compteur de visite

Céline Minard : Le Grand Jeu (26/08/2016)

céline minardCéline Minard, née à Rouen en 1969, est un écrivain français. Après avoir étudié la philosophie elle se lance dans l’écriture. On lui doit déjà plusieurs romans comme le très remarqué Faillir être flingué (2013). Son tout dernier opus, Le Grand jeu, vient de paraître.

La narratrice, une jeune femme dont on ne saura jamais rien, pas même le nom, s’est installée dans un refuge construit tout spécialement pour elle en matériaux dernier cri, dans un massif montagneux non identifié (les Pyrénées ou les Apennins peut-être, puisqu’il y a des isards ? Mais on s’en fiche !). Seule au monde en mode survie, quoique bien équipée. Grosse activité physique entre la découverte du territoire qu’elle s’est approprié, escalades et alpinisme, et mise en chantier de son potager ou coupe de bois. Eventuellement elle joue aussi du violoncelle et rédige son journal. Jusqu’au jour où, désagréable surprise, elle s’aperçoit qu’une autre ermite partage son domaine de jeu…

Cette retraite choisie a un but, se découvrir elle-même et au-delà, trouver sa place dans l’univers et le monde. La narratrice est énergique, douée pour ainsi dire de toutes les aptitudes (jardinage, alpinisme, bricolage de haut niveau…) on sent qu’elle mène son monde à la baguette, tout est prévu, calculé, envisagé. Rien ne peut lui échapper et on a l’impression que sa quête spirituelle va être rondement menée, comme une formalité, même si elle impose d’en passer par des épreuves.

L’écriture de Céline Minard colle à l’image de son héroïne, énergique ; mais aussi épurée, dotée d’un vocabulaire particulièrement précis. Cette première partie du roman est presque trop clinique, voire froide, comme un rapport d’expédition scientifique dont on commence à se lasser. Entre en scène alors, le second personnage. L’écrivain la joue maintenant intrigante, mystérieuse presqu’inquiétante et relance le bouquin. Sauf que le lecteur commence à perdre pied, on ne comprend plus très bien ce qui se passe et dans les faits et dans l’exploration spirituelle qui tourne en un méli-mélo de New Age/Bouddhisme zen dont on n’est même pas certain que ce ne soit pas une invention intellectuelle délirante résultant d’un retour d’acide ! (« Cette eau était bien meilleure que tout le LSD que j’ai absorbé dans ma vie »)

Si j’ajoute que le texte est truffé d’aphorismes – à moins que le terme koan soit mieux adapté ici - qui sonnent souvent creux (« Quelle limite y a-t-il à la durée du présent ? », « Est-ce que se gouverner soi-même, c’est nécessairement gouverner les autres ? »), quand j’ai refermé le livre, j’étais plus que dubitatif sur ce que je devais en penser : était-ce un roman intelligent ou bien un roman rusé fait d’un blabla joliment agencé ? A cette heure, je m’interroge encore.

 

«  Est-ce que tout le monde dans la famille veut tellement la place de l’autre qu’il veut la place même de l’autre ? Est-ce qu’on est bête à ce point ? Est-ce que je ne sais pas moi, par moi seule, par observation et déduction, que j’appartiens au groupe humanité au même titre que les autres hommes ? Est-ce que c’est l’autre qui le sait pour moi et qui me le dit ? Est-ce que c’est en son pouvoir, uniquement en son pouvoir ? Est-ce qu’on doit m’accueillir ? Est-ce qu’on apprivoise le nourrisson avant de dresser l’enfant ? »

 

 

céline minardCéline Minard  Le Grand Jeu  Rivages – 190 pages

07:43 | Tags : céline minard | Lien permanent | Commentaires (4) |  Facebook |