Alice Moine : La Femme de dos
10/03/2018
Née à Toulon en 1971, Alice Moine abandonne ses études scientifiques et bifurque vers l’audiovisuel pour le plaisir de raconter des histoires. En 2007, elle suit l’Atelier Scénario de La Femis et participe à un marathon d’écriture au Festival des Scénaristes. Alice Moine vit à Paris avec son mari et ses deux filles. Son premier roman Faits d’hiver, paru en 2015, m’avait tapé dans l’œil et j’en disais alors le plus grand bien. Son second opus, La Femme de dos, vient de paraître.
« Jane est directrice de casting à Paris quand un producteur célèbre lui confie la recherche d’une « perle rare » pour le film La Femme de dos de Telo Ruedigger, un artiste dont les œuvres défraient la chronique. Au même moment, Jane est appelée dans le sud de la France au chevet de sa mère dans le coma. Vingt-huit ans auparavant, Les Vignettes, maison d’enfance de Jane, servait de décor au film Les Innocents d’André Téchiné. Jane découvrait le monde du cinéma et l’amour avec Tristan, photographe de plateau, disparu en ne laissant comme trace qu’une photo d’elle marchant de dos sur une digue. La similitude avec le style de Telo Ruedigger la trouble. Lors d’un repérage près de Toulon, elle croit reconnaître en Charline, jeune employée de péage d’autoroute, la « perle rare »… »
J’avais hâte de lire le nouveau roman d’Alice Moine et le début du bouquin confirmait tout le bien que je pensais de ce jeune écrivain. Des références culturelles modernes (cinéma, musique, littérature) ancrent le roman dans le réel auxquelles viennent se greffer de discrètes piques ou réflexions sur la société. L’écriture ne manque pas d’autorité, Alice Moine conduit son récit habilement, maniant l’action et une sorte de sfumato installe lentement une série de mystères (Jane conserve les traces physiques d’un accident ancien dont elle ne garde pas le souvenir ; ses relations avec sa mère sont tendues sans qu’on sache encore pourquoi ; pourquoi Tristan a-t-il disparu ? Et cette fille, prise de dos, sur la photo…)
A ce point de ma lecture, je déplorais bien des longueurs et une tendance à l’excès comme cette propension à vouloir nous faire savoir qu’elle connait bien le monde du cinéma, des castings, de la photo… Défauts habituels chez les jeunes auteurs qui veulent donner de l’épaisseur à leur intrigue. Donc rien de vraiment grave.
Et puis… je ne sais pas ce qui s’est passé, ni à quel moment exactement du récit c’est arrivé mais le récit a dérivé. Nous étions partis pour lire un livre élégant, jouant sur l’esthétique et le flou intelligent, je me suis retrouvé à lire une lamentable histoire sentimentale, simplette et pimentée de sordide. De la Chick Lit ! Si Alice Moine cherche à se faire remarquer des producteurs de téléfilms du samedi soir pour France3, elle a toutes les chances de voir son bouquin adapté pour la télé. J’admets que ce ne soit pas un déshonneur, juste une question de choix de carrière…
Grosse déception mais il est encore temps de redresser la barre dans un prochain livre, car honnêtement je pense qu’elle a le potentiel pour faire mieux. A suivre ?
« Les visuels se répondaient les uns aux autres, la découverte du suivant éclairant le précédent d’un jour nouveau. Une construction de juxtapositions fortes de leur pouvoir d’alliance narrative dans les plus pures règles du montage cinématographique où le lecteur cheminait au gré de sa propre interprétation. Toujours est-il que Jane fut d’emblée subjuguée par le pouvoir hypnotique de ces images. C’était en elles que résidait toute la force de Telo Ruedigger. Sa patte rendait son œuvre unique, et son récit, bien que perdu dans la cacophonie de millions d’autres, résonnait en chacun comme un souvenir personnel. »
Alice Moine La Femme de dos Serge Safran Editeur – 345 pages –
Les commentaires sont fermés.