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Rechercher : les grands cerfs

Ivan Tourgueniev : L’Auberge de grand chemin

tourguenievIvan Sergueïevitch Tourgueniev est un écrivain, romancier, nouvelliste et dramaturge russe né en 1818 à Orel en Russie et mort en 1883 à Bougival dans les Yvelines. Son père, officier supérieur, est issu d'une grande famille aristocratique d'origine tatare et sa mère, d'une famille de noblesse de service d'Orel est une riche propriétaire terrienne. C’est dans la propriété familiale que Tourgueniev s'initie à la chasse et à la nature, laquelle nature joue un grand rôle dans ses romans. Confié à des précepteurs russes et étrangers dont il reçoit une excellente éducation, il apprend le français, l’allemand, l’anglais, le grec et le latin. Avec un serf, il commence à écrire ses premiers poèmes. Très tôt, il se rend compte de l’injustice des hommes des classes supérieures envers les serfs, injustice contre laquelle il se révoltera et se battra toute sa vie. Son œuvre compte sept romans, une douzaine de pièces de théâtre, de la poésie et de très nombreuses nouvelles comme L’Auberge de grand chemin, parue en 1855.

Akim Semionov, un ancien serf au service d’Elisabeth Prokhorovna, est aujourd’hui propriétaire des murs d’une auberge qui marche bien, construite sur ses terres. Un jour survient un colporteur, Nahum Ivanov, qui éblouit Avdotia la très jeune femme d’Akim, se fait remettre par elle les économies du mari et trouve le moyen de racheter avec cet argent, l’auberge auprès de la noble à qui le terrain appartient !

Une bien étrange nouvelle quant au sort réservé à ses personnages : Akim, cocu et ruiné retourne à la rue, Avdotia larguée illico presto par Nahum une fois l’auberge achetée se retrouvera seule et reprendra son activité de soubrette, par contre Nahum – escroc magistral – prospérera durant une quinzaine années avant de revendre l’auberge et partir au loin faire de plus grosses affaires encore, dans le commerce du blé. Si par contre on s’attache aux valeurs spirituelles, on peut éventuellement considérer qu’Akim touche à la sainteté par cette épreuve car malgré ses malheurs, il a pardonné à ceux qui l’ont offensé et il vit désormais une vie d’errance, de pèlerin éternel…

Même si ce texte ne m’a pas foncièrement déplu, je me vois mal tenter de vous le faire lire impérativement. Disons que j’aime de temps à autre, replonger dans des bouquins du XIXème siècle (et là ce n’est qu’une nouvelle vite lue), pour une raison mal identifiée je me régale de cette façon d’écrire et même de ces histoires qui écrites aujourd’hui me tomberaient des mains après dix lignes. Il y a dans ce côté vieillot de l’approche psychologique des personnages, le même plaisir qu’on peut avoir à flâner dans la boutique d’un brocanteur. 

 

« Durant la première année qui suivit son établissement sur la grande route, Akim, absorbé par les soucis inhérents à toute installation nouvelle, n’eut guère le temps de songer à l’amour, et si « le grand diable le tourmentait », il le mettait aussitôt en fuite par des lectures édifiantes (il avait appris à lire dès son premier voyage et tenait les livres saints en profonde vénération), par le chant à mi-voix des psaumes ou par quelque autre exercice de piété. Il avait d’ailleurs atteint sa quarante-sixième année, époque de la vie où les passions s’assagissent et où l’on ne songe plus guère au mariage. Akim commençait lui-même à croire que « son grain de folie » l’avait quitté pour toujours…, mais il paraît qu’on ne peut éviter son sort. »

 

tourguenievIvan Tourgueniev  L’Auberge de grand chemin  La Pléiade Romans et nouvelles complets Tome 1 – 49 pages –

Traduction par Henri Mongault, revue par Edith Scherrer

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Charles Bukowski : Souvenirs d’un pas grand-chose

Charles Bukowski, Upton Sinclair, D.H. Lawrence, HemingwayCharles Bukowski, né Heinrich Karl Bukowski (1920-1994) est un écrivain américain d’origine allemande. Après avoir fait mille métiers, certains plus sordides que postier ou employé de bureau, connu la misère et la prison, il se lance dans l’écriture de poèmes puis de romans et nouvelles. Souvenirs d'un pas grand-chose (1982) est certainement le roman le plus autobiographique de Charles Bukowski, c’est aussi l’un de ses plus beaux écrits.

Le roman s’étend des premières années de son héros, Henry Chinaski, au début des années 1920, jusqu’au bombardement de Pearl Harbour en 1941. Pour Henry la vie commence durement immédiatement, un père difficile à vivre car déçu par son propre échec social (« Mon père n’aimait pas les gens. Il ne m’aimait pas, moi non plus ») toujours en colère avec tout le monde et réprimandant ou frappant son fils dans une Amérique frappée par la Grande Dépression, cette longue phase de crise économique et de récession qui frappa l'économie mondiale à partir du krach boursier américain de 1929 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.

