Augusto Cruz : Londres après minuit
10/02/2018
Né à Tampico, au Mexique, en 1971, Augusto Cruz est romancier, scénariste et critique de films. Il a participé à plus d'une cinquantaine d'ateliers d'écriture de scénarios à Mexico et à l'Université de Los Angeles (UCLA) ainsi qu'à des master class de réalisation organisés par l'union-guilde des scénaristes mexicains, dont il est membre. Collectionneur d’accessoires de films et de séries télévisées, il allie sa passion pour le cinéma et la littérature en écrivant en 2012 son premier et unique roman à ce jour, Londres après minuit.
Forrest Ackerman, un très vieil homme atteint de la maladie d’Alzheimer, collectionneur fou d’objets de cinéma engage un nommé McKenzie, ex-agent du FBI et homme de confiance de Hoover, pour qu’il retrouve la copie d’un film culte et réputé perdu, Londres après minuit, un long métrage du temps du cinéma muet, réalisé par Tod Browning en 1927. L’enquête va s’avérer riche en périls et aventures extravagantes…
Voilà exactement le genre de roman que j’aime, où de multiples ingrédients mixés à leur juste quantité, nous donnent un ragoût fort honnête. Le bouquin est un compromis entre le polar et le fantastique et l’écrivain y mêle des références, voulues ou non, littéraires (j’ai pensé dans certains passages lire du Dashiell Hammet ou du Raymond Chandler voire du James Ellroy) et cinématographiques (il y a ici du polar des années 40 et 50, le Orson Wells de La Soif du mal, le Fitzcarraldo de Werner Herzog et même du Indiana Jones)… à moins que ce ne soit mon imagination fertile qui ne fasse des siennes ?
Augusto Cruz utilise un procédé qui fait toujours ses preuves, construire une fiction à partir de faits réels. Car ce film a bel et bien existé (London After Midnight ou The Hypnotist) considéré comme disparu, a été retourné en 2002 à l'aide de photos et du scénario du film d'origine. Le début du bouquin est un vrai régal pour les amateurs de cinéma car l’écrivain nous renvoie à l’époque du cinéma muet et évoque, avec force détails pointus, les Lon Chaney, Irving Thalberg, Bela Lugosi et autres cadors du genre dont la télévision d’autrefois en Noir & Blanc m’avait délecté.
La suite du roman n’est pas résumable car l’auteur embringue ses lecteurs dans une histoire foisonnante et luxuriante faite de digressions et passages oniriques dignes d’une vraie jungle touffue où chaque page réserve une surprise, un rebondissement pas toujours crédible mais néanmoins palpitant, avec des personnages secondaires extravagants, le tout dans une ambiance de mystère et de danger permanents parfois à la limite du surnaturel.
Et comme si tout cela ne suffisait pas pour en faire déjà un bon bouquin, Augusto Cruz incorpore à son ouvrage une seconde histoire très documentée, celle de J. Edgar Hoover, directeur du FBI de 1924 à sa mort en 1972, un sacré coco (encore que le terme soit mal choisi ici, ah ! ah ! ah !).
J’avais noté ce livre dans mon calepin depuis sa publication, j’ai pris mon temps pour le lire mais j’en ressors comblé. Augusto Cruz fait son cinéma, ne ratez pas la séance.
« Je suis sans doute la seule personne vivante à avoir vu le film, dit-il. Ma mémoire, ajouta-t-il en portant un index à son front, se désintègre lentement comme le nitrate du film. Londres après minuit est le Saint-Graal du septième art, le rêve des collectionneurs, des chercheurs et de cet enfant de onze ans. Je vous offre la possibilité de résoudre l’un des plus grands mystères de l’histoire du cinéma. Votre mission, si vous l’acceptez, sera de retrouver Londres après minuit pour que je le voie. »
Augusto Cruz Londres après minuit Christian Bourgois Editeur – 409 pages –
Traduit de l’espagnol (Mexique) par André Gabastou
Lon Chaney :
2 commentaires
Très très très très envie de le lire !!!
Alors n’hésitez pas ! ManU je ne connais pas vos goûts littéraires mais je serais étonné que ce roman ne vous plaise pas… Bonne lecture !
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