ai pas l'envie) de présenter des textes qui m'ont paru mauvais, je préfère mettre en avant des textes qui en valent la peine à mes yeux (c'est-à-dire des livres auxquels j'ai trouvé un intérêt, même si j'exprime parfois quelques réserves). Mon autre critère pour sélectionner les livres lus dont je parlerai sur mon blog est, comme Dominique, le fait d'avoir des arguments, des choses à en dire. Il m'arrive donc de passer sous silence des livres que j'ai appréciés, mais que j'oublierai rapidement et à propos desquels je n'ai rien de plus à dire.
L'intérêt de parler des mauvais livres dépend donc de l'objectif de chacun en tenant un blog, qui n'est pas forcément le même pour tous.
Ah ! Voilà un avis original mais pas inintéressant. Je laisse de côté la seconde partie de votre argumentation concernant les mauvais livres sur lesquels vous n’auriez rien à dire. Nous sommes tous d’accord, une critique, de quelque nature qu’elle soit, doit être argumentée, sinon il est préférable de s’abstenir.
Par contre je retiens que votre but est de « faire découvrir quelques titres et maisons d'édition qui me paraissent moins médiatisés et présentés sur d'autres blogs » Je vous suivrai volontiers sur ce chemin, en fait un créneau pointu, promouvoir des auteurs et éditeurs peu connus, mais avec néanmoins une réserve, un mauvais roman est un mauvais roman, quelle que soit son origine, écrit par un auteur renommé ou bien par un débutant. Et là, si vous le permettez, je vous renvoie à un autre de mes billets :
http://lebouquineur.hautetfort.com/archive/2012/10/08/la-critique-est-aisee.html
J'avais aperçu votre article et suis tout à fait d'accord avec vous sur ce point. Je porte sur ces livres le même regard que sur des livres reconnus et médiatisés. C'est la raison pour laquelle ils "subissent" le même sort que les autres si je ne les apprécie pas : je n'ai pas envie de leur faire de la publicité en écrivant à leur sujet et les passe sous silence. Mon blog se veut une "vitrine" plutôt qu'un guide en quelque sorte. A mes lecteurs ensuite à faire le tri parmi les découvertes que je leur propose.
Très intéressant ! Pour ma part, je chronique TOUS les livres que je lis depuis l'ouverture de mon blog, et donc, même les pires nanars... Ce qui je l'avoue me plait même beaucoup, car même si j'ai parfois trouvé une lecture fastidieuse, je trouve l'exercice intellectuel de parler d'un livre qui m'a déplut très intéressant. Dans ce cas en effet, je me force de mieux argumenter et d'expliquer les raisons de ma non-adhésion au bouquin, tout en étant un peu méchante et malgré tout respectueuse du travail de l'auteur. Et bien sûr en gardant en tête que ce que je déteste, ma meilleure amie pourrait pourtant adorer...
Donc, oui, chroniquons les livres que nous n'aimons pas !
De plus, je ne crois pas que nous blogueurs ayons un tel poids médiatique que notre avis casse la vente d'un ouvrage... et il m'est souvent arrivé d'avoir justement envie de lire un livre descendu en flèche par un blog-ami pour me faire ma propre opinion... C'est bien plus intéressant que de lire le dernier truc à la mode dont tout le monde fait des gorges chaudes, non ?
Liliba, vous mettez le doigt quelque chose qui je l’avoue, m’a déjà troublé. Il est vrai que descendre un bouquin apporte une certaine jouissance : la rédaction de notre billet prend une tournure inhabituelle et nous change du train-train classique des formules convenues avec cette incertitude dangereuse de dire de grosses bêtises dans nos jugements qui nous exposerait à des répliques cinglantes et justes qui déplacerait le rôle de l’accusé ! Du coup cette situation de critique tout puissant en devient malsaine et je suis bien heureux de n’avoir que rarement à exprimer mon courroux envers un ouvrage. Tout comme vous je suis bien conscient que mon billet ne risque pas de flinguer les ventes d’un bouquin….. je ne suis pas assez connu. Pas encore ?
D'accord avec vous pour la jouissance ! Et puis je trouve que chroniquer un livre qu'on n'a pas aimé permet en outre de manier l'humour au second degré, ce que j'aime assez... Et, comme toute personne qui manie la plume, je suis très égocentrée, et donc j'aime me relire...
Un exemple ici : http://liliba.canalblog.com/archives/2011/05/18/20753229.html
ou je ne dis pas que le bouquin est une vraie daube mais où ça transpire à chaque phrase... Un billet que j'ai adoré écrire !