Pas aidé non plus par son propre corps, il est sujet à un redoutable acné (« On était loin de l’acné juvénile. Non, moi, ce que j’avais, c’étaient des furoncles énormes, enflammés, qui n’arrêtaient pas de me faire mal et qui étaient bourrés de pus ») qui le pousse à s’isoler des autres et voir ces autres comme des adversaires ou des ennemis, quant aux filles... En conséquence, son parcours scolaire et secondaire est plus que chaotique, il commence à boire très jeune poussé par un copain (« Je ne m’étais jamais senti aussi bien. C’était encore mieux que de se masturber ») et se lance dans des bagarres pour un rien, tout en rêvant des femmes… Sa vie de patachon s’accélère quand il est viré du toit familial et loge dans des chambres sordides dans des hôtels minables où il fout le bordel.

Le bouquin peut être lu comme un très bon roman mais sachant qu’il est très largement autobiographique il prend une dimension supérieure et devient particulièrement touchant, poignant même, car ce Chinaski est vraiment chiant à suivre pour le lecteur devenu un homme bien mûr. Pourtant, ce même lecteur, quand il se souvient de sa propre jeunesse, trouve des échos dans ce que ressent Henry : un manque d’estime pour lui-même (« Moi, je n’étais qu’un étron à cinquante cents qui surnageait au milieu du grand océan de la vie ») ; une interrogation abyssale sur ce qu’il va faire de sa vie, quel avenir ? quand on ne veut surtout pas entrer dans le jeu « normal » proposé par la société à savoir, se trouver un job honorable, une femme et des enfants, le crédit pour une maison etc. (« La vie du citoyen moyen et sain d’esprit, c’était morne, pire que la mort même »). Le dilemme que beaucoup ont cherché à résoudre, vivre heureux et libre, sans pour autant suivre le chemin bordé et imposé par la société.

La seule chose qui trouve grâce à ses yeux, c’est son désir d’être écrivain depuis qu’il a découvert Upton Sinclair, D.H. Lawrence, Hemingway etc. à la bibliothèque, autre sujet d’engueulades avec son père.

Quand le roman s’achève, les Japonais ont bombardé Pearl Harbour, le meilleur ami de Chinaski s’engage dans l’armée et part pour la guerre, Henry a une vingtaine d’années et il est toujours puceau.

Un excellent roman.

 

« La route que j’avais devant moi, j’aurais presque pu la voir. J’étais pauvre et j’allais le rester. L’argent, je n’en avais pas particulièrement envie. Je ne savais pas ce que je voulais. Si, je le savais. Je voulais trouver un endroit où me cacher, un endroit où il n’était pas obligatoire de faire quoi que ce soit. L’idée d’être quelque chose m’atterrait. Pire, elle me donnait envie de vomir. (…) Se marier, avoir des enfants, se faire coincer dans une structure familiale, aller au boulot tous les jours et en revenir, non. (…) Les gens ne naissaient-ils donc que pour supporter ce genre de choses et puis mourir ? »

 

Charles Bukowski, Upton Sinclair, D.H. Lawrence, HemingwayCharles Bukowski   Souvenirs d’un pas grand-chose   10-18  - 383 pages -     

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin

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Jack Kerouac : La Grande traversée de l’Ouest en bus

jack kerouacD’origine canadienne, Jean-Louis Kérouac ou Jean-Louis Lebris de Kérouac dit Jack Kerouac (1922-1969), est un écrivain et poète américain. Les œuvres les plus connues de Kerouac, Sur la route (considéré comme le manifeste de la Beat Generation), Les Clochards célestes, Big Sur ou Le Vagabond solitaire, narrent de manière romancée ses voyages à travers les Etats-Unis.

On fête cette année le centenaire de la naissance de l’écrivain et pour cette occasion des éditeurs lancent de grandes manœuvres. Pour nous mettre en bouche – car je reviendrai à plusieurs reprises sur cet auteur dans les prochaines semaines – ce petit fascicule qui vient de paraître en poche. Une réédition de sept textes très courts et de genres très différents.

Tout d’abord de minuscules essais avec deux textes ayant trait à l’écriture et aux conseils donnés aux jeunes écrivains. Deux autres évoquent la Beat Generation, sa philosophie et le sens qu’elle devait donner à la vie. Nous avons aussi une errance dans Manhattan faite d’impressions et de ressenti pour Kerouac.

