Théophile Gautier : Avatar
06/05/2018
Théophile Gautier (Tarbes 1811 – Neuilly 1872) est un poète, romancier, peintre et critique d'art. Partisan du romantisme, populaire par ses romans historiques (Capitaine Fracasse), il devient l’un des théoriciens de « l’art pour l’art » et l’un des maîtres de l’école parnassienne qui défendait cette thèse. Avatar est une nouvelle d’abord publiée en feuilleton en 1856 avant d’être éditée l’année suivante.
Lors d’un séjour à Florence, Octave de Saville tombe fou amoureux de la comtesse Prascovie Labinska, hélas, celle-ci est mariée, fidèle à son époux Olaf et rembarre gentiment mais fermement le jeune homme. De retour à Paris, Octave traine son mal d’amour au point d’en affecter sa santé, d’autant que la belle, elle aussi a retrouvé la capitale. Poussé à consulter par sa mère, sa rencontre avec le docteur Balthazar Cherbonneau va l’entrainer dans un « conte invraisemblable et pourtant réel »…
De l’amour et du fantastique, tels sont les deux ingrédients de cette excellent nouvelle. L’amour, je l’ai évoqué dans le court résumé de l’intrigue, il est classique et très beau à la manière de l’époque comme le lecteur le constatera plus encore, avançant dans sa lecture. Pour ce qui est du fantastique, il mêle exotisme et ésotérisme par le biais du docteur, au nom bien banal mais à la personnalité plus que mystérieuse : un physique étrange et des talents magiques acquis lors de ses études aux Indes auprès des médecins locaux et autres fakirs. Il propose à Saville, d’échanger son âme contre celle de son rival en amour afin de se faire passer pour Olaf aux yeux de Prascovie. Je ne vous en dis pas plus… si ce n’est que ce genre de texte ne peut se bien terminer…
Une excellente lecture à tout point de vue. C’est parfaitement bien écrit, une écriture fouillée et riche en détails divers, les décors luxueux des gens riches de l’époque, l’intrigue fantastique et l’épilogue qui voit l’amour fidèle triompher malgré les ruses… Rafraichissant.
« Comment se faisait-il que, jeune, beau, riche, avec tant de raisons d’être heureux, un jeune homme se consumât si misérablement ? Vous allez dire qu’Octave était blasé, que les romans à la mode du jour lui avaient gâté la cervelle de leurs idées malsaines, qu’il ne croyait à rien, que de sa jeunesse et de sa fortune gaspillée en folles orgies il ne lui restait que des dettes ; - toutes ces suppositions manquent de vérité. (…) Quant à la cause de l’état singulier où il se trouvait et qui mettait en défaut la science de la faculté, nous n’osons l’avouer, tellement la chose est invraisemblable à Paris, au XIXe siècle, et nous laissons le soin de la dire à notre héros lui-même. »
Théophile Gautier Avatar Gallimard La Pléiade Romans, contes et nouvelles Tome 2 – 81 pages -
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