Ian McEwan : Le Cafard
05/10/2020
Ian McEwan, né en 1948 à Aldershot, est un romancier et scénariste britannique. Il a passé une grande partie de sa jeunesse en Extrême-Orient à Singapour, en Afrique du Nord (en Libye) et en Allemagne, où son père, officier écossais dans l’armée britannique, était en poste. Il a fait ses études à l’université du Sussex et l’université d'East Anglia, où il a été le premier diplômé du cours d’écriture créative créé par Malcolm Bradbury. Dès le début des années 1980, Ian McEwan s’impose sur la scène littéraire britannique et plusieurs de ses ouvrages ont été adaptés pour le cinéma.
Son dernier ouvrage, Le Cafard (2020), est une novella, une satire politique s’attaquant au Brexit sous le parrainage confirmé par l’auteur dans sa préface, de Kafka et de Jonathan Swift.
Un matin, un cafard se réveille dans le corps de Jim Sams, Premier ministre britannique ! Il sait d’instinct quel est son but, mettre en branle le Réversalisme sensé être la voix du peuple. Ce système économique basé sur l’inversion du flux de l’argent devrait redonner à son pays sa gloire d’antan. L’idée : les magasins rémunèrent leurs clients pour leurs courses et les citoyens peuvent alors remettre à leurs employeurs une somme correspondant à leur temps de travail. Deux camps s’affrontent au Parlement, les Réversalistes et les Continualistes…
Le début du texte est assez amusant avec cette inversion par rapport à Kafka, la bestiole intègre le corps d’un homme. Son périple pour regagner le 10 Downing Street etc. Puis ça se complique un peu quand il faut comprendre la théorie économique défendue par Jim Sams et j’avoue avoir un peu décroché lors de ce cours d’économie farfelu. Les deux partis s’affrontent mais au sein des Réversalistes, le secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères, peu convaincu par le projet, devient l’ennemi numéro un du Premier ministre qui va s’activer par une manœuvre déloyale montée de toute pièce (attouchements sexuels) à le faire virer du gouvernement. Ah, oui ! J’ai oublié de vous dire que les autres membres de ce gouvernement sont aussi des cafards….
Nous avons donc, un projet politico-économique complètement barjot, des combines et manœuvres immondes pour y parvenir, tout ce marécage nauséabond qui parfois entache certains gouvernements. Apparaissent brièvement dans ce court délire de McEwan, Archie Tupper (Donald Trump) et Sylvain Larousse (Emmanuel Macron)…
Que dire de ce bouquin ? Ce n’est ni très mauvais, ni vraiment réussi. Certes il y a de petites choses amusantes (« Et il se félicitait à présent de ne pas avoir mangé une mouche bleue en présence d’un autre homme. Cela aurait pu faire mauvais effet. ») mais le gros défaut ou handicap, terme peut-être mieux adapté, c’est que très souvent les manœuvres et arcanes du système britannique m’ont parues opaques, j’ai deviné des allusions (je suppose ?) que je n’ai pas comprises ; bref, pour un lecteur non britannique qui ne suit pas au jour le jour les aléas et rebondissements de la politique outre-Manche…
Pour conclure, abruptement c’est vrai : bof !
« Le silence se réinstalla. « Je sais comment c’était, avant, repris Jim avec bienveillance. Quelques étreintes à la sauvette derrière l’armoire à classement. Depuis, les choses ont changé. #MeToo et le reste. Le voilà, votre « mais ». Vous devez partir. Ma décision est irrévocable. Il me faut votre démission. » Benedict St John tendit le bras au-dessus de la table, saisit le journal et l’ouvrit. « Vous êtes derrière tout ça. » Le Premier ministre haussa les épaules. « Et vous derrière ce qui a fuité dans le Daily Telegraph. – Notre scoop était vrai. Pas le vôtre ! – Maintenant le nôtre l’est aussi, Benedict. »
Ian McEwan Le Cafard Gallimard – 153 pages –
Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon
« Le mouvement réversaliste a besoin d’une chanson, quelque chose de positif. Une sorte de d’hymne. Plus populaire que « L’Hymne à la joie ». M’est revenu en mémoire ce vieux tube des années soixante. « Walking Back to Happiness ». Vous devez connaître. Non ? Helen Shapiro, nom de Dieu ! »
2 commentaires
Je passe donc sans regrets, d'autant plus qu'il me reste encore certains de ses "vieux" titres à découvrir (notamment Délire d'amour, qui m'attend sur mes étagères)..
D'autant que ce livre n'est pas un "vrai" roman......
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