Jim Harrison : Nageur de rivière
12/03/2014
Jim Harrison, de son vrai nom James Harrison, est un écrivain américain, né en 1937 dans le Michigan aux États-Unis. La mère de Jim Harrison est d'origine suédoise et son père était agent agricole. A l'âge de huit ans, son œil gauche est accidentellement crevé au cours d'un jeu. A 16 ans, il décide de devenir écrivain et quitte le Michigan pour vivre la grande aventure à Boston et New York. En 1960, à l'âge de 23 ans, il épouse Linda King. Ils ont eu deux filles, Jamie et Anna. Il obtient cette même année une licence de lettres mais renonce rapidement à une carrière universitaire. Pour élever ses filles, il rédige des articles de journaux, des scénarios, en même temps que sont publiés ses premiers romans et ses recueils de poèmes. En 1967, la famille retourne dans le Michigan pour s'installer dans une ferme et depuis il partage son temps entre le Michigan, le Nouveau-Mexique et le Montana. Son dernier opus, Nageur de rivière, vient tout juste de paraître.
Les anglo-saxons ont un joli mot pour désigner ces textes, plus courts qu’un roman mais plus longs qu’une nouvelle, ils les nomment des novellas, un terme emprunté à l’italien. C’est de cela qu’il s’agit ici, deux novellas, la première s’intitule Au pays du sans-pareil, la seconde donne son titre à l’ouvrage.
Le bouquin s’ouvre avec Clive, la soixantaine, célibataire depuis deux ans et habitant New York, de peintre il est devenu au fil des années, professeur d’histoire de l’art et conférencier. Rappelé dans la ferme familiale du Michigan, il va devoir s’occuper de sa mère devenant aveugle, durant l’absence de sa sœur Margaret. Ce retour à la source est l’occasion pour Clive de retrouver Laurette, son amour de jeunesse et de faire le bilan de sa vie. Jadis, son père lui avait déclaré « ne deviens surtout pas paysan, bon Dieu ! Accroche-toi à ton art. » Ne l’a-t-il pas trahi ? Dans la seconde nouvelle, Thad est un jeune homme vivant dans une ferme isolée sur les bords du lac Michigan, détaché des contingences matérielle mais vouant une passion à l’eau et ne pouvant vivre sans nager. Après diverses aventures, il aura le choix entre une vie pouvant s’avérer aisée ou rester sur la trajectoire tracée par sa naissance.
Deux hommes donc, à l’opposé de leur vie l’un, l’autre, mais qui doivent faire des choix de même nature. Une vie offrant des avantages matériels mais des abandons moraux ou une vie accordant la priorité à leur vocation profonde ? Un thème absolument passionnant quand on le met à plat ainsi mais qui m’a moins fait vibrer à la lecture. Par contre, Jim Harrison écrit toujours avec maestria, d’un style limpide et épuré mais onctueux en même temps, principal atout de ce livre.
Les autres ingrédients du texte sont ceux qu’utilise habituellement le Grand Jim, la bonne bouffe, le sexe (heureusement en moins libidineux que dans Une Odyssée américaine), la Nature et l’Art. Ajoutons-y une critique de l’argent et du monde matérialiste assez convenue, une dose de poésie avec les « bébés-aquatiques », et on relèvera dans la seconde novella, un long passage se déroulant en France. Quant au titre de la première nouvelle, j’avoue qu’il reste encore mystérieux pour moi…
Ce nouvel ouvrage de Jim Harrison s’avère extrêmement agréable à lire grâce à sa belle écriture mais un peu décevant globalement. J’ai beaucoup aimé Au pays du sans-pareil, mais moins Nageur de rivière.
« Clive se réveilla avant l’aube dans un motel d’Ypsilanti dans le Michigan, convaincu que presque toutes les femmes de la planète avaient épousé un homme qui ne leur convenait pas. A soixante ans, il vivait en célibataire depuis vingt ans, mais son divorce était toujours la rupture la plus douloureuse de son existence. Il avait ensuite perdu le feu sacré, du moins le crut-il alors, et il renonça à peindre pour devenir professeur d’histoire de l’art, courtier, expert, homme à tout faire du monde de la culture. En fait, il avait laissé le temps brouiller les cartes et la rupture était loin d’être aussi claire. »
Jim Harrison Nageur de rivière Flammarion – 257 pages
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent
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