Les deux autres textes s’apparentent à des nouvelles. Celui qui donne son titre à l’ouvrage est classique, tout à fait ce qu’on attend de l’écrivain-vadrouilleur. Un périple en car à travers les Etats-Unis, de « San Francisco à New York en passant par le Nord-Ouest sur la côte Pacifique ». Et puis il y a « En route vers la Floride », mon préféré, un reportage pour le magazine Life en compagnie du célèbre photographe Robert Franck, « un artiste véritable et qui s’exprimait dans une forme d’art pas si différente de la mienne », « le Dos Passos des photographes américains ». L’écrivain s’émerveille de l’œil de Franck, quand l’homme de plume de voit rien de particulier, l’homme d’image voit tout un monde et le condense en un cliché, « une leçon pour n’importe quel écrivain… »

Nous n’avons pas là un bouquin mémorable, j’en conviens, mais ce mini-livre à un mini-prix est une façon aisée d’approcher Jack Kerouac, son état d’esprit et un peu son style.

 

« Épuisant ou pas, il n’y a pas de meilleur moyen de voir l’Ouest que de prendre un bon vieux bus et de foncer à toute allure sur de bonnes routes pour arriver dans toutes sortes de villes grandes et petites où vous pouvez descendre et parfois marcher pendant une heure entière, voir le monde et revenir au bus pour repartir. Quand j’ai acheté mon billet de San Francisco à New York en passant par le Nord-Ouest sur la côte Pacifique, le préposé a cru que j’étais fou. Je prenais le chemin du retour en traversant le continent avec mes dix sandwiches et un ou deux dollars en poche."

 

 

jack kerouacJack Kerouac   La Grande traversée de l’Ouest en bus et autres textes beat   Folio 2€  - 99 pages -   

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Guglielmina

 

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David Vann : Goat Mountain

david vannDavid Vann, né en 1966 sur l'Île Adak en Alaska, est un écrivain américain. En France, la publication de Sukkwan Island en 2010 rencontre un fort succès critique autant que public ce qui lui vaut le prix Médicis étranger. Il partage désormais son temps entre la Nouvelle-Zélande où il vit et l'Angleterre où il enseigne tous les automnes la littérature. Quatrième roman de l’écrivain traduit en français, Goat Mountain vient de sortir en librairies.

Automne 1978, nord de la Californie. C’est l’ouverture de la chasse sur les deux cent cinquante hectares du ranch de Goat Mountain où un garçon de onze ans, son père, son grand-père et un ami de la famille, Tom (seul personnage nommé dans le roman), se retrouvent comme chaque année pour chasser. À leur arrivée, les quatre hommes aperçoivent au loin un braconnier qu’ils observent à travers la lunette de leur fusil. Le père invite son fils à tenir l’arme et à venir regarder. Et l’irréparable se produit.

Si il y a une chose dont on peut être certain quand on ouvre un roman de David Vann, c’est qu’on ne va pas se marrer, et là, je dois dire qu’il fait très fort, au point que je dois immédiatement prévenir les âmes sensibles, inutile de vous lancer dans l’aventure. Pour les autres, pincettes et gants chirurgicaux ne seront pas un luxe superflu.

Roman à la limite du soutenable dans des scènes et des situations hors du commun ; roman extrêmement fort et puissant sur le fond et les idées qu’il véhicule. On se souvient de la fin d’Apocalypse  Now et Marlon Brando scandant « L’horreur, l’horreur…», avec ce roman nous y sommes. Le meurtre du braconnier n’est qu’un hors d’œuvre, il faut voir ce qu’il va advenir du cadavre de l’homme et ce sommet éprouvant quand l’enfant abattra son premier cerf, un carnage répugnant suivi du rite initiatique cannibale que je vous laisse découvrir. Sans parler des rapports de haine/amour/force qui vont s’établir entre les acteurs, les poussant à s’entredéchirer et plus encore quand ils devront décider de la conduite à tenir après le meurtre du braconnier. Et comme si les images n’étaient pas assez fortes, David Vann pousse le curseur à fond en développant ses théories ou ses interrogations sur la valeur de la vie humaine et sur l’acte de tuer, convoquant l’Ancien Testament avec Abel et Caïn dans ce qui s’apparente à un long délire mystique, faisant de ce bouquin l’ultime volet d’une cure psychanalytique étalée sur quatre romans, « Ce roman consume les derniers éléments qui, à l’origine, m’ont poussé à écrire : les récits sur ma famille et sa violence » avoue l’auteur dans sa postface. J’avoue ne pas être mécontent de savoir que l’écrivain va s’engager sur d’autres voies dans le futur.

J’ai été pétrifié durant la lecture de ce livre, les images sont horribles, l’écriture est hachée comme éructée, certaines phrases pas très claires, le propos provocant (pourquoi s’étonner d’un homme abattu mais pas d’un cerf ?), voire illuminé « En tuant le braconnier, j’étais comme David, défendant ma famille, notre terre et la loi. J’étais dans le camp de dieu. » Quelle part de l’animal subsiste dans l’homme ? Mais j’ai aussi été gêné par l’outrance globale, le grandguignolesque de certaines situations et la crédibilité douteuse d’autres qu’il ne faut pourtant pas prendre au premier degré, le bouquin devant se concevoir comme un drame antique ou une fable.  

