Peter May : Le Braconnier du lac perdu
25/09/2014
Peter May né en 1951 à Glasgow, fut journaliste puis scénariste de télévision avant de devenir romancier, auteur de romans policiers. Depuis une dizaine d’années, il habite en France dans le Lot et se consacre à l’écriture. Passionné par la Chine, il est l’auteur d’une série chinoise de romans policiers. Le Braconnier du lac perdu paru en 2012 est le dernier volet d’une trilogie composée de L’Île des chasseurs d’oiseaux (2009) et L’Homme de Lewis (2011) se déroulant sur Lewis, une petite île des Hébrides en Ecosse.
Nous retrouvons Fin Macleod sur son île natale de Lewis, où il est revenu s’installer depuis qu’il a quitté la police et s’est séparé de Mona après le tragique décès de leur jeune fils. Il vit désormais avec Marsaili, un amour de jeunesse et leur grand fils comme il l’a appris récemment. A la recherche d’un job, il est engagé comme garde forestier par un riche propriétaire terrien pour éliminer les braconniers qui pillent les eaux de pêche. Alors qu’il se lance à la poursuite de l’un d’eux à travers la nature sauvage de cette région de l’Ecosse, il découvre dans un lac l’épave d’un petit avion disparu depuis dix-sept ans, contenant un corps présentant des indices prouvant qu’il a été assassiné.
Une fois encore Macleod voit son passé interférer avec sa vie actuelle et il va revivre cette époque de son adolescence où il servait de roadie à ses amis qui avaient monté un groupe de rock celtique au sein duquel, la concurrence était rude pour s’attacher les faveurs de la belle Mairead, chanteuse charismatique affolant tous les gars du village. D’autant que le cadavre dans l’avion, est celui de Roddy, le leader et compositeur du groupe !
Si l’intrigue policière n’est pas ici encore, le point fort du roman, Peter May n’en est pas moins un bon écrivain de romans excellents car il s’en dégage une tonalité très particulière et personnelle, comme un parfum de bonté s’échappant de chaque page. Ca paraît ridicule à écrire mais c’est le sentiment que je retire de tous les romans de cette trilogie. L’empathie pour ces personnages, sans exception, qu’ils soient les victimes ou les coupables, est telle, qu’elle subjugue le lecteur. Comment ne pas être touché par la nostalgie quand Macleod retrouve ses camarades de jeunesse, que les souvenirs remontent inévitablement à sa mémoire, espoirs et projets d’alors, premières amours, les amitiés viriles et les conflits ponctuels. Et cet amour puissant pour son île, sa terre natale, magnifiquement décrite dans ses paysages et le mode de vie séculaire de ses habitants.
Peter May multiplie les moments forts, que ce soit cette évocation d’un naufrage remontant à 1919 et qui fit plus de deux cents morts et quelques rescapés liés pour la vie, que ce soit cette scène où Mairead sauve un homme du suicide. A moins que ce ne soit l’épilogue de l’enquête qui faisant voler en éclat un vieux pacte, ramènera Macleod à un présent et surtout un futur certainement difficile. Mais il conserve l’espoir.
« L’église dominait la vie de tous à l’époque, et par bien des aspects c’est encore le cas. De multiples manières. L’Eglise presbytérienne d’Ecosse et l’Eglise libre séparatiste étaient les plus importantes. Quand j’étais adolescent, elles n’autorisaient aucun vol ni aucun ferry pendant le sabbat, et il n’y avait pas un magasin, café, marchand de journaux ou fish & chips ouverts. On lisait le journal du dimanche le lundi et si vous aviez oublié d’acheter vos cigarettes le samedi, vous étiez sûr de passer un dimanche encore plus misérable qu’à l’accoutumée. »
Peter May Le Braconnier du lac perdu Rouergue Noir - 312 pages –
Traduit de l’anglais par Jean-René Dastugne
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