Mais c'est parfois aussi plus réfléchi comme pour celui-ci... http://liliba.canalblog.com/archives/2012/01/13/23228811.html
Et pour continuer sur le sujet, plusieurs blogueuses ont parfois la plume rageuse pour dire leur déception, et c'est souvent là que leur style est le plus intéressant ou beau...
En tout cas, je me demande comment j'ai fait avant pour ne pas vous connaître !!!!
Excellent commentaire auquel je souscris complètement … !
Bonjour, très bon article, j'avoue que comme une des commentatrices précédentes, j'aime bien lire et commenter les livres des petites maisons d'éditions, des auteurs pas très connus et donc lorsqu'ils sont mauvais (pas très souvent finalement), je peux avoir des scrupules à le dire alors j'essaie de le dire soit de manière humoristique, soit lorsque c'est le cas, comme vous le dites dans votre article, je parle d'une rencontre entre le livre et moi qui ne s'est pas faite. Mais si le livre est mauvais, je l'écris aussi clairement, j'ai même créé une rubrique "Ça coince !" qui regroupe un ou deux voire trois livres part article et le numéro 21 de cette rubrique paraît la semaine prochaine ! Et en plus, parfois, lorsque le sujet m'inspire, je fais même des billets pour un seul bouquin qui ne m'a pas plu. Bon, eh bien voilà pour ma participation à ce vaste débat...
Yv votre commentaire est parlant : « si le livre est mauvais, je l'écris aussi clairement » et tout comme moi, vous allez plus loin puisque vous avez créé une rubrique spéciale pour ces bouquins désastreux. Une heureuse initiative à l’instar des warnings qui signalent une voiture en difficulté, une rubrique dédiée aux mauvais livres attire l’attention et protège les lecteurs éventuels.
Je parle de toutes mes lectures et donc aussi des livres que je n'ai pas aimés car l'ensemble me représente ! J'ai été confrontée au même cas de figure que Kathel et comme elle, j'avis refusé. Après parler d'un livre abandonné au bout de 10 pages , non... car là il y a erreur de "casting" à la base:).
Je suis d’accord avec vous sur ce point, Claraclara, un bouquin dont on n’a lu que quelques pages ne peut être chroniqué. Personnellement quand j’entame un livre, je vais jusqu’au bout même s’il m’en coûte (et c’est déjà arrivé !) pour justement être en droit d’en écrire tout le mal que j’en pense. Je compense ainsi mon temps perdu, mon argent gaspillé si je l’ai acheté, ma souffrance à le lire, en le claquant sévèrement à l’arrivée. Mais, comme je l’ai dit dans un commentaire précédent, d’abord ce cas de figure est rare et secundo j’en retire un plaisir immédiat, certes, mais que je juge malsain à tête reposée.
Je découvre ce blog grâce au lien laissé par Keisha sur FB et j'en suis ravie. Billet très intéressant auquel le souscris entièrement. Quand j'aime je le dis, quand je n'aime pas c'est pareil. Je sais que certains pratiquent tels que vous le dites de crainte que la maison d'éditions ne renvoie plus de titre en SP.
Personnellement, je m'en moque, je donne mon avis et j'essaie souvent de mieux argumenter quand je n'ai pas aimé ou fini (ce qui est rare là par contre) un roman.
Après j'essaie au maximum de juger une écriture et de ne pas être dans une position de "donneuse de leçons". Je ne suis pas écrivain et c'est un métier qui demande beaucoup d'efforts et que je respecte. Alors je tâche de garder l'attitude la plus respectueuse possible même quand
Je te conseille la lecture du blog "Les livres de Sara". Elle dit toujours ce qu'elle pense et propose même chaque année un "top croûtes". Hi hi
Merci Stephie d’être intervenue pour donner votre avis. Quant au blog de Sara je vais aller y jeter un œil car j’aime bien lire des critiques négatives de bouquins. Je trouve que ça offre un point de vue différent, ce qui est le principal intérêt des blogs à mon sens, et par conséquent permet de mieux choisir ses lectures. Pour faire court, je dirais que je fréquente les médias traditionnels pour être tenu au courant des nouveautés mais que j’attends des blogs des critiques indépendantes et sans arrière-pensées pour affiner mes choix.
En tant que "consommatrice" de blogues je trouve important de pouvoir lire des critiques négatives. Je lis les blogs de façon quotidienne afin d'orienter mes lectures, de découvrir de nouveaux auteurs et de nouvelles maisons d'éditions. Pour moi les critiques négatives me permettent de juger de l'indépendance des blogueurs.
De plus ces critiques sont généralement rédigés avec humour ce qui est toujours un plaisir de lecture.