Roman extrêmement dur, portant un éclairage troublant et embarrassant sur les lois morales de nos sociétés.    

 

« De profondes expirations, des renâclements dans la poussière, et il était comme embourbé là. Je voyais bien qu’une part de lui-même avait juste envie d’en finir, de s’étendre et d’attendre la mort. Une part de lui-même savait que c’était terminé. Je n’avais rien ressenti en tuant le braconnier, mais c’était désormais différent. Je voyais ce que ressentait le cerf, la catastrophe, une si grande perte, aucun espoir de s’en remettre, la fin d’une vie. Je ressentais cette fin. Nous chassons les grands animaux car ce sont eux qui nous ressemblent le plus. »

 

david vannDavid Vann  Goat Mountain  Gallmeister – 247 pages –

Traduit de l’américain par Laura Derajinski 

 

 

 

 

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Keith McCafferty : La Vénus de Botticelli Creek

keith mccaffertyNé en 1953, Keith McCafferty a grandi dans les Appalaches mais c’est la pêche à la truite qui l’emmena dans le Montana, dans les Rocheuses, où il devint le rédacteur du magazine de vie au grand air Field & Stream. Depuis à peine dix ans désormais, il se consacre à l’écriture et au roman. La Vénus de Botticelli Creek, son troisième roman traduit chez nous vient de paraître.

Vallée de la Madison dans le Montana. Nanika Martinelli, une guide de pêche pour un ranch-hôtel, a disparu. Le shérif Martha Ettinger la recherche dans la montagne enneigée quand elle tombe sur le corps d’un homme empalé sur les bois d’une carcasse de cerf. Scène de crime ou d’accident ? Et ce mort est-il lié à la disparition de la jeune femme ? Une enquête pour Martha et son ami Sean Stranahan…

J’avais vraiment beaucoup aimé le premier roman de l’écrivain, Les Morts de Beer Creek, fait l’impasse sur le second mais je tenais à lire celui-ci pour vérifier si la qualité était confirmée.

J’ai retrouvé les personnages récurrents des polars de l’auteur, Martha Ettinger en shérif, Sean Stranahan converti en privé mais peintre et guide de pêche à ses heures, Harold Little Feather un ex-amant de Martha etc. tous avec leurs problèmes de cœur, incapables de gérer leurs relations affectives comme Martha et Sean qui continuent à se tourner autour… C’est charmant.

 Pour en revenir à l’intrigue, Nanika la disparue surnommée la Vénus, était une splendide rousse affolant tous ceux qui la croisaient et à cette heure tout le monde pense qu’elle a été dévorée par les loups, d’ailleurs on a retrouvé ses cheveux dans des excréments de Canis lupus mais tant qu’on n’a pas le corps, tous les espoirs sont permis. C’est ce que pense Asena, sa jolie sœur qui vient d’arriver et engage Sean Stranahan pour la retrouver, persuadée que Nanika a été enlevée. Je laisse le reste à votre bon vouloir pour les détails.

Il sera beaucoup question de loups avec la problématique bien connue – comme partout - liée à la réintroduction de ces bêtes dans le parc de Yellowstone. Ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, avec en plus ici, un illuminé gavé aux légendes touchant ces animaux. Les personnages secondaires sont très nombreux et assez bien campés, le roman est dense, instructif sur les mœurs des loups mais un peu long pour ceux qui connaissent le sujet. Sans vouloir faire mon vantard, j’avais anticipé depuis un bon moment le coup de théâtre de l’épilogue (s’appuyant sur un ressort psychanalytique) mais je n’en tiendrai pas rigueur à Keith McCafferty car son bouquin est bien écrit (en particulier les chapitres 27 et 31) même si je n’ai pas retrouvé (du moins dans mon souvenir) son style déployé dans le premier de ses livres. Enfin, il se termine sur une touche sentimentale qui saura en séduire certain(e)s.

Un polar pépère, sans excès de quoi que ce soit, ni sexe ni violence, rythme tranquille, mais qui se dévore allégrement – la marque de fabrique de cet écrivain.

