Vincent Ravalec : Cantique de la racaille
11/02/2019
Vincent Ravalec est un écrivain, réalisateur, scénariste et producteur français né en 1962 à Paris. Influencé par les grands mythes des années 1970 et une certaine littérature américaine (Carlos Castaneda, Allen Ginsberg) il commence à publier des textes littéraires et à écrire des scénarios au tout début des années 1990. Son roman Cantique de la racaille (1994) a remporté le prix de Flore 1995 et il l’a lui-même adapté et réalisé au cinéma.
Gaston, le narrateur, un petit malfrat de banlieue, vit de combines et recels minables, passant son temps libre chez Saïd le troquet où se réfugient les poivrots du quartier. Un jour, il prend Marie-Pierre en stop, une jeunette de seize ans dont il tombe amoureux fou. Dès lors sa vie va changer, ses ambitions s’éveillent, les petites combines deviennent grosses arnaques, les biftons s’empilent. Mais toutes les ascensions se terminent par une redescente…
Si tous les vins ne supportent pas de longs temps de cave, il en est de même pour certains livres, comme ce roman. Si je l’avais lu lors de sa parution, il est fort possible que j’aie apprécié cette histoire, aujourd’hui j’ai eu bien du mal à finir mon verre, heu… à terminer ma lecture. Pour en terminer avec ma comparaison, ça m’a saoulé grave.
Le roman débute plutôt bien, on est même happé par l’histoire tant l’intrigue est dense, le rythme allègre, les personnages et les lieux familiers (banlieue, petites gens). Gaston fait un petit malfrat assez sympathique avec ses trafics bas de gamme. On visite la France profonde, l’écrivain dressant par la bande un portrait social du pays de cette époque mais pas si éloigné de celui d’aujourd’hui. Le lecteur s’amuse des références d’alors (fax ou télex) – car le roman est daté ne l’ignorez pas - ou de la problématique rencontrée par Gaston quand ses petites magouilles l’amènent à voir plus grand (difficultés administratives pour trouver un bureau et un local).
Et puis le souffle nous manque pour suivre le rythme endiablé mené par l’écrivain. L’intrigue part dans tous les sens, le moindre détail prend des dimensions improbables, milles sujets annexes sont abordés : bref, le roman aurait pu être amputé de cent pages (ce qui aurait été bien) tout comme il pouvait être rallongé d’autant, sans que cela fasse de différence, tant Vincent Ravalec a la plume bavarde, la tchatche inépuisable. J’avoue avoir décroché avant le mitan, pressé de connaître l’épilogue de cette histoire finalement assez banale.
Dans le dernier numéro du magazine LIRE (# 472), l’écrivain est considéré comme l’un des précurseurs de Michel Houellebecq, et si on prend le roman sous son angle sociologique ce n’est pas faux : on y voit la France des années 90 avec ce qui alimentait les bouquins de cette époque, le consumérisme, le sexe partouzard…
Un bouquin qui n’est pas mauvais mais qui vient trop tard pour moi.
« On pourrait croire que lorsqu’il s’agit de ramasser de l’oseille il y a bousculade au portillon, de gens fiables et très sérieux, mais en réalité c’est tout l’inverse, ce qui d’ailleurs explique en grande partie la crise, le chômage, et toutes ces salades comme quoi le système est au bord du drame et que bientôt c’est aux bidonvilles du Caire que les Champs-Elysées vont ressembler. La vérité certaine est qu’une majorité de feignants nous entourent. Ce que je demandais avait beau ne pas être le bout du monde, un peu de cash, un partenaire avec une camionnette pour le voyage, c’était toute une histoire pour dégoter l’oiseau. – Tu sais, m’a fait remarquer Saïd à qui j’exposais mes griefs, c’est pas facile, tu recherches un voleur qui soit travailleur, ils sont pas si nombreux. Evidemment. »
Vincent Ravalec Cantique de la racaille J’ai Lu - 414 pages –
Les commentaires sont fermés.