John Updike : Jour de fête à l’hospice
14/07/2015
John Hoyer Updike (1932-2009) est un écrivain américain, auteur de romans, de nouvelles, de poésie et d'essais critiques sur l'art et la littérature. Après avoir accédé à la notoriété internationale avec son roman Le Centaure en 1963, il rencontre un très grand succès public et critique avec sa tétralogie sur le personnage d’Harry « Rabbit » Angstrom. John Updike est l'auteur de vingt-six romans et de centaines de nouvelles, de chroniques et de poèmes, travaux publiés en particulier régulièrement dans le New Yorker et la New York Review of Books, et qui ont donné lieu à plusieurs recueils. Son œuvre prolifique et variée vaut à John Updike d'être considéré comme l'un des écrivains américains les plus importants du XXe siècle. Jour de fête à l’hospice, son premier roman, date de 1959.
Dans un hospice situé à la campagne aux confins du New Jersey et de la Pennsylvanie, la monotonie de l'existence est rompue chaque été par une fête, qui est aussi l'occasion d'une traditionnelle vente de charité. Dès le matin les vieillards s'affairent à leurs préparatifs, malgré la menace d'un gros orage, qui finalement éclate. Heureusement les nuages disparaissent au bout de quelques heures, et la fête commence en fin d'après-midi.
Pas marrant d’être directeur d’un hospice de vieux, comme le constate Conner, le jeune remplaçant, depuis plus de deux ans, de Mendelssohn, l'ancien directeur aujourd'hui décédé. Heureusement, il ne compte pas rester à cette place toute sa vie mais néanmoins, il entend bien se consacrer pleinement à sa tâche et rendre agréable la fin de vie de ses pensionnaires. Las, ses efforts ne semblent pas rencontrer d’écho chez des personnes âgées qui comme souvent, voient d’un mauvais œil tout changement dans leurs vies bien réglées et vénèrent comme Dieu le père, l’ancien directeur.
Si Hook fait figure de doyen du haut de ses 94 ans, en tant qu’ancien instituteur « sa culture était remarquable dans deux domaines : l’histoire romaine (…) et la politique américaine au dix-neuvième siècle », il tient une sorte de rôle de sage. Surtout comparé à son ami Gregg, un jeunot de 70 ans, râleur invétéré et grande gueule qui le « poussait à des excès de langage qui dépassaient toutes les limites raisonnables. » On pense aux deux vieux du Muppet Show. Les autres acteurs de ce roman : Mr et Mme Lucas, lui souffre d’une oreille et se prête au mouchardage gratuit auprès de Conner, elle n’a de pensées que pour sa perruche ; tandis que Buddy, membre du personnel, sert de secrétaire au directeur.
Le roman se déroule sur une journée, faite de langueur, on prépare la fête sans croire à son succès puisque l’orage menace. Les fortes têtes, errent comme des âmes en peine, critiquant tout et n’importe quoi, tentant de mettre une certaine pagaille qui viendra animer leur tristes existences (introduire un chat mourant dans la propriété, lapider inoffensivement le directeur, engueuler le jeune livreur de sodas au point de le déstabiliser et lui faire démolir le mur d’entrée avec son camion…)
L’écrivain aborde les thèmes de l’incompréhension, que ce soient les vieillards entre eux, chacun perdu dans ses propres pensées ou souvenirs, ou bien vis-à-vis du directeur qui représente une nouveauté qu’à leur âge on n’accepte plus. Il est aussi question d’interrogation religieuse et de la banalité de la vie.
Le roman n’est pas bien épais mais il m’a paru long ; j’ai eu du mal à m’intéresser à ces personnages qui pourtant ne manquent pas de relief. Sans que je puisse cerner exactement ce qui m’a rebuté, je constate que c’est la seconde fois en quarante ans (sic !) que je m’attaque à un livre de John Updike et que j’en ressors (un peu) déçu.
« - Qu’est-ce qu’on peut espérer, à mon âge ? Vous en attendez trop de la part de vieillards comme nous, monsieur Conner. Ses joues le brûlèrent, mais il n’avait jamais trouvé la réponse à l’injustice grossière. « Vraiment ? » - Vous souhaitez que nous abandonnions nos manières d’antan, pour faire de cet endroit une réplique du monde extérieur, fonctionnant de la même façon. Je ne dis pas que vous ne soyez pas rempli de bonnes intentions, mais ça ne marchera jamais. Maintenant si vous me dites : Vous devez prendre vos affaires et aller vous installer sous l’arbre, j’obéirai, parce que je ne me fais pas d’illusions sur la personne qui nous tient à sa merci. »
John Updike Jour de fête à l’hospice Robert Laffont Pavillons poche – 274 pages –
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Alain Delahaye
2 commentaires
Updike n'est pas mon écrivain américain favori...
Nous sommes bien d’accord, Sandrine ! Une première déception, il y a quarante ans, que j’avais mise sur le compte de mon manque de maturité, confirmée cette fois-ci alors que je suis bien mûr… Même si je vois bien qu’il ne s’agit pas d’un mauvais écrivain, ce qui est certain c’est qu’il n’est pas fait pour moi !
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