 

« - Alors tu penses qu’il s’est tué dans la chute ? – C’est ce que j’ai tout d’abord cru, mais je ne sais pas, Jase. Il a un bois de cerf qui dépasse de son ventre. – Raconte-moi tout. – Je vais tout te raconter, mais là, il faut que je vomisse. Elle réussit à atteindre la lisière du bois avant de s’agenouiller. Elle attrapa une poignée de neige pour se rincer la bouche, se rendit compte que ses mains tremblaient et s’assit sur un tronc. Un vrai. Elle se sentait vide, mais le mauvais goût avait disparu, remplacé par quelque chose d’autre, pas vraiment une saveur, plutôt une odeur qui s’échappait de son corps. Celle de la peur. »

 

 

keith mccaffertyKeith McCafferty   La Vénus de Botticelli Creek  Gallmeister – 425 pages –

Traduit de l’américain par Janique Jouin-de Laurens

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Ron Carlson : Le Signal

Carlson Livre 41qZTUu-LRL._SL500_AA300_.jpgQuand Ron Carlson, né en 1947 dans l’Utah, n’enseigne pas la littérature en Californie, il écrit des romans et des nouvelles. Le Signal, son dernier roman, est le premier édité en France.

J’ai toujours dit et écrit tout le bien que je pensais des Editions Gallmeister et je me régale à chacune de leurs parutions, c’est pourquoi je n’hésiterai pas cette fois à crier à l’arnaque. J’exagère bien sûr, mais pas tant que cela car on peut lire au dos de l’ouvrage « un suspense qui nous mène au paroxysme de l’angoisse » d’après l’éditeur, complété d’un extrait du New York Times « un roman au suspense à couper le souffle ». Qu’est-ce que c’est que ce baratin ? Le suspense est quasi inexistant pour ne pas dire nul ! Si vous achetez le bouquin pour frémir vous serez terriblement déçu, je vous mets en garde. Ceci dit, le livre n’est pas mauvais du tout mais il faut écarter au plus vite l’argument de vente mis en avant par l’éditeur et revenir au texte.

Mack est un homme très attaché à la terre et au ranch familial. Après le décès de son père, différents déboires l’ont acculé dans le rouge, séparé de sa femme Vonnie connue quand ils étaient adolescents, obligé de quitter son ranch, il tourne mal et fraye avec de petits malfrats du coin, traficotage de came, alcool, il ira en prison quelques temps purger sa faute.

Une dernière fois, Mark et Vonnie partent camper et pêcher en montagne pour se dire adieu. Un pèlerinage sur leurs escapades passées dans ces montagnes du Wyoming qu’ils adorent tous les deux. Lui, espère secrètement sans trop y croire, pouvoir recoller les morceaux avec Vonnie, mais il a aussi un autre but à atteindre lors de cette randonnée, retrouver pour sa dernière mission délictueuse les débris d’un petit avion de contrebande échoué dans la montagne. Elle, voudrait que Mark l’oublie définitivement et refasse sa vie en repartant sur de bonnes bases.

L’action se déroule sur six jours, six chapitres du roman. Au cœur de la nature, à l’écart des pistes et même hors saison touristique, la grande solitude n’existe pas, Mark et Vonnie font en faire la douloureuse expérience quand leur route va croiser celles de dangereux braconniers chassant le cerf ainsi que le propriétaire de l’avion.   

Livre sur l’amour et la rédemption. Mark le maillon faible du couple, en a bavé et touche le fond du trou, Vonnie refait sa vie avec un avocat et ne manque de rien, obstiné il s’accroche à son rêve qui est double, retrouver Vonnie et son ranch, grand enfant naïf. De leurs aventures dansla montagne Mark va en ressortir plus fort, lavé des scories de ses années tumultueuses et qui sait, réaliser son rêve ? Je laisse le lecteur découvrir l’épilogue de ce roman emprunt de nostalgie et de rêves brisés, écrit sur un rythme rapide, sans phrases inutiles et qu’on dévore, car bien entendu on se prend d’amitié pour ce Mark, bon bougre finalement et on lui souhaite bonne chance.

 

« C’était sa vie, chevaucher deux heures depuis un ranch qui était lui-même à une heure de la ville, tout en sachant qu’il y avait encore des heures d’inconnu devant lui. Les corniches de la vallée suivante se détachaient clairement et palpitaient dans l’air clair de l’été. Il y était allé une ou deux fois, peut-être ; il se rappelait une dépression avec deux creux pleins d’eau entourés de joncs au pied d’une colline de granit, mais la terre était vierge et, comme tant de choses à cette altitude, elle attendait encore. On lui avait dit qu’il ne restait plus que quelques endroits dans le pays où une personne pouvait encore s’éloigner à huit kilomètres de la route, et, pour lui, cela restait la pire nouvelle qu’il ait jamais entendue. »

 

RON-CARLSON200.jpgRon Carlson  Le Signal  Gallmeister

 

 

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10/10/2012 | Lien permanent

Le Nature Writing un genre littéraire

Ces dernières années ont vu surgir un nouveau genre littéraire, le « Nature Writing ». On pourrait discourir longtemps sur l’opportunité de vouloir classer à tout prix mais au milieu de toutes les piles de livres chez les libraires ou dans les catalogues, il est bon d’avoir des points de repères – qui valent ce qu’ils valent – mais permettent aux lecteurs de guider leurs choix. C’est la raison pour laquelle j’ai moi-même adopté ce terme, devenu universel, pour nommer une rubrique de mon blog.