Merci pour cet avis qui conforte ma position. C’est exactement comme cela que j’envisage les choses et c’est pourquoi je ne modère pas mes propos quand un roman ne m’a pas plu.
Je viens de lire attentivement billet et commentaires et je viens apporter non pas la contradiction mais un point de vue différent.
J'ai ouvert mon blog avec l'idée de parler des livres que j'aimais, c'est quelque chose que je faisais en direct en club lecture et comme le temps était compté je me limitais aux livres qui m'avaient plu.
Je fais à peu près la même chose sur le blog, un livre qui ne me plait pas n'est pas et de loin un mauvais livre, exemple je ne supporte pas (ou presque) la littérature française actuelle mais pourquoi m'acharner billet après billet à dire que je n'aime pas les romans de Véronique Bizot ou Maylis de Kerangal ? où est l'intérêt, il me semble que je perdrai mon temps
J'ai donc fait le choix de ne parler que des livres que j'aime, en cinq ans je n'ai du faire que trois ou quatre billets d'humeur quand j'avais l'impression qu'on se moquait un peu de nous lecteurs
Je vous lis régulièrement et bien sûr si j'apprécie vos chroniques je ne suis pas toujours d'accord, mais petit à petit on peut se faire une idée assez fine d'un blogueur et ainsi retenir chez lui ou chez elle les livres qui vont me convenir.
Si je prends un exemple : je vais tâcher de lire les livres de nature writing recommandé par Keisha car je sais que nous partageons les mêmes goûts pour cette littérature, par contre je ne lis pas les romans un peu déjantés qu'elle aime et là je laisse
Un avis négatif de blogueur ne m'empêchera jamais de lire un roman dont je pense qu'il va me plaire
Je vois plutôt l'intérêt à présenter des livres qui ont plu, en particulier les romans qui sont parfois passés inaperçus ou vers lesquels les lecteurs ne se tournent pas spontanément
J'ai été bien longue excusez moi
Tout cela ne m'empêchera pas de continuer à lire vos billets positifs ou ...moins
Dominique, votre commentaire est très intéressant et j’ai déjà répondu dans mon billet et mes commentaires à certains points que vous abordez :
- « un livre qui ne me plait pas n'est pas et de loin un mauvais livre » je suis bien d’accord, le bloggeur donne un avis personnel ce qui n’a rien à voir avec la qualité réelle d’un livre (mais c’est quoi la qualité réelle ? autre débat)
– « pourquoi m'acharner billet après billet à dire que je n'aime pas les romans de » Là, je ne suis pas d’accord avec vous et c’était toute l’argumentation de mon billet. Question, si vous n’aimez pas, pourquoi les lire ? Et dire que tel roman ne vous plait pas, permet au lecteur potentiel cherchant sur Google des avis, d’avoir un avis négatif, élément essentiel pour faire son choix.
– « si j'apprécie vos chroniques je ne suis pas toujours d'accord, mais petit à petit on peut se faire une idée assez fine d'un blogueur » Tout à fait ! C’est ce que j’expliquais dans un commentaire précédent, à la longue on comprend le raisonnement du bloggeur et dans un cas extrême, tous ses avis négatifs s’avèreront des livres à lire pour vous et inversement !
– « Un avis négatif de blogueur ne m'empêchera jamais de lire un roman » Entièrement d’accord, il m’en faut plus pour m’influencer, mais s’ils sont nombreux à descendre le bouquin… d’où l’importance de ne pas priver les lecteurs de blogs d’avis négatifs. CQFD !
– « Je vois plutôt l'intérêt à présenter des livres qui ont plu » là il s’agit d’un choix éditorial qui vous regarde et je veux être très clair, je ne cherche absolument pas à convertir la blogosphère à ma vision des choses (ah, ah, ah) ; mon billet voulait par contre attirer l’attention sur la situation, que chacun réfléchisse en son âme et conscience (bigre !) et fasse ce qui lui semble le mieux.
Au plaisir de vous lire.
Il est vrai que je ne chronique pas tous les livres que j'écris, mais le plus souvent ceux sur qui j'ai envie (ou j'ai le temps) d'écrire. Il me semble que si l'on veut que l'écriture d'un blog reste un plaisir, il faut savoir garder beaucoup de liberté par rapport aux livres qui finalement y trouveront place. C'est comme dans le reste de la vie: il y a des semaines entières où je ne trouve plus rien à écrire dans
mon petit carnet littéraire numérique, simplement parce qu'à ce moment là j'ai d'autres envies (parmi lesquelles parfois le plaisir d'enchainer les livres, sans avoir à entrecouper mon temps de lecture de celui parfois un peu laborieux de ces chroniques à écrire). C'est pour cette raison aussi sans doute que je réserve peu de place aux "mauvais livres". L'autre raison tient à ce que je conduis rarement au bout une lecture qui ne me satisfait pas. Ce qui est assez rare d'ailleurs.
