Peter May : Je te protégerai
16/07/2018
Peter May né en 1951 à Glasgow, fut journaliste puis scénariste de télévision avant de devenir romancier, auteur de romans policiers. Nationalisé français depuis 2011, il habite dans le Lot où il se consacre à l’écriture. Son dernier roman, Je te protégerai, est paru en début d’année.
Niamh Macfarlane et son mari Ruairidh ont créé une entreprise de textile de tweed renommée, dans leur île natale de Lewis en Ecosse. De passage à Paris pour un salon professionnel, Niamh est persuadée que son mari la trompe avec une styliste de mode et alors qu’elle les voit tous deux s’éloigner en voiture, une explosion fait voler en éclats le véhicule et l’amour de sa vie. Le lieutenant Sylvie Braque mène l’enquête, Niamh devenant la première suspecte…
De Peter May je connaissais sa Trilogie Ecossaise que j’avais beaucoup appréciée – comme tout le monde – même si pour moi il était à ranger dans la catégorie des « gentils écrivains » proposant de « gentils romans ». Du coup je ne m’étais jamais aventuré plus loin dans son œuvre, subodorant la déception. Et puis cette nouveauté me tombe entre les mains par hasard, je m’y engouffre et très vite la chape de plomb de l’ennui me tombe sur le dos.
Dire que je tombe de haut n’est rien dire, je suis effondré devant la nullité (sic !) du bouquin. Comment un écrivain ayant bonne presse en général peut-il pondre une telle niaiserie ? A moins qu’il ne faille inverser la question, comment peut-on être un écrivain connu quand on écrit de telles âneries ?
Le roman est vide. L’intrigue policière est épouvantable, je passe sur le mobile du crime (ce n’est pas ce qui garantit un bon polar) mais l’enquête - qui d’ailleurs ne doit pas occuper plus du quart du livre – est d’un ennui mortel, accumulant les clichés les plus éculés et on se fiche complètement de sa résolution. Le reste du bouquin n’est fait que de flashbacks sans intérêt non plus, sur les personnages du roman, leur passé banal. Et pire encore, ce qui faisait le charme de l’écrivain, les digressions sur son île des Hébrides, est ici lamentablement poussif, plein d’images délavées.
Les annexes comme le monde de la mode et de la haute couture sont d’une grande banalité quant aux pages sur les techniques de tissage du tweed, en théorie intéressantes, elles semblent plaquées comme des pièces au cul d’un froc ou pompées chez Wikipédia.
Et comme tout est du même moule usé jusqu’à la corde, les caractères des acteurs principaux vous plongent dans le sommeil : problèmes familiaux entre Niamh et sa belle mère ou avec Seonag sa copine d’enfance, idem entre la fliquesse et son ex-époux…zzz !
Tout cela est trop long et trop ennuyeux pour que j’en sauve la moindre page. Il n’y a pas de May, je le fais pour vous protéger.
« Quelle importance s’il fallait cinquante-cinq minutes pour aller à Balanish ? Sur le continent, les gens avaient l’habitude de consacrer autant de temps à leurs trajets quotidiens. Pendant qu’ils patientaient dans les embouteillages en respirant la pollution vomie par les innombrables pots d’échappement, Niamh et Ruairidh admiraient les pâles levers de soleil à l’est, les couchers rouge sang à l’ouest. En été, où le soleil se couche à peine, les panoramas qui se déroulaient au fil des montées et des descentes de la côte ouest n’avaient rien de comparable. »
Peter May Je te protégerai Editions du Rouergue – 406 pages –
Traduit de l’anglais par Ariane Bataille
« C’était une chanson triste, interprétée par un groupe baptisé Sleeping at Last, qu’ils avaient écoutée des centaines de fois. (…) I’ll Keep You Safe, joué à plein volume, en accompagnement de l’orage ; il avait passé un bras autour de ses épaules et l’avait attirée contre lui en murmurant « Quoi qu’il arrive, ma belle, je serai toujours là pour toi. Quoi qu’il arrive, je te protégerai. » » [p.175]
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