Dénomination d’origine américaine conservée telle quelle par chez nous, par facilité j’imagine, « nature » et « writing » parlant assez, même pour les non-anglophones. Je suppose aussi que cette idée revient au service marketing des éditeurs, l’anglicisme étant une valeur sûre dans cette profession.

Première constatation, « C’est un genre littéraire majeur aux États-Unis. Attaché à décrire la rencontre de l’homme et de la nature, souvent basé sur des descriptions rigoureuses de l’environnement, il comporte une dimension philosophique fondamentale, destinée à rendre à la nature la place qui lui revient » sans pour autant en faire un courant écologiste stricto sensu. Si l’on voulait rapprocher le Nature Writing de quelque chose de connu, on pourrait à la rigueur y voir une version plus moderne de la fameuse contre-culture des années 60’. Avec des personnages de roman qui vivent en marge de la société urbaine traditionnelle, que ce soit leur mode de vie permanent ou bien qu’il ne dure que quelques semaines, le temps d’une randonnée par exemple, retrouvant les gestes et les modes de vie des pionniers ou des trappeurs, figures légendaires de l’Amérique sauvage.

Ecrivains américains donc, et plus particulièrement de l’Ouest américain, ils intègrent des genres divers comme le polar ou le roman psychologique, en les plongeant dans un décor ou un environnement fait de ces grands espaces américains qui font rêver les lecteurs européens (et autres ?), que ce soit un désert, un canyon, des plaines herbeuses ou de vastes forêts inhabités par l’homme - les Etats-Unis sont un continent offrant tous les écosystèmes connus - jusqu’à ce qu’on y croise les héros de leurs romans. La nature n’est alors plus simple décor mais acteur du roman. Randonneurs, chasseurs, pêcheurs à la mouche etc. certains approcheront de près la mort, d’autres ne feront que vivre leurs passions liées à la nature. 

La grande force de ces romans tient au fait qu’ils sont écrits par des hommes (pas de femmes à ma connaissance ?) qui savent de quoi ils parlent, traquer un cerf, pêcher une truite, faire un feu sans allumettes… parlant d’hommes seuls et ne pouvant compter que sur les seules ressources de leur intelligence et de leur corps pour vivre ou survivre au milieu d’un environnement qui ne leur livrera que ce à quoi ils ont droit. La nature est une mère, mais une mère juste qui sait cajoler comme châtier quand il le faut. C’est de ces ingrédients, accolés à l’intrigue de leur bouquin que naît un roman de Nature Writing.  

Mais attention, si la catégorie littéraire est nouvelle, les écrivains qui s’y inscrivent ne sont pas obligatoirement contemporains, Henry Thoreau (1817-1862) et son fameux Walden, Ralph Waldo Emerson (1803-1882) ou d’autres, peuvent être considérés comme les ancêtres des Jim Harrison ou des Dan O’Brien d’aujourd’hui.

Si vous voulez en savoir plus sur cette école littéraire, vous pouvez lire l’article consacré au sujet par l’Express, mais vous devez surtout vous procurer n’importe quel bouquin des éditions Gallmeister, un éditeur dont je ne saurai jamais dire tout le bien que j’en pense, sans publicité aucune.       

 

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Rick Bass : Le journal des cinq saisons

Bass Livre.jpgRick Bass, écrivain et écologiste américain engagé, est né en 1958 à Fort Worth (Texas).

En 1987 il déménage avec sa famille dans la vallée du Yaak, à l’extrême nord-ouest du Montana. Là, il œuvre à la protection de sa région d'adoption, en particulier contre les routes et contre l'exploitation forestière. C'est ainsi que Rick Bass a été l'un des fondateurs de l'Association de sauvegarde des forêts de la vallée du Yaak. Il a également fait partie de plusieurs associations écologistes comme les Round River Conservation Studies, le Sierra Club ou la Montana Wilderness Association.

Son dernier bouquin paru, Le journal des cinq saisons, nous décrit sa vie dans cette région sauvage du Montana, à la frontière avec le Canada, où il réside désormais avec sa femme et ses deux petites filles. Comme l’indique le titre, il s’agit d’un journal mais rédigé à l’échelle des mois.

Non loin de sa demeure, Rick Bass a aménagé une cabane en rondins, en bureau où il écrit ses romans et ce journal. Sa fenêtre donne sur le marais et il se trouve aux premières loges pour admirer le paysage et la faune qui l’habite. Pour autant, ne croyez pas que le lieu soit réellement  confortable, quand il gèle à l’extérieur, son feu de bois ne suffit pas à le réchauffer et il doit écrire avec des gants aux mains.

