Whitney Terrell : Le Bon lieutenant
25/02/2019
Whitney Terrell, né en 1967 à Kansas City (Missouri), est un écrivain et un journaliste américain, auteur de romans policiers. Il a travaillé comme vérificateur de faits pour le journal The New York Observer. En 2006 et 2010, il suit comme journaliste l'armée américaine en Irak. Il couvre ces faits pour le The Washington Post, Slate et National Public Radio. Il collabore également avec d'autres journaux et magazines, et enseigne ou bénéficie de programmes d'écritures dans différentes universités américaines. Après un premier roman publié en 2001, Le Bon lieutenant, son troisième vient tout juste de paraître.
Irak, en 2006. Après une embuscade qui a mal tourné, le lieutenant Emma Fowler doit récupérer le corps de son adjoint enlevé et tué par l’ennemi. Ce drame, le lieutenant le sait, est la conséquence d’impérities et d’erreurs commises en interne : mauvaise appréciation de la situation, vacheries entre les services…
Je n’ai pas aimé le bouquin. Au moins sur ce point je dois être clair, car la suite le sera peut-être moins. Il y affectivement une suite qui me demande de gros efforts d’explications : objectivement, je pense qu’il s’agit d’un bon roman (en tout cas il n’est sûrement pas mauvais) mais j’ai eu un mal de chien à le terminer car je n’y suis pas entré !
L’originalité du livre, mise en avant par tous, tient dans sa construction : une chronologie inversée. Le récit débute en juin 2006 et remonte vers octobre 2005. On rembobine la pelote pour comprendre ce qui peut expliquer ce qui s’est passé. A ce jeu l’écrivain maîtrise parfaitement son art. Pour continuer dans les compliments, Whitney Terrell excellemment documenté n’est pas avare en détails techniques et militaires, un peu trop peut-être, ce qui m’amène aux critiques : ces détails pointus, le style d’écriture volontairement adopté pour coller au sujet (tchac ! tchac !) et le fait qu’on avance en marche arrière, rendent la lecture assez difficile.
De plus – mais là, j’en revendique la responsabilité complète – le sujet ne m’a pas intéressé. Pourquoi m’être lancé dans un récit de guerre, genre qui ne me séduit plus depuis longtemps ? Qu’est-ce qui n’a pas encore été dit des horreurs des conflits, des lâchetés des uns, des peurs des autres, du courage aussi, de l’incompétence de certains gradés, de « la fin qui justifie les moyens » etc. Donc, là encore on trouve certains de ces éléments (magouilles « ils s’étaient tous fait des coups par derrière », faux témoignages « Comment vous croyez qu’il arrive à attraper autant de prisonniers ? »). Selon l’éditeur, un roman « pour démonter la logique absurde de la machine militaire américaine », oui certes, mais remplacez « américaine » par une autre nation et ça sera du pareil au même.
« - Donc votre témoignage, c’est que vous avez identifié deux véhicules, mis vos soldats en sécurité, essuyé des tirs ennemis, repéré le véhicule du tireur, communiqué cette information par radio – tout ça la tête parfaitement claire. Uniquement des bonnes décisions. Et puis une fois que vos hommes étaient en sécurité et que vous aviez paré toutes les menaces, vous êtes descendue dans le canal, vous avez trouvé un Irakien détenu par votre sergent dans les règles de l’art, et là vous avez décidé de ruiner votre carrière. – Oui. – Oui, vous avez frappé l’Irakien, ou bien oui, vous ne l’avez pas frappé ? »
Whitney Terrell Le Bon lieutenant Gallmeister – 295 pages –
Traduit de l’américain par Anatole Pons
Les commentaires sont fermés.