Vassili Axionov : L’Oiseau d’acier
13/02/2018
Vassili Pavlovitch Aksionov aussi orthographié Axionov en français, est un écrivain russe né en 1932 et mort en 2009. Sa mère, Evguénia Guinzbourg, était une journaliste et éducatrice connue (plus tard elle écrira des livres comme Le Vertige ou Le Ciel de la Kolyma) et son père, Pavel Aksionov, avait une haute position dans l'administration de Kazan et tous les deux « étaient des communistes de premier plan ». En 1937, ils sont néanmoins arrêtés et jugés pour leurs liens supposés avec les trotskystes puis envoyés au Goulag avant d’être exilés et Vassili placé dans un orphelinat avant d'être secouru en 1938 par son oncle, dans la famille duquel il demeure jusqu'à ce que sa mère, après avoir purgé 10 ans de travaux forcés, soit libérée et revienne d'exil. En 1947, Vassili rejoint sa mère reléguée à Magadan, où il obtient son diplôme d'études secondaires. Il étudie d'abord la médecine, puis se consacre à l'écriture de romans. En 1980, il est déchu de la citoyenneté soviétique et expulsé. Il arrive à Washington, où il enseigne la littérature sans se présenter comme dissident. Après la dislocation de l'URSS, les autorités russes lui rendent sa nationalité et l'écrivain partage son temps entre les Etats-Unis et la Russie.
L’Oiseau d’acier, sous-titré Nouvelle avec digressions et solo de cornet à pistons, date de 1978 et vient d’être réédité. Si le titre de ce roman, ou plutôt de cette novella, laisse la porte ouverte à toutes les interprétations, son sous-titre donne le ton général : un truc un peu barjot !
Moscou, sur une période s’étendant des dernières années du stalinisme au milieu des années 60. Au 14 rue de la Lanterne, Nicolaïev gérant de l’immeuble (36 appartements et 101 locataires), veille sur son petit monde et s’applique à y faire respecter le règlement intérieur. Résidence de standing moyen, mais « fierté de la rue de la Lanterne », on y croise de petites gens mais aussi un vice-ministre qui y habite « par modestie ». Petits accrochages entre voisins, bref la vie normale en collectivité, de quoi occuper quotidiennement Nicolaïev. Jusqu’au jour où frappe à sa porte, un certain Popenkov, un homme effacé, sans domicile, qui demande au gérant l’autorisation de dormir dans l’ascenseur, entre le retour du dernier locataire le soir et le départ du premier le matin. Nicolaïev hésite se retranchant derrière les règlements mais Popenkov possède un moyen de pression efficace et son chantage obtient gain de cause…
Popenkov, surnommé l’Oiseau de fer, s’avère être un fieffé coucou ! Plus que discret au début de son séjour dans l’ascenseur, par son entregent et sa situation stratégique dans l’immeuble il va acquérir un statut de plus en plus envahissant au fil des années, allant jusqu’à occuper tout le hall de l’immeuble, installant murs et meubles… J’en ai assez dit.
Un roman un peu fou et fort délectable à lire au début, avant que la dinguerie la plus totale ne vienne perturber cette gentille pochade, la rendant bientôt incompréhensible, au propre comme au figuré, car Popenkov va se mettre à parler une langue inconnue. J’ai refermé le bouquin sans trop savoir quoi en penser, bizarrement il ne m’a pas paru mauvais mais honnêtement je ne sais pas vraiment de quoi ça parle, ni même s’il y a un message caché derrière tout cela… ?
« - Et de toute façon, je ne rendrai pas le métier, avec ou sans certificat, déclara Maria. Je suis une citoyenne soviétique et je ne rendrai pas mon outil bien-aimé. J’écrirai à Staline, notre père à tous. – Je vous l’interdis, s’écria alors le gérant, furieux pour de bon. Je vous interdis de citer le nom du généralissime pour des riens. Qu’st-ce que c’est que ça, encore ! Il n’a que cela à faire, Staline, de s’occuper de vos chamailleries, de votre imbécilité de métier à tisser… La querelle s’apaisa et Samopolov quitta les locaux de la gérance. »
Vassili Axionov L’Oiseau d’acier L’Imaginaire Gallimard – 143 pages –
Traduit du russe par Lily Denis
4 commentaires
dommage pour la fin le début me plaisait bien.
C’est bien le problème avec ce roman : le début est très bien mais ça finit par dégénérer….
Je ne connaissais pas l'histoire d'Axionov dont j'avais vraiment adoré Une saga moscovite (que je vous recommande d'ailleurs). J'avoue que votre billet me laisse pensive... Je serais assez curieuse d'aller jeter un oeil à ce livre, malgré tout.
Si l’occasion se présente je retenterai ma chance avec un autre roman de cet écrivain car si la fin du roman m’a laissé perplexe (et casse l’ambiance si je peux dire), le début m’a beaucoup plu. Vous qui le connaissez mieux que moi, ne vous arrêtez pas à mon billet…
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