Rick Bass : La Rivière en hiver
02/10/2020
Rick Bass, écrivain et écologiste américain engagé, est né en 1958 à Fort Worth (Texas). Fils d'un géologue, il passe lui-même une licence de géologie en 1979 puis jusqu’en 1987, il travaille comme géologue pétrolier à Jackson (Mississippi) où il écrit ses premières nouvelles. En 1987 il déménage avec sa famille dans la vallée du Yaak, à l’extrême nord-ouest du Montana. Là, il œuvre à la protection de sa région d'adoption, en particulier contre les routes et contre l'exploitation forestière. C'est ainsi que Rick Bass a été l'un des fondateurs de l'Association de sauvegarde des forêts de la vallée du Yaak. Recueil de huit nouvelles inédites, La Rivière en hiver vient de paraitre.
Comme souvent avec cet écrivain, il y a peu à dire sur ses écrits, non pas qu’ils soient mauvais bien au contraire, mais parce qu’ils expriment simplicité et naturel, le plus souvent relatant la vie au grand air et au plus proche de la nature.
Ces huit textes mêlent donc la ruralité et la beauté de la nature mais pas que. Dans le premier registre il y aura une chasse à l’élan avec le rapatriement laborieux de la viande à dos d’homme ou la quête du sapin du Noël idéal dans une forêt la nuit, ce qui n’est pas sans risques dans les deux cas. Dans un genre bien différent, un homme achète des parcelles de terrain pour le compte d’une société de forage de pétrole, ou bien un coach de basket féminin sur le déclin ne peut se résoudre à son sort et reste animé par le désir de victoire.
Il est aussi question d’un village et d’un fils tentant de récupérer au fond d’une rivière gelée, le pick-up du père s’y étant noyé, ou bien d’un gamin chargé de surveiller à ses risques et périls un énorme poisson-chat pêché par son père qui s’active à préparer le barbecue.
Enfin, deux nouvelles ont plus ou moins trait à l’alcoolisme, l’une où un père ex-alcoolo et sa gamine prennent de courtes vacances avant que sa santé ne le lui interdise, une autre où un bûcheron au chômage, alcoolique et fauché, séparé de sa femme, dans un dernier baroud d’honneur, emmène ses deux grandes filles dans un improbable voyage au Pérou…
Si l’on tente de trouver des points communs à ces nouvelles, moi j’y ai vu des références à la mémoire, au temps qui s’enfuit plus vite qu’on ne le voudrait ; ou encore des hommes qui souffrent ou ont souffert mais qui, contre vents et marées veulent rebondir, au moins une dernière fois.
Une lecture reposante et calme, pleine de mélancolie et de tendresse, pour s’aérer l’esprit…
« La femme le regarda passer, mais ne fit pas un geste, elle ne tendit pas la main ni n’appela à l’aide, se contentant d’une rapide grimace amère, comme si elle se voyait une fois de plus confirmée dans sa conviction que le monde était ainsi – qu’il n’avait aucune pitié à lui accorder, qu’on ne pouvait pas s’attendre à ce que les gens fassent ce qu’il fallait, qu’on pouvait en fait compter sur eux pour faire ce qu’il ne fallait pas -, mais elle retrouva bientôt sa sérénité du genre je-m’en-tamponne-le-coquillard, assise là, à regarder le ciel occidental en serrant très fort son chien. »
Rick Bass La Rivière en hiver Christian Bourgois – 216 pages -
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent
2 commentaires
C'est toujours intéressant, Rick Bass. Je vais suggérer celui-ci en achat à la médiathèque.
Merci et bon week end !
Très bonne idée, tout le monde pourra en profiter !
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