Ecologiste passionné, Rick Bass nous fait vivre une année entière dans cette vallée reculée du Montana, l’un de ces derniers endroits où la nature est presque restée en l’état originel. Avec lui nous vivrons l’hiver rigoureux fait de neige épaisse et d’un froid glacial inhospitalier qui le font s’interroger, « vous en venez invariablement à ce stade à vous demander si les humains, ou au moins votre race d’humains, sont faits pour vivre à longueur d’année sur une terre aussi sombre et privée de lumière ». Par contre en été, ce sont les feux de forêts du mois d’août qui sont redoutables et nous valent de belles pages écrites à sueur de son front, suées d’efforts et de craintes devant l’incendie qui progresse vers sa maison.

Les mois défilent, chacun ayant ses caractères propres et bien connus par l’auteur, la vie est rude comme on l’imagine, mais s’y intercalent des périodes magiques, le temps de la cueillette des airelles et des confitures, l’époque de la chasse au cerf où la quête vaut plus quela proie. Ily a aussi la solidarité entre les voisins, les repas entre amis qui passent au moment des fêtes et les longues randonnées en solitaire dans ces immensités sublimes.

Si le sujet m’intéressait, les premières pages du livre m’ont paru décevantes, il ne s’y passait pas grand-chose, il y avait aussi beaucoup de répétitions et des longueurs, rien de brillant dans l’écriture. Et puis j’ai compris, ce rythme faussement lent, c’est celui du temps qui s’écoule inexorablement. Ce temps autre, qui distingue l’homme des villes de celui des campagnes. Alors la lecture devient apaisante et notre rythme interne se calque sur celui de la nature, ce flux temporel qui fait que le monde est monde depuis la nuit des temps.

Quant à la cinquième saison évoquée par Rick Bass dans le titre de son ouvrage, elle ne sera révélée qu’à ceux qui prendront le temps de lire ce bouquin remarquable.

 

« Le spectacle de toutes ces libellules est apaisant, comme le marais l’est toujours, et il me vient à l’esprit que souvent, ce sont les deux pôles des extrêmes qui nous rassérènent. La paix peut nous être rendue par l’austérité, et pourtant nous pouvons aussi être réconfortés par la munificence absolue : l’étal de fruits avec ses myriades de couleurs vibrantes, de riches parfums, de chairs tendres, le fumoir plein de ses viandes exposées, le bûcher débordant de rondins, l’immense jardin dans sa diversité luxuriante… »     

  

Rick Bass.jpgRick Bass  Le journal des cinq saisons  Christian Bourgois

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Claudie Hunzinger : La Survivance

121014 Claudie Hunzinger Livre.jpgClaudie Hunzinger, née le 9 avril 1940 à Colmar dans le Haut-Rhin, est artiste et écrivain. Elle place l’écriture au centre de son travail.

C’est quand voulant anticiper l’endroit où je rangerai La Survivance dans ma bibliothèque passablement surchargée que j’ai retrouvé un autre ouvrage de Claudie Hunziger, Bambois la vie verte. Une édition de 1973, date de sa sortie, qui m’a ramené quarante ans en arrière ! Mais le plus beau était à venir car les deux livres entrent eux-mêmes en résonance, le second reprenant l’histoire du premier quatre décades plus tard. C’est ce genre d’incident qui rend la vie des amoureux de la lecture, plus belle encore.

Bambois, la vie verte n’était pas un roman mais plutôt un récit ou un journal retraçant le parcours d’un jeune couple parti s’installer dans une ferme des Vosges pour y élever des moutons et se lancer dans le tissage. Un texte très écolo et représentatif de cette époque où de jeunes citadins partaient dans le Larzac vivre leurs rêves de hippies.

La Survivance qui vient de paraître, s’inscrit dans la même démarche, sauf que nos héros Jenny et Sils ne sont plus un couple de jeunots, mais des adultes d’une soixantaine d’années, obligés de se séparer de leur logement et de leur librairie en faillite. Acculés, mais habitués toute leur vie à la dèche, ils trouvent refuge dans une baraque en ruines perdue dans le massif du Brézouard dans les Vosges. Ni eau ni électricité, à peine un chemin pour y accéder, ils s’y installent secrètement car si le terrain leur appartient, il n’est pas permis d’y habiter.

Avec Avanie l’ânesse (dans Bambois elle se nommait Utopie) et Betty la chienne, ils vont construire une mini-communauté post-soixante-huitarde, « Nous sommes nés pour ne rien posséder », constituée de deux êtres humains exclusivement. Refaire le toit quasi inexistant à leur arrivée, couper du bois en prévision de l’hiver particulièrement rude à cette altitude dans cette région, planter un petit potager, le retour à la terre n’est pas une sinécure.