Cleanthe votre commentaire apporte un regard original à notre débat car c’est votre conception du blog qui diffère de la mienne. Vous ne chroniquez pas tout ce que vous lisez car le blog reste pour vous une activité de dilettante, ce n’est certainement pas péjoratif sous ma plume (Grand Robert : « Personne qui s’occupe d’une chose en amateur ») et c’est votre droit le plus stricte ! Alors que pour moi, le blog est une occupation à part entière dans ma vie, d’ailleurs outre des chroniques de livres, j’essaie d’y inclure des articles d’une autre nature, interviews, mini reportages etc. (à la mesure de mes capacités limitées certes…). Dans ces conditions, ne pas écrire pour mon blog, m’est plus pénible que de pondre un billet ! En théorie, je voudrais écrire un billet quotidien, mais en pratique je n’en ai ni le temps, ni la matière.
(de retour)(ayant lu les commentaires)
Beaucoup d'interventions fort intéressantes, ces échanges sont instructifs.
J'aime bien le commentaire de Dominique, voyez vous, elle connait mes goûts et note en fonction. Pour les livres un peu à part, les OLNI, j'ai une copine blogueuse chez qui je sais trouver des romans improbables, d'ailleurs on se les prête parfois.
La diversité des blogs permet de connaître beaucoup d'avis, je pique un peu par ci par là des idées lecture;
Là je sors du sujet. Pour terminer, disons que depuis quelque temps j'ai aussi ces billets où ça coince, comme dirait Yv, mais à condition d'avoir lu une partie substantielle du livre.
J’ai moi aussi trouvé fort instructive cette discussion entre bloggeurs. J’ai d’autres idées – que je laisse mijoter - pour d’autres sujets de débats dans le futur…
J'ai écrit un livre, que j'ai soumis à Le Bouquineur, pour avoir une critique. Je ne suis pas Don Salluste et je ne cherchais pas à être flatté, mais à savoir ce que valait mon œuvre. Pour cela, il est, à mon avis, indispensable que le critique dise ce qu'il pense vraiment du bouquin, donc s'il ne l"aime pas, de le dire sans détours.
Merci Jean-Louis pour votre témoignage, il est d’autant plus instructif qu’il émane non pas d’un bloggeur mais d’un écrivain que j’ai chroniqué ici (http://lebouquineur.hautetfort.com/archive/2013/12/17/jean-louis-thivolle-le-mage-de-la-tour-noire-5248720.html.)
Un avis lourd de pertinence puisque vous étiez le plus concerné par le sujet de ce débat et qui ne manque pas de fair-play.
L'aspect "ce n'est pas mon style, erreur totale de casting" est une bonne remarque, ça montre la curiosité du blogueur et tend à relativiser ses goûts. Quant au "dénicher les bouquins nuls et les dénoncer sur mon blog", ça peut être sympa de prendre une vieille daube pour se faire les griffes non (tout en restant courtois) ?
Toutefois, lorsque je connais l'auteur et/ou l'éditeur, bien malgré moi je me surprends à justifier un peu plus que d'habitude les raisons qui font que je n'ai pas aimé le roman. Je me dis que les "grands" écrivains sont moins sensibles à mes critiques, en considérant qu'ils leur arrivent de tomber dessus - ce dont je doute.
Amusant, j'étais en train de préparer un Sutra sur les raisons de parler d'un mauvais livre. Je le remettrai à plus tard Bouquineur :)
Je pense qu’on doit toujours justifier ses avis, qu’ils soient bons ou mauvais. Par contre il est vrai que lorsque je fais une critique négative, j’essaie d’être le plus précis possible dans la mise en avant des défauts du bouquin. Non seulement pour être pris au sérieux mais aussi parce que j’aime à rêver que ma critique puisse arriver aux oreilles de l’auteur du bouquin… et de nos jours, avec Tweeter et Facebook tout est possible. Récemment William Shaw m’a remercié par Tweeter de ma bonne critique de son roman, alors hein ?
C'est vrai qu'il est doux d'avoir un petit mot de l'auteur, respects félins pour Shaw !
Puisqu'on est dans un concours de zizis, j'ai eu les remerciements de Nicolas Jaillet et Daniel Lesueur (un essayiste) :)
« Vanité des vanités ! » Je l’avoue, mais c’était la première fois qu’un auteur ayant pignon sur rue me contactait, moi modeste bloggeur… et je n’ai pu m’empêcher de vouloir frimer. Ce n’est pas une excuse, juste une explication.
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