Si les corps souffrent, l’âge ne facilitant pas les choses, l’esprit reste vif et vaillant, entretenu par ces piles de livres qui constituent l’essentiel de leur avoir et envahissant leur demeure. Le soir, épuisés du travail manuel de la journée (elle surtout !), s’éclairant à la bougie ils lisent et se lisent des extraits des bouquins qui sont leur principale raison de vivre.

Nos deux ermites ne se contentent pas de regarder pousser leurs carottes ou d’étudier le comportement d’une harde de cerfs, ce qui nous donne de belles pages à lire néanmoins, mais ils sont très cultivés et leurs discussions savantes autour des pigments utilisés par le peintre Grünewald ou la pensée de Maître Eckhart nous laissent un peu sur le bord du chemin parfois. 

Claudie Hunzinger réussit un bien beau livre, sans intrigue haletante, sans révélations fracassantes, sans bruit finalement, mais qui nous parle de l’essentiel, la liberté qui rime souvent avec difficulté, la vie simple qui n’exempte pas des peines, la nature à laquelle nous sommes tous redevables même ceux qui ne l’ont pas encore compris et enfin, pour ceux qui connaissent ce secret si riche de joies, les livres et leurs univers sans limite.  

 

« Pour l’évasion, il avait un carton spécial : celui des romans qu’il pouvait relire chaque année avec le même plaisir, dont Le Hussard sur le toit, un de ses préférés. Il adorait les romans, ça le changeait de ses études. Quand il lisait, il s’y croyait. Il était ailleurs, il survolaitla Terre. Il lui avait déjà dit adieu. Il m’avait annoncé, parce qu’il était sans surcharge, détaché : Il faut vivre comme si on allait jamais mourir tout en vivant comme si on était déjà mort. »

 

121014 Claudie Hunzinger.jpgClaudie Hunzinger  La Survivance  Grasset

 

 

 

 

 

 

 

 


Claudie Hunzinger - La survivance par Librairie_Mollat

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08/10/2012 | Lien permanent

Dan O’Brien : Les bisons de Broken Heart

O Brien Livre bisons 18298448_3756985.jpgDan O’Brien est un écrivain de terrain, on l’a déjà vu avec son roman Rites d’Automne chroniqué ici, où il s’attelait au repeuplement du faucon pèlerin aux Etats-Unis. Avec Les bisons de Broken Heart, l’idée est un peu la même mais cette fois il s’agit de redonner vie aux bisons dans la région des Grandes Plaines.  

Profondément écologiste même s’il n’emploie jamais ce terme, l’écrivain voue sa vie à la sauvegarde de la nature, intimement persuadé que l’Homme n’est qu’un infime élément de cette nature à laquelle il doit tout et qu’il ne survivra que tant qu’elle vivra. OBrien s’est donc installé dans un ranch à Broken Heart, sur les terres occupées autrefois par les Indiens et Sitting Bull. Ces terres qui virent paîtrent des millions de bisons mais qui lentement disparaissent stérilisées par l’agriculture et les élevages bovins. Car les vaches et les bisons ce n’est pas du tout pareil et c’est un des nombreux mérites de ce livre que de nous enseigner de nombreuses choses, comme les différences de comportement entre ces deux espèces, l’une saccageant la prairie et n’y survivant qu’à grand peine, l’autre y vivant de rien et favorisant son extension et son écosystème qui lui-même profite à de nombreuses autres espèces comme les oiseaux ou les petits rongeurs.

Alors pour faire revivre les Grandes Plaines et les bisons, ces animaux absolument magnifiques, symbole de force tranquille et de liberté, O’Brien se lance dans l’élevage des bisons. Emprunts risqués, travail de force par tous les temps, dureté de la vie mais bonheur total de vivre libre et d’être maître de son destin. Tout du long de ce livre superbe, à travers les joies et les peines, on touche du doigt la « vraie » vie, celle où il n’est question que de pain gagné à la sueur de son front, de saisons et de rythmes dictés par la nature.

Encore un grand livre de Dan O’Brien dédié au Grand Ouest américain mais au-delà, à la vie et à notre mère à tous, la nature éternelle.

 

« Depuis les cinquante Etats, et depuis des endroits éloignés comme New Dehli, j’ai reçu des messages de personnes qui ressentent une réelle affinité pour les Grandes Plaines et leurs bisons. La réaction humaine devant le cri de détresse de ces terres et de ces animaux est universelle. Je me demande si elle n’est pas liée à un désir de cette liberté de mouvement symbolisée par les Grandes Plaines, mais aussi à notre culpabilité collective face à l’incompréhension générale de ses dynamiques naturelles. »

 

O Brien Dan mages.jpgDan O’Brien Les bisons de Broken Heart chez Folio  

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15/10/2012 | Lien permanent

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